La milice chiite Ansaruallah encerclait hier soir la résidence du Premier ministre yéménite à Sanaa…
Elle se trouvait en outre tout près du palais présidentiel, après des affrontements meurtriers ayant permis à ce puissant groupe de renforcer son emprise sur la capitale. Le Premier ministre Khaled Bahah était ainsi encerclé en soirée par des miliciens chiites lourdement armés au palais républicain, bâtiment où il réside depuis sa nomination en octobre, a indiqué à l’AFP le porte-parole du gouvernement.
Quelques heures plus tôt, le convoi de M. Bahah, qui venait de participer à une réunion avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi, avait déjà essuyé des tirs de miliciens chiites. Le Premier ministre en était sorti indemne, selon la ministre de l’Information Nadia al-Sakkaf. Durant la journée, Ansaruallah a lancé une nouvelle offensive dans la capitale yéménite qui, plusieurs heures durant, a résonné du bruit des tirs et des explosions. Ces violences, les plus importantes dans la capitale depuis fin septembre, ont fait neuf morts parmi les miliciens et les militaires ainsi que 67 blessés, dont des civils, selon le ministère de la Santé. En fin de journée, un cessez-le-feu a été décrété. L’arrêt des combats a été confirmé par des témoins, tandis qu’un comité conjoint gouvernement-Ansaruallah a été mis en place pour veiller au respect de la trêve. Mais la situation restait extrêmement tendue. Les combats se sont déroulés essentiellement dans le sud de la capitale, non loin du palais présidentiel. Le président Hadi n’a néanmoins pas été directement menacé puisqu’il n’était pas présent dans ce bâtiment, qu’il utilise rarement. Des miliciens chiites ont affirmé s’être emparés d’une colline stratégique située près du palais, secteur que les habitants ont fui en masse. Les miliciens ont aussi pilonné un camp de la garde présidentielle situé au sud du palais, ont rapporté des témoins. Des renforts de miliciens ont été vus faisant route vers le palais présidentiel avec deux chars de combat. La télévision nationale et l’agence officielle Saba sont également tombées sous le contrôle d’Ansaruallah. Les miliciens chiites, aussi appelés houthis, «refusent de publier une quelconque déclaration du gouvernement», a affirmé la ministre de l’Information. Peu après, le chef du service des informations à la télévision d’Etat a annoncé sa démission sur son compte Facebook. Dans la soirée, le porte-parole du gouvernement a appelé à «une réunion en urgence» (pour aujourd’hui mardi) de toutes les forces politiques au Yémen afin d’établir «une feuille de route pour mettre fin aux violences». R. I. / Agences
Des ambassades ferment
Plusieurs ambassades ont fermé leurs portes à Sanaa, la capitale du Yémen, où la tension restait vive ce mardi encore, selon des sources occidentales. L’ambassade de France était fermée ce matin jusqu’à nouvel ordre en raison des affrontements de la veille. L’ambassade des Pays-Bas a fermé toute la journée d’hier lundi et celle du Royaume-Uni a fermé pendant plusieurs heures également, ont indiqué des sources dans ces missions diplomatiques.