Ambiance bière, pizza et futons sous les ordinateurs : durant le week-end du 9 et 10 mai, 250 informaticiens européens ont répondu à l’invitation de Yahoo!, premier portail Internet mondial, pour 48 heures de codage non-stop dans un centre d’affaires londonien.
Objectif de la huitième édition de ces « hackdays » : faire découvrir à de vrais « geeks » (passionnés de nouvelles technologies), tous des professionnels extérieurs à l’entreprise, de nouvelles interfaces de programmation (« API en anglais ») pour rendre interopérables leurs programmes avec les services de Yahoo!. Certaines des API permettent même d’utiliser gratuitement l’email ou le moteur de recherche de Yahoo! pour leurs propres logiciels ou sites. » Nous voulons aider la communauté des développeurs à innover et à s’emparer de nos services pour les améliorer », assure David Filo, cofondateur de Yahoo!, venu pour l’occasion de Sunnyvalle, siège californien de la société.
Pour Yahoo!, cette politique d’ouverture lancée en 2008, est surtout une stratégie d’influence. Il s’agit de démultiplier les usages de ses services en ligne en les rendant disponibles auprès du plus grand nombre de sites partenaires ou en proposant à des tiers d’afficher leurs applications sur son portail. Yahoo! espère ainsi augmenter son audience et donc son chiffre d’affaires publicitaire, sa source quasi exclusive de revenus. Une nouvelle version de Yahoo! Mail et de la page d’accueil du portail accueillant des applications tierces seront mis en ligne prochainement. Cette stratégie est aussi un moyen pour Yahoo! de maximiser ses chances de voir un jour créé à moindre frais une « killer application » propre à attirer les internautes sur son portail. » Nous avons plein d’ingénieurs talentueux en interne mais nous ne pourrons jamais embaucher tous ceux que compte la communauté », reconnaît M. Filo.
Compétition
C’est Microsoft qui a commencé à construire un « écosystème » de tiers utilisant ses logiciels. Les grands de l’Internet s’y mettent aujourd’hui tous. Avec un certain succès, notamment dans le cas de Facebook (à partir de l’été 2007), grâce à leurs efforts pour rendre leurs « API » faciles à manipuler.
Dans la compétition qui se joue désormais sur Internet pour attirer le plus de développeurs possible, Yahoo! joue gros. Il dispose encore d’un atout majeur : l’énorme trafic de ses différents sites, offrant une visibilité exceptionnelle aux services des tiers. Mais sur le moteur de recherche, l’application qui permet aujourd’hui (grâce aux liens sponsorisés) de générer le plus de revenus publicitaires, la société qui a refusé d’être rachetée par Microsoft en 2008, continue à perdre du terrain face à Google. En mars 2009, selon Comscore, la part de marché mondiale de Google sur la recherche a atteint 64,2 % contre 8,6 % pour Yahoo!.