Le pouvoir Algérien, qui a cru avoir trouvé la parade pour s’éviter de réprimer la marche du 12 février à Alger, a raté de dissuader la coordination nationale pour le changement et la démocratie. Réunie mardi 8 février à Alger, les organisateurs ont réitéré leur volonté de tenir la manifestation dans la Capitale et mis en place un comité d’organisation. L’avocat Ali Yahia, militants des droits de l’homme a emprunté au héros de la révolution algérienne Larbi Ben M’hidi cette formule pour qualifier le mouvement de contestation : « La marche est dans la rue. »
Réunie mardi 8 février, à Dar El Beida, dans la banlieue est d’Alger, la coordination s’est déclarée plus que jamais déterminée à organiser sa marche dans la capitale. Le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, aura beau chercher un moyen d’éloigner la révolte des portes d’Alger, rien n’y fait : la marche est maintenue.
Programmé bien avant que la wilaya d’Alger ne notifie sa décision de ne pas autoriser la marche, la réunion de la coordination nationale pour le changement et la démocratie fut, finalement, une opportunité de plus pour l’expression de la détermination à aller au bout d’un engagement qui vise non pas à amener le pouvoir à quelques concessions mais à mettre le pays sur les rails du changement.
Toute cette détermination a été exprimée par l’avocat des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdenour qui, du haut de ses quatre-vingt ans, continuer de traîner son bâton de vieux militant de conclave en conclave pour dire que nul despote ne peut arrêter la marche de l’histoire. Les nombreux participants à la réunion de la coordination ont fait honneur à Ali Yahia s’exprimer en premier. « La marche est dans la rue », dit-il.
Il y a du Ben M’hidi dans la formule. Ali Yahia le reconnaît, l’avoue. Le héros de la révolution algérienne, Larbi Ben M’hidi, mort étranglé en mars 1957, avait lancé une phrase devenue célèbre : « Jetez la révolution dans la rue et elle sera prise en charge par le peuple. »
La paraphrase sied formidablement au moment. La marche du 12 février n’est plus une marche de la coordination. C’est celle des Algériens qui ne veulent pas rater le train de l’histoire qui s’accélère. « L’histoire s’est accélérée. Tous les calculs pour les successions aux pouvoirs sont balayés », ajoute Ali Yahia qui s’exprime. Point de contradicteurs dans la nombreuse assistance. Le doyen a parlé.
« On marchera le 12 février à Alger », diront, tour à tour, les intervenants lors de ce conclave. Vite, la décision de maintenir la marche est adoptée. L’utile, diront-ils, est de s’atteler aux préparatifs. Les débats enclenchent sur l’organisation de la manifestation. L’idée de la mise sur pied d’un comité de liaison est applaudie aussitôt exprimée. Un comité qui se tiendra en alerte pour répertorier les éventuelles interpellations et en alerter les médias.
On ne sait de quoi le 12 février sera fait. Mais aussi importantes demeurent les actions pratiques. En guise de solidarité avec le peuple Egyptien, un rassemblement est programmé mercredi 09 à 14 heures devant l’ambassade égyptienne à Alger.
De la digression il en fallait pour de tels conclaves. Elle vient du président de séance, un syndicaliste du CLA : « Les marches sont autorisés partout, sauf à Alger. Et si les Algérois décident de marcher, devraient-ils aller ailleurs ?»