C’est un moment magique pour vous, n’est- pas ?
C’est sûr que c’était magique. C’est vraiment un jour exceptionnel pour moi. C’est mon premier match en équipe nationale et ça se termine par cette belle victoire, dans un contexte un peu difficile certes, mais Hamdoullah, on a réussi à marquer trois beaux buts, même si on en a encaissé un dès le départ. Mais c’est ça le football, il y a des imprévus et du suspense du début jusqu’à la fin. Je suis très content de cette victoire, car l’équipe a fait un gros match en y croyant jusqu’au bout. Cela prouve que nous avons des ressources mentales qui nous permettent de revenir à tout moment du match.
Et cette ambiance dans les tribunes, vous l’avez vécue comment ?
C’était tout simplement magique devant ce merveilleux public parmi lequel il y avait beaucoup de membres de ma famille. C’est vraiment inoubliable tout ça. Je voyais cela à la télévision, mais les sensations sont beaucoup plus fortes lorsqu’on est sur le terrain. Il fallait venir ici pour le vivre et moi, je suis venu et je l’ai vécu pleinement. Franchement, ça n’a pas son égal ailleurs. J’en ai encore la chair de poule rien qu’en en reparlant. Je suis très heureux d’avoir été là ce soir.
Vous qui avez le niveau pour jouer en équipe de France, il y a beaucoup de joueurs qui n’ont pas votre niveau de jeu et qui hésitent à venir jouer pour l’Algérie. Qu’avez-vous à leur dire maintenant que, de l’intérieur, vous savez comment ça se passe?
J’aimerais tout simplement leur dire qu’ils n’ont rien compris. Ce qu’on vit à l’intérieur de l’équipe est exceptionnel. Tout est parfait au sein du groupe. L’ambiance est formidable et tous les joueurs sont bien valorisés. Ça n’a rien à voir avec les clichés qu’on peut entendre de loin. Il faut venir ici pour le constater. L’équipe est bien structurée, c’est très professionnel et tous les moyens sont mis à la disposition des joueurs. En plus, lorsqu’on joue devant sa propre famille, ses oncles, ses tantes, ses cousins et ses cousines, ça vous donne encore plus de fierté, plus de bonheur d’être Algérien. Ceux qui hésitent à venir jouer avec l’équipe d’Algérie n’ont rien compris, je le répète encore une fois.
Vous aviez hésité vous à venir jouer pour l’Algérie…
Non, parce que mon cas était bloqué par cette loi qui interdisait aux joueurs ayant joué pour une autre sélection d’opter pour d’autres couleurs nationales. Mais dès que ça s’est débloqué, je n’ai pas hésité un seul instant. Les joueurs, le coach et le président de la Fédération le savent très bien. J’ai retardé ma venue parce que j’avais des petits soucis avec mon club, mais à la première occasion, je suis venu. Aujourd’hui, je suis toujours aussi fier d’être Algérien et de représenter les couleurs de mon pays.
Revenons un peu sur ce match contre le Rwanda. Les arbitres sont vraiment passés à côté. Comment le vit-on sur le terrain ?
Ils nous ont frustrés à plusieurs reprises dans ce match. On aurait pu mener 3-1 ou 4-1 à la mi-temps. Le but de Yahia était plus que valable. Le ballon a dépassé la ligne d’au moins un demi-mètre, mais les arbitres ont fait semblant de ne pas voir. C’est incroyable tout ça. Il y a de quoi se poser des questions. Les choses se seraient sans doute passées autrement si les arbitres nous avaient accordé ce but et celui de Madjid. Mais on ne peut plus revenir en arrière. Le plus important c’était la victoire et nous l’avons fait. C’est cela qui nous donne les trois points pour reprendre notre première place.
On vous sentait impatient de rentrer pendant l’échauffement, on se trompe ?
C’est sûr que j’étais impatient. Avec une telle ambiance et un enjeu pareil, qui n’aurait pas voulu pas être sur le terrain. Je vivais le match à fond sur le banc, puis sur la main courante. Je suis très content d’avoir enfin ouvert mon capital de sélections. Je suis rentré sur le terrain pour vingt minutes et je me suis adapté tout de suite. En fait, je ne calculais pas trop de ce côté-là, parce que l’urgence était de marquer et de faire gagner l’équipe. C’était cela qui m’importait le plus.
Mais au fond de vous, vous aviez sans doute ressenti quelque chose dans le cœur, non ?
Et comment ! C’est un moment que j’attendais avec impatience. C’est un grand honneur de faire partie de cette équipe. Je frissonnais déjà pendant Qassamen et je ne vous dis pas ma joie quand le coach m’a appelé pour rentrer. Mais une fois sur le terrain, je ne pensais plus qu’à la manière avec laquelle on pouvait marquer encore et gagner.
Comment se présente le match contre l’Egypte au Caire ?
On a fait un gros match ce soir (entretien réalisé après le coup de sifflet final, ndlr). C’était déjà dur contre le Rwanda, mais au Caire, ça va être encore plus dur. On ne va pas en Egypte pour rigoler ou se montrer. On va y aller pour faire un match sérieux et essayer de gagner carrément. On va tout donner, ça c’est sûr et certain. On est tous conscients de l’importance de ce match.
Par moments, on a senti un flottement dans le jeu de l’équipe nationale. A quoi cela était-il dû ?
Non, le terrain n’était pas au top, avec toutes ces bosses un peu partout. Ça ne facilitait pas la tâche des joueurs. C’est un peu dommage, mais il fallait faire avec.
Vous vous êtes entraînés sur la pelouse du 5-Juillet et vous avez joué sur celle de Blida. Laquelle est meilleure que l’autre ?
Celle du 5-Juillet est bien meilleure, parce que, paraît-il, on a laissé le temps pour la pelouse de revenir, de repousser tranquillement.
Elle est aussi bonne que celles d’Europe ?
Non, franchement non. Il faut dire les choses comme elles sont. Elle a encore besoin d’être améliorée pour être au niveau de celles qu’on voit dans les grands stades d’Europe. C’est très important d’avoir une belle pelouse pour un joueur. Je suis sûr que si on avait joué ce soir sur une pelouse de qualité, le score aurait été nettement supérieur.
Vous avez regardé le match de l’Egypte contre la Zambie ?
Oui, et je l’ai vécu avec un peu de stress parce que, au début, il y a eu trois occasions pour les Zambiens, mais le ballon ne voulait pas rentrer. Les Egyptiens ont eu beaucoup de chance dans ce match, car ce sont les Zambiens qui en ont dominé une bonne partie. Dominer n’est pas gagner comme on dit et ils prennent ce but vers la fin. Mais maâlich, c’est le mektoub, nous irons au Caire pour tout donner in cha’ Allah.
La famille a sans doute vécu intensément votre premier match avec l’Algérie, non ?
C’est sûr ! Ils étaient tous dans les tribunes. Mes parents étaient déjà en Algérie à la suite du décès de mon oncle Allah Yerahmou. Mon frère, ma sœur et mon beau-frère sont venus de France spécialement pour ce match. Ils ont vécu cela avec beaucoup d’intensité et Hamdoullah, ils n’ont pas fait le déplacement pour rien, puisque la victoire y était à la fin.
Vous allez faire une virée à Taourirt Adden ?
Oui, dès demain in cha’ Allah. Je vais aller voir toute ma famille au bled et il y aura un journaliste de Canal + qui viendra réaliser un reportage sur place. J’y retourne toujours avec un grand plaisir.