Le Président contesté Ali Abdallah Saleh a quitté le pays pour l’Arabie saoudite, officiellement, pour se faire soigner, mais le flou demeure sur son maintien au pouvoir.
A Sanaa, une source du palais présidentiel a confirmé ce dimanche matin son départ mais s’est refusée à toute précision. «Le président Saleh est arrivé à Riyad pour se faire soigner, mais il retournera au Yémen», a déclaré pour sa part un responsable saoudien qui a requis l’anonymat. Selon lui, le président s’est immédiatement dirigé vers l’hôpital militaire de la capitale saoudienne.
Il est arrivé à Ryad à bord d’un avion médical saoudien, alors qu’un deuxième avion transportait des membres de sa famille, a encore précisé le responsable saoudien.
Son fils aîné Ahmad, commandant de la garde républicaine (unité d’élite) et que l’opposition l’accusait de préparer à sa succession avant le déclenchement de la contestation populaire, est demeuré au Yémen, a précisé le responsable. Selon la Constitution yéménite, le vice-président, Abdel Rabbo Mansour Hadi, doit diriger le pays en l’absence du chef de l’Etat. Saleh refuse, malgré des manifestations populaires qui se poursuivent depuis quatre mois et les pressions internationales, de quitter le pouvoir qu’il détient depuis près de 33 ans. Il avait été blessé vendredi dernier par la chute d’un obus sur la mosquée du palais présidentiel pendant la prière.
Le Premier ministre Ali Moujawar et quatre autres hauts responsables du régime, blessés dans ce bombardement, avaient déjà été transportés en Arabie saoudite pour des soins, selon l’agence officielle yéménite Saba. Après le bombardement, Saleh avait assuré qu’il se portait bien dans un message audio diffusé par la télévision d’Etat. Selon un responsable proche du président, il aurait été atteint de «brûlures et d’égratignures au visage et à la poitrine» mais son état n’inspire pas l’inquiétude.
Le bombardement, attribué par le régime yéménite au puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, a fait 11 morts et 124 blessés, selon un responsable gouvernemental. Les hommes de cheikh Al-Ahmar sont engagés depuis le 23 mai dernier dans des combats violents à Sanaa contre les forces fidèles au chef de l’Etat, qui ont fait des dizaines de morts et marqué un tournant dans le mouvement de contestation populaire, lancé en janvier dernier, et resté jusqu’alors pacifique.
Autre fait nouveau, une source proche du chef tribal a fait état d’une médiation du roi Abdallah d’Arabie saoudite et assuré que cheikh Ahmar était prêt à un cessez-le-feu dans ce cadre. Une annonce qui intervient juste après le départ de Saleh à Ryad. Pour les contestataires du régime yéménite, cependant, le départ soudain d’Ali Abdelah Saleh est synonyme de la chute du régime. «Aujourd’hui, un nouveau Yémen est né», chantaient les dizaines de jeunes enthousiastes sur le lieu du sit-in permanent près de l’Université de Sanaa ce dimanche matin. «C’est fini, le régime est tombé», répondaient d’autres, alors que ceux qui arrivaient sur la place se félicitaient pour ce qu’ils considèrent comme «la fuite de Saleh».
A Taëz, grande ville du sud-ouest et l’un des foyers de la contestation, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre de la cité aux cris : «Liberté, liberté, Ali s’est enfui».
R. I. / Agences