Xavier Driencourt sur la grâce de Sansal : « Il n’y a pas d’humanité de la part des Algériens »

Xavier Driencourt sur la grâce de Sansal : « Il n’y a pas d’humanité de la part des Algériens »
Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, critique l’interprétation officielle de la grâce accordée à l’écrivain Boualem Sansal.

La grâce de Boualem Sansal, obtenue à la demande de l’Allemagne et accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, a offert un bref répit dans les relations franco-algériennes. Toutefois, ce geste diplomatique est perçu par certains, comme l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt, comme « une tactique d’Alger pour redorer son image ».

La libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, intervenue après la demande du président allemand Franck-Walter Steinmeier auprès de son homologue Abdelmadjid Tebboune, est considérée comme un geste diplomatique fort signalant un apaisement entre Paris et Alger après plus d’un an de crise.

Cependant, comme l’a souligné Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Algérie, l’heure est désormais à la normalisation durable d’une relation récemment tumultueuse, marquant ainsi l’entrée dans une « nouvelle phase ».

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Xavier Driencourt critique l’interprétation officielle de la grâce accordée à Boualem Sansal

Alors que le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, rendait hommage au « geste d’humanité » du président Abdelmadjid Tebboune, dans une déclaration faite à la Tribune Dimanche, le 16 novembre dernier, l’ancien ambassadeur français, Xavier Driencourt, a qualifié de « disproportionnées » ces réactions officielles.

En effet, Driencourt ne mâche pas ses mots. Sur Europe 1, il a violemment critiqué l’interprétation officielle du geste diplomatique d’Abdelmadjid Tebboune, la qualifiant de « largement exagérée ». Il a affirmé qu’il n’y avait «d’humanité de la part des Algériens ni du président Tebboune », justifiant cette froide analyse par le fait que « l’Algérie traverse une situation politique, économique et diplomatique qui est absolument catastrophique », selon lui.

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Driencourt refuse devoir l’apaisement des relations franco-algériennes

L’ancien ambassadeur de France a poursuivi son réquisitoire sans nuances contre Alger. Pour étayer son argumentaire, il a cité le dossier sensible du Sahara occidental : « Elle a été battue à l’ONU la semaine dernière sur la résolution sur le Sahara occidental. Politiquement, la situation est très compliquée (…) Le directeur de l’ANEP, l’agence de presse algérienne, est resté huit mois en fonction puis il a été condamné à sept ans de prison ».

Dans sa déclaration sur Europe 1, il balaye même l’idée d’humanité, insistant sur un « calcul assumé de l’Algérie », qui aurait, selon ses dires, profité de l’intercession allemande pour se débarrasser du dossier de Boualem Sansal.

Cette interprétation de Xavier Driencourt réduit l’ensemble de l’acte diplomatique à une « manœuvre », refusant d’y voir la moindre lueur d’un apaisement sincère.

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