La compagnie aérienne Yemenia a annoncé jeudi 2 juillet qu’elle suspendait « dès à présent » ses vols au départ et à destination de Marseille « pour une durée indéterminée », après l’accident de son Airbus A310 mardi près des Comores qui a fait 153 morts dont 61 venus de Marseille.
Dans un communiqué, la compagnie yéménite, qui a dû annuler deux vols depuis Marseille mercredi et jeudi sous la pression de manifestations de la communauté comorienne locale, a invoqué « un cas de force majeure » et lié sa décision « aux graves événements survenus à l’aéroport de Marseille-Provence ces deux derniers jours et aux comportements violents qui sont à y déplorer ».
Pression de la communauté
Yemenia « ne peut poursuivre normalement l’exploitation de ses lignes au départ et à destination de cet aéroport sans mettre gravement en péril la sécurité des passagers, des usagers et des personnels qui y travaillent », selon le communiqué.
« La compagnie déplore que cette période de deuil soit affectée par des comportements inadmissibles qui interdisent la recherche sereine des causes de cette catastrophe et empêchent d’acheminer les familles des victimes jusqu’à Moroni », ajoute-t-elle.
A l’aéroport de Marseille-Provence, le chef d’escale adjoint de Yemenia, Mohamed Zoubeidi, a déclaré aux journalistes que « la compagnie a décidé de stopper pour une durée indéterminée ses vols au départ de Marseille et à destination de Sanaa » et que Yemenia « s’engage à assurer le remboursement des billets (pendant) l’intégralité de la durée ».
Son annonce, intervenue après plus de quatre heures de discussions entre Yemenia, la direction de l’aéroport et des représentants de la communauté comorienne de Marseille, a été accueillie aux cris de « supprimez, supprimez » et « Yemenia, assassin » par une centaine de manifestants d’origine comorienne qui souhaitaient obtenir l’annulation définitive des vols ou au moins durant la saison d’été.
« On nous a menés en bateau », a dit à l’AFP Nasser Moegne qui avait représenté la communauté comorienne pendant les discussions, « on ne veut plus de Yemenia (pour) les vols (vers les) Comores ».
Familles reçues par Sarkozy
Vers 21H30, les manifestants ont quitté le hall de l’aéroport alors qu’ils s’étaient dits déterminés une heure auparavant à y passer la nuit pour obtenir satisfaction.
Un commissaire de police de l’aéroport était venu les assurer que le président Nicolas Sarkozy avait promis d’affréter un avion pour les parents des victimes et que le parquet de Bobigny, chargé de l’enquête sur l’accident, s’engageait à faire régulièrement le point avec la communauté comorienne de Marseille.
Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi qu’il recevrait la semaine prochaine les représentants des familles des victimes et que « bien sûr (les familles de victimes) pourront aller sur place. Nous nous organiserons pour que chacun puisse se recueillir ».
Plus tôt dans la journée, Yemenia avait annoncé l’annulation de son vol prévu à 18H00 alors que des centaines de manifestants s’étaient rassemblés depuis le matin dans le hall de l’aéroport pour empêcher l’enregistrement de ce vol.