Yasmina Khadra : “Le problème du Sahel, c’est la France qui l’a créé”

Yasmina Khadra : “Le problème du Sahel, c’est la France qui l’a créé”

Quand la France menée par un Sarkozy plus que jamais belliqueux a décidé d’agresser la Libye, en s’attaquant au régime d’El Gueddafi, tous savaient que cette action allait libérer tous les djihadistes qui s’y trouvaient. C’est ce qu’a déclaré le directeur du Centre Culturel Algérien (CCA) à Paris, Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, dans un entretien accordé au journal slateafrique.com.

“Le problème du Sahel, c’est la France qui l’a créé en s’attaquant à la Libye. A l’époque tout le monde savait que le pays de Kadhafi était le refuge de tous les combattants de la région. En menant une guerre contre le régime libyen, ils ont libéré tous ces mercenaires qui ont rejoint Al-Qaïda” a estimé l’écrivain.

Pour lui, “la crise au Mali n’est pas un problème africain, mais bien un problème français. On ne joue pas au feu sans se brûler”.

L’auteur de “Ce que le jour doit à la nuit”, adapté récemment au cinéma par Alexandre Arcady s’exprimait sur la décennie noire des années quatre vingt dix et le recul du terrorisme en Algérie, avant de faire une transition vers la situation actuelle au Sahel et l’occupation du Nord-Mali par des groupes islamistes armés.

“Même si la menace est toujours présente, le pays peut se targuer de ne pas avoir sombré dans le chaos. En dépit de l’inaction des puissances occidentales”, a-t-il souligné, et de préciser que “ces mêmes puissances occidentales qui demandent aujourd’hui à l’Algérie de combattre les katiba djihadistes d’Al-Qaïda ou Ansar Eddine au Nord-Mali”.

Du bon diagnostic à la mauvaise solution

Mais Yasmina Khadra aurait pu s’arrêter là ou continuer dans le sens de la position de son pays, puisqu’il se dit patriote et nationaliste, mais l’ex-officier de l’ANP commettra un impair qui va à l’encontre de la position de l’Algérie et même de ses intérêts. Du bon diagnostic, il passe sans transition à la mauvaise solution.

Selon lui, “La France est la seule responsable de la crise malienne. C’est donc aux troupes françaises d’intervenir”. Et quand on sait que l’Algérie est contre toute action militaire à ses frontières sud, l’on se demande qu’elle mouche a piqué notre illustre écrivain qui invite ni plus ni moins l’armée française à prendre pied dans le vaste nord malien.

Pour l’Algérie, seule une solution politique négociée doit être dégagée et qui impliquerait les acteurs “qui se démarquent sans équivoque du terrorisme et du crime transnational organisé et qui renoncent à toute atteinte à l’intégrité territoriale du Mali”. A se demander si Yasmina Khadra lit la presse algérienne pour s’informer sur la position du pays qui l’a désigné à son poste à Paris.