Le chef des miliciens chiites Houthis, dont les partisans ont pris le pouvoir dans la capitale, a haussé le ton en mettant en garde ses détracteurs contre toute tentative de «déstabiliser» le pays.
Dans un discours télévisé depuis son fief à Saada, dans le nord du Yémen, Abdel Malek al-Houthi a prévenu que «l’intérêt de tous, à l’intérieur et à l’extérieur, est que le Yémen soit stable».
«Ceux qui parient sur le chaos et veulent nuire à l’économie et à la sécurité du peuple se trompent», a-t-il ajouté, en les prévenant que «leurs intérêts en pâtiront». Son avertissement s’adresse aux Yéménites, opposés à sa milice, mais aussi aux autres pays, sans les nommer, et qui ont désapprouvé la démarche de ses hommes. Il a particulièrement cité les monarchies du Golfe qui ont menacé de «défendre leurs intérêts» face au «coup d’Etat» au Yémen. Le chef des Houthis a tenté dans ce contexte de rassurer les missions diplomatiques. «Certains suscitent des craintes chez les missions diplomatiques pour que (leurs employés) fuient le pays», a-t-il dit . «La situation sécuritaire est très stable» à Sanaa, a-t-il assuré. S’adressant à ses adversaires politiques, Abdel Malek al-Houthi a proposé «un partenariat» dans le cadre de «la déclaration constitutionnelle» par laquelle les miliciens chiites se sont emparés du pouvoir. Il s’en est pris particulièrement au parti islamiste Al-Islah (sunnite), l’un des farouches opposants aux miliciens chiites, les appelant à renoncer à leur idéologique «qui exclut les autres» et à accepter de s’impliquer dans «un partenariat équitable» pour diriger le pays. Le chef de la milice, qui s’exprimait à la veille du 4e anniversaire du début du soulèvement ayant conduit en février 2012 au départ de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, a appelé ses partisans à sortir «massivement» ce mercredi à Sanaa pour célébrer cet événement. Hier soir, les formations politiques, à l’exception du Parti nassérien (panarabe), qui ont renoué le dialogue la veille, se sont retrouvées dans un hôtel de Sanaa pour poursuivre leurs discussions sur une sortie de crise. Les Houthis, qui contrôlent notamment Sanaa et des provinces du nord, ont poursuivi leur offensive militaire dans le centre du pays où ils ont conquis Baïda, chef-lieu d’une province de même nom. A Radah, dans l’ouest de la province de Baïda, 10 Houthis ont été tués hier dans de violents accrochages avec des combattants de tribus qui ont capturé six autres houthis. Sur un autre plan, les ambassades européennes au Yémen envisagent de fermer et d’évacuer leurs personnels en raison de l’aggravation de la situation politique et sécuritaire, a indiqué ce mercredi une source occidentale. Les Britanniques auraient déjà suivi les Américains qui ont annoncé, via le département d’Etat, qu’ils fermaient leur ambassade à Sanaa et qu’ils évacuaient les membres de la mission et leurs familles. L’ambassade de France était fermée ce mercredi matin et d’autres représentations diplomatiques ne répondaient pas aux appels téléphoniques.
R. I. /AFP