Yebda: «L’esprit de guerriers est en nous, on ne le perdra jamais !»

Yebda: «L’esprit de guerriers est en nous, on ne le perdra jamais !»

Hassan Yebda est enfin de retour aux commandes des Verts, en compagnie de Karim Ziani. Il s’est réinstallé naturellement à la place qui lui était due. Comme un roi qui revient s’asseoir sur son trône. Mais ce retour différé à plusieurs reprises à cause d’une blessure ennuyante, mais sans gravité, ne dispense pas les sceptiques des doutes, en cette période obscure qui autorise les pires incertitudes. Mais pourquoi autant de craintes, alors que les Verts joueront enfin avec cette paire exceptionnelle composée de Lacen et Yebda que tout le monde réclamait. N’ont-ils pas fait rêver et saliver les Algériens bien avant leur venue en équipe d’Algérie ? Et puis aussi, pourquoi certains de nos confrères avaient émis des réserves hier matin à l’annonce de ce duo par Saâdane ?

On reproche à Yebda son manque de compétition

On reprocherait au coach de s’aventurer à faire jouer un élément en manque de compétition depuis environ deux mois. Des craintes justifiées en partie, puisque Yebda n’a pas eu la chance de rassurer les sceptiques contre l’Irlande et les Emirats Arabes Unis. C’est ce qui pousse ces gens à se poser des questions légitimes d’ailleurs au sujet de sa titularisation, axant leurs doutes sur le fait que Mansouri était plus apte physiquement. Des interrogations qui mériteraient bien des explications rationnelles pour permettre aux supporteurs d’aborder le match face à la Slovénie en toute quiétude. Mais cela, Hassan l’a déjà fait avec son club, lorsqu’il était resté deux mois sans jouer, avant de reprendre en match de la Cup et faire une prestation de premier ordre, avec une passe décisive à son actif. Il lui reste à le refaire avec les Verts…

A lui de faire dissiper les doutes et donner raison à son coach

Mais qui pourrait les leur donner en dehors du premier concerné par cette histoire ? Oui, qui pourrait rassurer les Algériens, si ce n’est Hassan Yebda lui-même en se montrant d’entrée rassurant face aux Slovènes ? Le joueur de Portsmouth s’est retrouvé, du coup, confronté à un défi assez important. Car il se doit de renvoyer l’ascenseur à son coach qui l’a préféré à son capitaine, se mettant même dans une posture peu confortable, juste parce qu’il croit en lui. Yebda jouera donc pour lui, pour le pays, mais aussi pour Saâdane qui l’a, de tout temps, soutenu. Il lui doit au moins cela, pour ne pas donner raison aux sceptiques.

Son vrai jour de gloire est arrivé !

Mais ce n’est pas seulement ce défi qui attend Hassan Yebda dans ce Mondial. Celui qu’il aura à relever vaut bien plus encore. Car il s’agira avant tout d’accomplir ce destin qui lui a dessiné quelque part le chemin de sa propre réussite. Yebda attendait depuis longtemps ce jour. En fait, il l’attendait depuis qu’il avait gagné la Coupe du monde des jeunes, avec l’équipe de France. Du haut de ses 17 ans, le jeune Hassan avait écouté la Marseillaise attentivement et croyait que ce jour-là pour de vrai, le jour de gloire était arrivé. Mais des années plus tard, son destin le met enfin devant la même situation pour lui expliquer ce qu’est de vivre un vrai moment de gloire.

On ne peut pas croire au hasard dans son cas

Et cela se passe aujourd’hui, en Afrique du Sud, chez les grands de son espèce. On ne peut pas croire au hasard lorsqu’on est passé par le même chemin que lui. Récupéré de justesse par une loi aussi incertaine que gênante pour son image, Hassan Yebda avait rejoint l’équipe d’Algérie au moment où il s’y attendait le moins. On le revoit encore attablé dans le café de l’aéroport d’Alger au milieu de ses cousins de Tourirt Adden, nous expliquant qu’il venait d’apprendre la nouvelle de la possibilité de jouer pour l’équipe d’Algérie, mais sans trop savoir ce qu’il allait advenir de tout cela. Il était 14h30 et les Verts allaient jouer leur match aller contre l’Egypte à Blida. Qui aurait cru ce jour-là que ce grand bonhomme au sourire angélique allait se joindre quelques semaines plus tard à son ami Ziani qu’il avait eu au téléphone dans la matinée ?

Un drapeau qu’il aime comme sa propre peau

Et pourtant, il est là, présent avec ce maillot vert et blanc qu’il a appris à aimer comme sa propre peau. Et c’est avec les mêmes sensations qu’il le revêtira dimanche pour en prendre soin et le porter aussi haut que le lui demande son peuple. De cela, Hassan est très conscient. Avec le temps et les guerres auxquelles il a participé avec ses frères, comme celle d’Oum Dormane, il a appris à se battre pour les Algériens. C’est d’ailleurs cela qui l’a fait aimer à travers tout le pays. Hassan sait aussi que cette Coupe du monde lui donnera la chance de faire éclater son immense talent aux quatre coins de la planète. L’occasion est trop grande pour qu’il la rate. Il sait aussi que son avenir dépendra de ses prestations face aux Slovènes, puis aux Anglais et les USA.

Avec l’Algérie, il est l’égal de Rooney, Gerrard et Lampard

Il sait surtout que ce Mondial lui ouvrira les portes du paradis pour l’installer dans un club à la taille de sa dimension. C’est cette terre africaine qu’il pourra faire jaillir son talent et crever les écrans. La chance de sa vie est entre ses pieds et Hassan en est plus que conscient. Avec l’Algérie, il est désormais l’égal de Rooney, Gerrard et Lampard. Avec l’Algérie, il a même l’occasion de les dépasser et prendre leur place. Comme l’avaient fait avant lui ses aînés des Verts. Comme l’avaient fait Belloumi, Assad et Madjer. Yebda a tout d’un grand. Il a le cœur d’un battant, le cœur des rois, le cœur des lions. A lui de faire jaillir ce lion qui est en lui !

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«L’esprit de guerriers est en nous, on ne le perdra jamais !»

Comment on se sent après tant de jours passés à l’écart du groupe ?

Non, ça va, je me sens très bien, je me suis entraîné normalement ces trois derniers jours pour tester mon physique et hamdoullah, tout va pour le mieux aujourd’hui. On a eu une bonne séance hier et aujourd’hui aussi. On a bien travaillé et ça va de mieux en mieux chaque jour pour moi et pour toute l’équipe.

Le coach compte sur vous à priori ?

Je ne sais pas, on va voir cela après. Je ne sais pas encore si je vais jouer ou pas. En tout cas, je me donnerai à 200% si le coach décidait de me faire jouer contre la Slovénie. Ce sera pareil pour toute notre équipe.

Mais il vient de nous dire en conférence de presse qu’il a décidé de vous titulariser aux côtés de Medhi Lacen…

Si le coach vous l’a annoncé et bien, je suis très content de l’apprendre. C’est la première fois, non, pardon, c’est la deuxième fois que je vais jouer aux côtés de Medhi au milieu, même si la première fois, j’étais un peu plus devant. Mais on a quand même de bons automatismes tous les deux. Il n’y aura donc aucun souci d’entente entre nous. Déjà qu’avec Yazid ça se passait bien, maintenant avec Medhi Lacen, ça va être pareil. Je vais essayer de faire de mon mieux pour le bien de l’équipe. Et ce sera aussi pareil pour Medhi. On se donnera à fond pour répondre présent tout comme les autres.

Comment on reçoit les choses lorsqu’on voit Mansouri se faire siffler par le public ?

Le fait de voir les supporteurs siffler quelqu’un comme Mansouri, c’est sûr que c’est une mauvaise chose pour lui. Je crois sincèrement que les gens qui l’ont hué et sifflé ont été ingrats avec lui. Surtout quand on se rappelle de tout ce qu’il a donné à l’Equipe nationale. Après le choix du coach, moi je ne peux rien dire là-dessus. En plus, avec Medhi, on joue au même poste que Mansouri. Vous comprenez donc aisément que c’est un peu délicat de répondre à une telle question. Je pense donc que c’est au coach de répondre à cette question.

Vous êtes allé le voir dans sa chambre pour le soutenir et lui remonter le moral ?

Honnêtement, je ne veux pas m’étaler sur ce sujet, si vous le permettez… Je dis juste que Yazid est quelqu’un que j’apprécie énormément. Je sais aussi que tout le monde a beaucoup de respect pour lui. Je ne voudrais pas m’étaler plus que ça sur ce sujet. J’ai juste envie de dire qu’on le respecte tous.

Comment voyez-vous le match contre la Slovénie ?

Ce sera notre premier match dans cette Coupe du monde. On ne doit pas passer à côté, car on sait que derrière cela, on aura l’Angleterre, puis les Etats-Unis. C’est un match qu’on ne doit pas rater, car il est très important pour la suite. On va se donner à 200%. En tout cas, ça c’est promis.

Est-ce que c’est le match le plus important de ce Mondial pour vous ?

Non, je dis que les trois matchs sont aussi importants, les uns les autres. Mais c’est vrai que le premier match sera déterminant pour le reste de la compétition.

Comment allez-vous aborder votre première Coupe du monde ?

C’est sûr que c’est avec une grosse boule au ventre qu’on va tous se présenter à cette Coupe du monde, du fait que ce sera notre première à tous. Mais ne pensez pas que ça va nous gêner ou nous inhiber. Bien au contraire, ce ne sera que de la bonne pression. Oui, on ne ressent que de la bonne pression. Il n’y a aucun doute.

Tout le peuple attend de vous voir jouer avec la même hargne qui caractérise votre équipe. Est-ce que vous en parlez entre vous afin de retrouver cet esprit de guerriers qui vous a aidés à arracher cette qualification au Mondial ?

Cet esprit de guerriers est en nous, on ne le perdra jamais ! A chaque grande compétition, il ressort tout seul. Il est en nous, là (il montre son cœur de la main).

On suppose que vous êtes toujours en contact avec Mourad Meghni, non ?

Oui, bien sûr ! Je l’ai souvent au téléphone. Il est toujours derrière nous et ça nous fait toujours plaisir.