La nouvelle n’était connue que de quelques initiés et de quelques journalistes des médias spécialisés et très pointus en matière de mercato. Et Compétition vous la donne en exclusivité. Il semblerait que le milieu défensif du Granada CF et de l’équipe nationale, Hassen Yebda, soit annoncé avec insistance à l’Udinese, en Serie A italienne, dès ce mercato hivernal et au plus tard cet été
Il semblerait que le longiligne et le plus offensif des milieux défensifs des Verts aux 18 sélections ne fasse pas de vieux os en Liga espagnole et qu’il retrouvera très prochainement le Calcio qu’il connaît bien.
Granada, «l’équipe réserve» d’Udinese
Nous savions, au moment de la signature de Hassen Yebda à Granada, que ce club andalou géré par le président délégué faiseur de miracles, Enrique «Quique» Pina, qui l’a fait remonter des oubliettes de l’histoire, la Segunda B (troisième division espagnole) à la lumière et aux strasses de la Liga de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, avait les reins solides, puisque le propriétaire de ce club chargé d’histoire n’est autre que Giampaolo Pozzo, le président du club italien de première division d’Udinese. Nous savions aussi, et c’est normal que Granada CF, pour grandir plus vite, allait s’appuyer sur le «grand frère» Udinese, puisque chez les Pozzo, tout se gère en famille. Nous savions également que Granada CF était une sorte de «filiale» d’Udinese et que les deux clubs seraient liés certes par une sorte de partenariat «donnant-donnant», où chaque club profiterait de l’expérience de l’autre, tout en gardant son identité propre et en connaissant un avenir parallèle, mais distinct, l’un en Espagne et l’autre en Italie.

Ce que le dossier Hassan Yebda nous a révélé, c’est que Granada CF tendait à devenir carrément l’équipe réserve, voire le laboratoire de l’Udinese, puisque nous avons appris que Hassan Yebda, qui avait l’année dernière effectué avec Naples une saison de toute beauté avec 30 matchs de championnat pleins et 8 d’Europa League, excusez du peu, était déjà sur les tablettes de l’Udinese qui l’avait suivi et supervisé toute la fin de saison passée. Il semblerait que l’Udinese, plutôt que de prendre le risque de recruter Yebda directement, ait préféré l’observer 6 mois, voire une saison de plus à l’intérieur de son laboratoire espagnol, le Granada CF, avant de prendre la décision de l’engager à l’Udinese ou non, à la manière d’un joueur qui évoluerait en équipe réserve et qui attendrait une opportunité pour intégrer l’équipe première. Granada CF est devenue une sorte d’équipe réserve de luxe pour l’Udinese.
Yebda s’était fait remarquer avec Naples
En faisant signer un joueur de la trempe de Yebda, qui est un joueur connu et coté, puisqu’il est international et a joué le dernier Mondial en Afrique du Sud et sort de deux magnifiques saisons dans deux des championnats les plus huppés d’Europe, à savoir la Premier League et le Calcio, le duo Quique Pina-Pozzo fait une excellente affaire, puisqu’il fait d’une pierre deux coups et gagne dans tous les cas de figure. Ils font l’acquisition d’un très bon joueur au Benfica de Lisbonne, un joueur qui augmente la valeur marchande de Granada FC qui, en cas de revente, doit posséder un portefeuille de bons joueurs conséquent et surtout son niveau, car n’oublions pas que c’est la première saison en Liga de ce club depuis longtemps, et qu’il a besoin de joueurs de haut niveau pour se frotter au Barça, au Real et à son voisin Séville, sans y laisser d’autres primes. Si Yebda fait une très bonne saison en Espagne, sa cote va remonter et l’Udinese pourra le recruter et bénéficier de ses services à prix discount, puisque quel que soit le prix vendu, l’argent restera au sein de la famille. Si, au contraire, Yebda fait une saison honorable, mais pas assez bien pour rejoindre un club comme l’Udinese, il restera en Espagne où il est l’un des meilleurs joueurs de son club qui joue le maintien.
Cela traduit aussi un manque de confiance manifeste
On peut quand même s’interroger sur le fait qu’un joueur comme Hassan Yebda n’intéresse pas un club comme l’Udinese du premier coup, malgré ses états de service, son statut d’international et les deux dernières saisons qu’il vient de faire, et soit obligé, même s’il s’agit d’un transfert en bonne et due forme, de passer par une sorte de «test», chez un promu espagnol, qui ressemble à un énième prêt, pour espérer signer un jour dans un club où son niveau lui permet largement d’évoluer sans passer par un tel itinéraire bis qui s’appelle Granada CF. Certains superstitieux parlent de malchance, d’autres plus fatalistes parlent de «hogra» du footballeur algérien par rapport à ses homologues d’Afrique subsaharienne et d’Amérique du Sud, mais aujourd’hui, il s’agit d’être sérieux et parler de la cause réelle qui «plombe», et les mots sont pesés, les carrières de nos professionnels en Europe.
Hassan est-il victime du «business» clubs- agents ?
La véritable cause qui fait qu’à un moment des joueurs comme Bougherra, Belhadj, Ziani et aujourd’hui Yebda n’aient pas réussi, à l’image d’un Salomon Kalou ou d’un Adebayor, ou encore d’un Chamakh, à accrocher un grand club d’Europe, c’est qu’ils ont manqué le virage du football «business» et son côté le plus lucratif, le business clubs-agents, ou même pour être plus précis, managers de clubs-agents de joueurs. Comme nous l’avions déjà précisé dans nos colonnes, les grands clubs, qui trustent les premières places de la Liga, du Calcio, de la Bundesliga et de la Premier League, travaillent tous avec deux ou trois grandes «boîtes d’agents», comme on dit dans le jargon, qui leur offrent toutes les garanties financières, légales, avec des contrats standardisés que les clubs et les joueurs signent les yeux fermés, tant la confiance et une certaine routine sont présentes. Ce que l’on sait moins, c’est qu’en contrepartie de toutes ces garanties, le joueur doit donner un pourcentage conséquent à son agent qui, lui-même, en donnera une partie au manager du club pour avoir choisi son poulain parmi tant d’autres et pour l’inciter à refaire appel à lui la prochaine fois. Dans ce domaine, nos professionnels sont, on peut le dire, «sinistrés» et livrés à eux-mêmes. Ils n’ont que des agents dont le réseau ne s’étend que sur un petit périmètre, à savoir Ligue 2 et bas de Ligue 1, Turquie, Grèce et Qatar. Leurs agents n’accèdent même pas à des clubs comme Tottenham, alors l’Inter, le Barça et Arsenal, ce n’est même pas la peine d’y penser.
D’autres joueurs algériens n’ont même pas d’agents et sont gérés par un père, un frère, un parent ou un ami d’enfance. Vous imaginez un peu l’imbroglio ? Etre agent, c’est un métier, ça ne s’improvise pas. On ne demande pas à un boucher de réparer de la plomberie ou de repeindre une automobile, comme on ne demande pas à un frère de joueur sans expérience de s’improviser agent. Certains de nos joueurs en ont fait les frais, en signant par exemple des contrats avec des lignes assassines écrites en tout petit, d’autres auraient pu, avec un véritable agent, obtenir un salaire du simple au double et d’autres ont même été volontairement mal conseillés par un agent qui avait été corrompu par le club pour inciter son joueur à revoir ses prétentions salariales à la baisse et la durée du contrat à la hausse. Dans le cas d’Hassan Yebda, s’il avait été dans l’écurie du Français Jean-Pierre Bernes, comme Samir Nasri, ou celle de Pape Diouf, il évoluerait aujourd’hui, au vu de son talent, dans un grand club d’Europe et n’aurait pas été obligé de signer chez un promu espagnol pour convaincre l’Udinese.
Il doit stabiliser sa carrière
Le problème n°1 d’Hassan Yebda aujourd’hui, c’est qu’à 27 ans, il doit stabiliser sa carrière. Ce joueur vient de connaître 4 clubs en 4 saisons : Le Mans, Benfica, Portsmouth et Granada. Pour progresser dans sa carrière, Yebda doit prendre exemple sur Mehdi Lacen et se sédentariser dans un club de haut niveau, ne serait-ce que pour s’installer durablement, se construire un palmarès, espérer jouer un jour la Ligue des champions et acquérir des automatismes, des habitudes et travailler dans la durée l’esprit libre, sans se demander de quoi demain sera fait. Hassan Yebda doit poser ses valises et ne plus passer des étés agités et des vacances rythmées par les contacts, les fax et les déplacements à travers l’Europe pour espérer faire des essais. Souhaitons que ce club où Yebda s’installera durablement à haut niveau soit l’Udinese. D’après les spécialistes, c’est très bien parti ! M. B.