Yebda «Je veux devenir un des patrons de Naples»

Yebda «Je veux devenir un des patrons de Naples»

L’ancien joueur de Benfica voit très grand, car non seulement il veut que son équipe termine première du championnat, mais il veut aussi devenir l’un des cadres et patron de cette équipe napolitaine

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Hassen Yebda est l’un des joueurs des Verts les plus en forme en ce moment vu que non seulement il évolue dans le Calcio, mais son équipe occupe tout simplement la deuxième place du classement général avec seulement 4 points de retard du leader, le Milan AC. Certes, le milieu de terrain algérien ne joue pas tous les matches en tant que titulaire, mais figure quand même dans les onze rentrants dans la majorité des rencontres avec une moyenne de 80 minutes par match. Et quand il est sur le banc, il est toujours le premier de son équipe à rentrer en cours de jeu.

Avec son tempérament de gagneur et dans l’entretien qu’il nous a accordé hier en fin d’après-midi, Yebda ne cache pas le fait que cette situation l’agace un peu, mais affirme qu’il respecte tout à fait les choix de son coach. En fait, l’ancien joueur de Benfica voit très grand, car non seulement il veut que son équipe termine première du championnat, mais il veut aussi devenir l’un des cadres et patron de cette équipe napolitaine qui est en train d’effectuer jusque-là un parcours presque parfait en championnat. Yebda nous parle donc de sa forme, de son équipe et bien évidemment des prochaines échéances de l’EN.

– D’abord, comment expliquez-vous le parcours presque parfait de votre équipe Naples ?

– Nous avons une bonne équipe où il y a beaucoup de talents et de très bons joueurs. On a aussi la chance d’avoir un entraîneur qui sait ce qu’il a à faire et qui maîtrise très bien son sujet. Actuellement, on est deuxièmes du Calcio, et franchement, pour moi, pour l’instant c’est tout simplement parfait.

– Vous attendiez-vous à ce qu’à cette période de l’année, vous soyez 2es du classement général à 4 points seulement du leader ?

– Pour tout vous dire, l’objectif initial pour le club au tout début était de se classer parmi les quatre premiers à la fin de saison. Maintenant, on voit qu’on peut faire mieux que ça et c’est tant mieux.

– Quand on bat la Juve comme vous l’avez fait, avec l’art et la manière, on peut se permettre de dire que c’est votre année, non ?

– C’est vrai que ce sont des signes très forts. Battre la grande Juventus de cette manière n’est pas donné à n’importe quelle équipe de la Serie A. C’est un signe révélateur. Nous, les joueurs, nous sommes convaincus que nous sommes capables de réussir quelque chose d’extraordinaire cette saison. Néanmoins, il nous reste beaucoup de matches à livrer. On tâchera de faire le maximum pour en gagner le maximum. On gérera match par match tout en espérant de garder la même forme et surtout la même réussite.

– Naples est connu surtout pour son public chauvin et très fanatique, surtout quand un certain Maradona jouait là-bas. On sent que cette année, il croit en vous comme jamais. Comment vivez-vous quotidiennement cela avec vos fans ?

– Oui, c’est vrai. Nous avons un public très fanatique et surtout dévoué. Il y a de l’engouement autour du club. Nous évoluons aussi dans un stade mythique et nos fans me font beaucoup rappeler nos supporters en Algérie à qui ils ressemblent beaucoup d’ailleurs. En fait, ce sont des chauvins comme vous l’avez si bien dit. Ils aiment toujours être prêts de leur équipe et surtout proches de nous, les joueurs. Et j’avoue que ça nous fait beaucoup plaisir d’être soutenus par nos fans.

– On imagine que vous avez du mal à marcher dans les rues de Naples en ce moment…

– En fait, ce n’est pas très différent de ce que nous vivons quand on est en sélection. Les gens dans la rue nous sollicitent beaucoup pour les photos et les autographes, ce que nous faisons avec un grand plaisir. C’était aussi la même chose quand je jouais au Benfica Lisbonne.

– On vous sent très heureux à Naples. Peut-on dire que vous avez fait le bon choix en optant pour ce club

– Je ne sais pas encore. La saison n’est pas encore terminée. Pour l’instant, ça va plutôt bien pour moi, mais comme tous les joueurs qui veulent réussir, je veux toujours plus.

– «Vouloir toujours plus», vous voulez dire quoi par là exactement ?

– Et bien, ça veut tout simplement dire que je préfère être 1er que 2e. Ça veut dire aussi que même si généralement j’ai 80 minutes de jeu et qu’on me fasse remplacer dans les dix dernières minutes, ça me dérange. Ce n’est pas nécessairement mal, mais ce n’est pas nécessairement bien aussi.

– Justement, vous avez joué pas mal de matchs, mais vous étiez aussi beaucoup sur le banc. D’après vous, pourquoi l’entraîneur Mazzari fait ça ?

– Je ne sais pas. Je ne suis pas habilité à répondre à cette question. C’est au coach qu’il faut la poser. Lui seul pourra vous donner des explications.

– On vous pose la question parce que la dernière fois, vous nous avez dit que le coach faisait du turn-over…

– Oui, Gargano, Pazienza et moi-même jouons dans le même poste. Les deux autres ont joué ensemble toute la saison dernière et l’équipe a fini 5e et ils ont fait une énorme saison. Moi, je viens d’arriver à titre de prêt. Au début, c’était difficile, et c’est normal, mais au fil des matchs, j’ai pu montrer au coach de quoi je suis capable. J’estime que je suis sur une bonne lancée, le reste c’est l’affaire du coach.

– On imagine que votre objectif actuel est de devenir titulaire à part entière ?

– Oui, c’est sûr. Aucun joueur ne peut se contenter de rester sur le banc de touche et d’entrer en cours du jeu. Mon objectif est d’être titulaire ou plutôt d’être un des artisans des succès de mon équipe.

Je veux aussi devenir un des cadres de cette équipe de Naples et un de ses patrons. Je sais que ça demande un peu de temps, beaucoup de travail et des sacrifices, mais je suis convaincu que c’est dans mes cordes. Je suis motivé et je sais que tout passe par le travail et le sérieux. Jusque-là, je n’ai rien à me reprocher parce que j’ai donné le meilleur de moi-même. Je sais que je peux donner plus encore. J’ai fait ce que j’avais à faire et je suis satisfait des résultats. Le meilleur est à venir Inch Allah

– Mais au vu des rencontres, on voit bien que le coach vous fait confiance ?

– Oui, c’est vrai, car je suis toujours le premier à entrer en cours de jeu, et ça, je pense que ça veut dire quelque chose. Mais comme je vous l’ai dit, je veux toujours plus.

– Vous nous avez déclaré que vous aviez beaucoup de difficultés à vous adapter tactiquement, à présent, est-ce que c’est fait ?

– Oui, bien sûr. A présent, je connais le système de jeu par cœur. C’est du 4-3-2-1 ou le 3-5-2. Mais chaque entraîneur a sa vision de jeu. Il y a ceux qui préfèrent avoir un numéro 6 et un 8, c’est-à-dire un qui monte plus haut que l’autre. D’autres, par contre, aiment avoir deux récupérateurs types. Chez nous, Pasienza et Gargano ont presque le même profil. Ils font le même boulot ou presque. Moi, je suis quand même un peu plus offensif et c’est ce qui m’a créé des problèmes au début. Maintenant, j’ai compris, et j’essaye de me faire à l’idée que je suis plus défensif qu’offensif, mais tout en gardant cette qualité d’aller vers l’avant dès que l’occasion se présente.

– On dit aussi qu’en Italie, le plus grand du travail se fait sur le plan physique. Le confirmez-vous ?

– Oui, on travaille beaucoup l’aspect physique. Me concernant, je suis arrivé ici avec aucune séance d’entraînement avec le groupe dans les jambes depuis le Mondial, car je suis resté durant les mois de juillet et août sans m’entraîner. Je suis arrivé à Naples le 1er septembre, et la compétition avait débuté le 10 septembre. Vous devez savoir que c’était très difficile pour moi au début, mais ça va mieux aujourd’hui, je me sens en pleine forme et c’est ce qui me permet de réussir ce que je fais sur le terrain.

– On sent aussi que le courant passe très bien entre vous et le coach ?

– Tout se passe pour le mieux. On discute beaucoup. Mazzari est un coach qui n’aime pas particulièrement parler avec ses joueurs individuellement, car il s’adresse souvent au groupe. Mais ce que je peux dire, c’est que j’ai de très bons rapports avec lui.

– Il y a un joueur que vous estimez beaucoup, c’est Cavani. C’est un vrai phénomène, non ?

– En fait, nous en avons deux phénomènes et demi. Il y a d’abord Cavani qui n’arrête pas de nous surprendre chaque semaine. Il y a aussi Lavezzi qui est un très grand joueur, et enfin Hamzik qui est presque au même niveau que les deux autres. Quand on joue avec des joueurs de cette trempe, croyez-moi, ça devient plus facile.

– Votre agent a parlé dans la presse italienne d’un transfert définitif à Naples, qu’en est-il au juste ?

– Pour l’instant, il n’y a rien de concret. Franchement, je ne sais pas ce qui va se passer. C’est vrai qu’il y a eu quelques phrases par rapport à un transfert définitif, mais pas plus pour l’instant. Naples peut lever l’option d’achat qui est de 3 millions d’euros à n’importe quel moment, mais jusque-là, rien n’a été fait. Moi, je me plais ici, mais la dernière décision revient à mes dirigeants. En fait, la balle est dans leur camp, car ils ont la priorité.

– Il y a des discussions entre Naples et Benfica ?

– Non, c’étaient des phrases échangées avec moi. Pour ce qui est de Benfica, je ne leur parle pas et je ne veux plus avoir affaire à eux.

– Dites-nous franchement, est-ce que vous et vos coéquipiers vous pensez à ce titre de champion ou pas ?

– Il est trop tôt de parler de ça. Le championnat est encore très long. On est à 4 points du Milan AC. On aurait pu être 1ers si on n’avait pas perdu des points bêtement. Maintenant, on verra à 5 journées de la fin si on peut garder ce niveau ou pas.

– Parlons maintenant de l’équipe nationale. Il y a le match amical face à la Tunisie le 9 février, puis le big match face au Maroc. Avez-vous commencé à penser à cette rencontre ?

– Je pense que c’est un peu loin, mais j’avoue que j’y pense de temps en temps. C’est quand même une échéance très importante. Face à la Tunisie, ça sera un très bon test avant le Maroc. Donc, même si on est concentrés avec nos clubs sur nos matchs en championnat, nous avons toujours une pensée pour la sélection.

– Contrairement à vous, plusieurs cadres de l’équipe ne jouent pas beaucoup. Pensez-vous que ça sera un handicap à deux mois du match face au Maroc s?

– Ça pourrait être un handicap comme vous le dites, mais c’est un grand match et ça se jouera en 90 minutes. Je pense que les joueurs qui ne jouent pas beaucoup avec leurs clubs peuvent surpasser ça avec le mental et la volonté. Ils pourront tenir 90 minutes ou ne serait-ce que 60 minutes ou 30. Et puis, il reste encore du temps. J’espère que leur situation s’arrangera d’ici là et qu’ils seront prêts à 100% le jour J.

Gerets, le sélectionneur du Maroc, n’arrête pas de déclarer qu’il viendra en Algérie pour gagner. Il a commencé à rassembler les joueurs marocains qui jouent un peu partout en Europe. Pensez-vous qu’avec lui ils seront plus redoutables ?

– Non, personnellement, la venue de Gerets au Maroc importe peu. Il peut dire ce qu’il veut. Moi, ça ne m’énerve pas et ça ne me déçoit pas non plus. Il dit qu’il va venir gagner chez nous, alors je lui dirai bonne chance. De notre côté, on sait ce qu’on a à faire pour gagner ce match. Je pense que ramener des professionnels est une bonne chose pour eux. Je leur souhaite d’ailleurs beaucoup de réussite.

– Ils ont aussi l’avantage d’avoir des joueurs qui jouent dans le haut niveau et qui sont titulaires en plus…

– On ne dit pas le contraire. Le Maroc a de supers joueurs. Ils jouent dans le très haut niveau. Mais je ne pense pas que ça va peser dans la balance. On a réussi à tenir en échec l’Angleterre qui possède de grands joueurs aussi. Il faut penser à ce match et à Oumdourman. Bref, le Maroc a ses atouts, et nous, nous avons les nôtres, et le meilleur gagnera.

– Vous savez certainement que vous n’allez pas jouer au 5-Juillet à cause des incidents qui ont eu lieu après le match MCA-Club Africain. Il y a un grand débat concernant la vile qui va accueillir ces deux rencontres. On parle de Constantine, d’Annaba et de Tlemcen vu que la pelouse de Tchaker est endommagée. Vous, les joueurs, aurez certainement votre mot à dire là-dessus. Quelle est votre préférence ?

– On peut jouer n’ importe où du moment que c’est en Algérie. L’essentiel pour nous est qu’il y est une belle pelouse où on peut jouer au football. Au 5-Juillet par exemple, c’est impossible de jouer au football, surtout qu’on joue à domicile et qu’on est obligés de faire le jeu.

– Une dernière question Hassan. Etes-vous en contact avec Benchikha ?

– Oui, bien sûr, on s’appelle régulièrement.

A. H. A.