L’attaquant de la JS Kabylie, Sidi Ali Yahia Chérif (25 ans), est certainement une bénédiction pour son entraîneur. Sa polyvalence au milieu et en attaque est précieuse.
Remarquable technicien, provocateur balle au pied, doté d’une bonne vision du jeu, le joueur ne rechigne peut également évoluer en milieu défensif.
Celui que les fans surnomment « Cristiano », en référence au galactique Ronaldo, a énormément progressé depuis son arrivée en Kabylie en juillet 2009 en provenance du RC Kouba. Propos rafraîchissants d’une étoile en formation.
Ali, lors du match aller de Ligue des Champions contre Al-Ahly (1-0), vous aviez rendu une copie parfaite. Peut-on dire que vous êtes devenu un élément clé de la JS Kabylie ?
Pas plus qu’un autre. Je fais mon travail avec sérieux, enthousiasme et générosité. Il faut comprendre que la force actuelle de la JS Kabylie réside dans le collectif. Nous formons un vrai groupe, cohérent et solidaire. Je ne suis qu’un élément du système
Vous êtes un produit de la fameuse école koubéenne. À vingt ans, vous étiez un titulaire incontestable de l’équipe première. C’était une belle expérience ?
Certainement. En Algérie, le RC Kouba est vraiment un club à part dans le domaine de la formation. De nombreux joueurs vedettes dans leurs clubs actuels y ont été formés.
C’est une école qui privilégie le beau jeu et l’excellence technique. Pour moi, le symbole de cette école restera à jamais l’attaquant Salah Assad. L’un des héros, avec Madjer et Belloumi, de la belle aventure algérienne au Mondial 1982
La JSK a eu du mal à vous extraire de votre cocon algérois. Le club kabyle a dû patienter et faire jouer les bonnes relations entretenues avec le patron du conglomérat Cevital, Issad Rebrab, sponsor et président du RC Kouba. Vous étiez un gros poisson ?
(Amusé). J’avais tout simplement une année de contrat a respecter et le RC Kouba avait encore besoin de mes services. Le club en avait sans doute assez de se faire dépouiller chaque saison. Cela dit, je n’étais pas ingrat au point d’essayer de forcer le barrage. Les dirigeants ont négocié sagement et tout le monde y a trouvé son compte.
Vous aviez besoin de changer d’air ?
De grandir, oui. C’est une ambition naturelle pour chaque footballeur. La JS Kabylie était une belle opportunité.
Les supporters de Kouba vous ont-il tenu rigueur ?
Je ne crois pas. Il m’arrive de retourner dans mon quartier et les gens n’ont que des mots gentils pour moi. On me félicité, on m’encourage. C’est gratifiant.
Pour les fans du RCK, vous étiez « Cristiano », en référence à la star portugaise de Manchester United puis du Real Madrid. Plutôt flatteur, non ?
(Rieur et étonné). Franchement, je n’ai jamais compris pourquoi les supporters sont allés chercher cette comparaison. Certes, je reconnais faire preuve d’une bonne maîtrise technique et aimer conserver le ballon. Mais de là à me comparer au Portugais…J’en suis bien loin. Mais bon, si cela plaît aux fans, tant mieux.
C’est peut-être aussi cette petite ressemblance physique ?
(Gêné). Si vous le dites…
Vous reconnaissez tout de même avoir franchi un pallier depuis que vous évoluez avec la JS Kabylie ?
C’est une évidence. Ici, je profite de la forte concurrence au sein de l’effectif et de conditions de travail optimales. On parle quand même de l’un des meilleurs clubs passé et présent du football algérien.
Avant de signer en Kabylie, vous auriez été approché par des clubs français. Des noms avaient été avancés dans les médias : Monaco, Metz, Istres. Vous confirmez ?
Le FC Istres m’a effectivement observé à l’époque où j’évoluais à Kouba. Et a confirmé son intérêt lors de mon dernier stage avec la JSK dans le Sud de la France.
Vous êtes partant pour une expérience professionnelle en Europe ?
Comme tout joueur ambitieux. Mais je ne suis pas pressé et je ne ferai pas n’importe quoi. Pour le moment, toute mon énergie est consacrée à mon club actuel. La saison qui démarre s’annonce exceptionnelle et je veux en profiter au maximum.
Vous avez effectivement entamé la Ligue des Champions à cent à l’heure…
Je crois que l’on ne mesure pas encore la qualité de la performance accomplie. Aligner trois victoires consécutives dans la plus belle des épreuves continentales face à des adversaires de haut niveau n’est pas banal. Mais nous restons prudents. Le travail n’est pas fini.
Justement, vous vous rendez au Caire où vous attend un match difficile dimanche face au Ahly. Vous craignez ce déplacement ?
Pas spécialement. Sur le plan sportif, nous sommes prêts à relever le défi. Nous montrerons que notre place de leader du groupe B n’est pas usurpée et que notre succès devant Al-Ahly à Tizi Ouzou était mérité et logique.
À l’aller, vous aviez bien maîtrisé les Cairotes. N’avez-vous l’impression d’avoir été pris de haut par les Egyptiens ?
Ce n’était pas une impression, mais une réalité. Cela dit, nous avons affronté un club légendaire.Sur la pelouse, du stade du 1er novembre, nous avions une brochette de stars en face de nous. C’était comme si nous avions affronté l’équipe nationale d’Egypte (neuf titulaires en puissance).
Les Egyptiens affirment avoir été mal reçus par la JS Kabylie. Craignez vous des représailles au Caire ?
C’est un débat fatigant. Je préfère le laisser aux journalistes et aux observateurs. Je sais que notre club et que notre ville ont fait le maximum pour recevoir dignement leurs visiteurs. Les caméras des télévisions présentes du début à la fin de l’événement témoignent de la chaleur de cet accueil.
Sur le plan sportif, dans quel état d’esprit aborderez-vous la rencontre de dimanche ?
C’est très clair dans nos têtes, nous allons au Caire pour gagner. L’objectif est de valider sans attendre notre billet pour les demi-finales.
Désormais, la JSK ambitionne d’aller au bout du rêve, c’est-à-dire gagner le titre continental ?
Nous n’en parlons pas du matin au soir. Mais l’idée trotte dans la tête de chacun d’entre nous : joueurs et dirigeants.
Maintenant qua vous avez affronté au moins une fois chacun de vos trois adversaires, lequel vous a impressionné ?
(Sans hésitation). Heartland FC. Les Nigérians sont vraiment forts. Excellents techniciens et très bien organisés. Nous avons vraiment souffert avant de les battre (1-0).
Pour finir, revenons à vous. Etes-vous déçu de ne pas faire (encore) partie des plans du staff technique des Fennecs, alors que tous les observateurs louent votre talent et soulignent votre progression ?
Il faut reconnaître que nous avons aujourd’hui une grande équipe nationale. Je sais que la concurrence y est vive. Je ne m’inquiète ni désespère. Je vais continuer à travailler pour n’avoir rien à regretter. Mon tour arrivera un jour peut-être, inchallah !