Outre la modernisation nécessaire de ses outils militaires, la France se mobilise-t-elle pour rester dans la course spatiale ?
La France a peu évolué ces dernières années dans le domaine spatial sauf au niveau des armées, qui ont accru l’utilisation des moyens spatiaux dans le cadre des opérations telles que « Serval » au Mali, en 2013. La dynamique mondiale a été relancée par des acteurs nouveaux, dotés de moyens importants, d’origines privée et publique, comme Elon Musk aux Etats-Unis. Les compétitions renaissent et les tensions diplomatiques s’accroissent dans l’espace, reflétant le jeu des puissances sur terre. Dans un monde ultraconnecté, les univers civil et militaire convergent. Face à cette situation, il y a une volonté en France d’impulser un mouvement.
La dissuasion nucléaire singularise la position française en Europe, car elle passe par le domaine spatial. La France considère que c’est un milieu où elle doit continuer d’être capable d’agir et qu’il faut un acte de présence dans l’espace pour être une nation respectée. Cela implique de disposer de moyens. L’aspect souveraineté est primordial et concerne d’abord la surveillance. L’autre question fondamentale est celle du maintien d’un accès garanti à l’espace, de la disponibilité certaine des moyens spatiaux et de la définition de leur ampleur. Les Etats-Unis ont 150 satellites militaires, la France en a 12. Tout dépend des objectifs fixés. La « revisite », c’est-à-dire la capacité de repasser par le même point plusieurs fois par jour, peut offrir une certaine persistance dans l’observation. Les constellations de satellites commerciaux y contribueront. Par son agilité, la composante spatiale optique permettra une meilleure réactivité.
Pour la défense, une stratégie globale devient nécessaire, or la France n’en a jamais vraiment eue. Le réinvestissement dépend de quelle puissance militaire on veut être, de quelle capacité à mener des opérations extérieures on veut disposer… Se pose aussi la question des opérateurs de confiance sur lesquels l’Etat pourrait se reposer, dans un contexte industriel en pleine mutation. La ministre des armées, Florence Parly, a appelé à les définir. Enfin, comment défendre ces moyens si nécessaire ? Il faut établir jusqu’où aller, et comment dissuader.