Wikileaks/Prisonniers de Guantanamo, dont des Algériens: La France monnayait l’accueil des détenus

Wikileaks/Prisonniers de Guantanamo, dont des Algériens: La France monnayait l’accueil des détenus
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Les révélations les plus accablantes de «Wikileaks» continuent, car après des informations concernant l’Iran, l’Arabie saoudite, la Corée du Nord et autres, c’est au tour des relations entre la France et les Etats-Unis.

Ainsi, la France aurait négocié des «versements financiers» avec les Etats-Unis pour accueillir des détenus de Guantanamo. Selon un document révélé par «le Monde.fr» lundi soir, il est à souligner que la nationalité de ces détenus n’a pas été révélée; cependant, quelques indications montrent qu’il y aurait des Algériens parmi eux. D’ailleurs, la France a accueilli en décembre 2009 Saber Lahmar, un ex-détenu algérien de Guantanamo, après avoir reçu en mai de la même année un autre ex-détenu algérien, Lakhmar Boumediene.

Selon un document obtenu par «Wikileaks» et révélé par «Le Monde», il est précisé qu’un diplomate américain à Paris écrit en janvier 2009 : «Une partie des calculs de la France sur la question des détenus de Guantanamo est de voir comment ils peuvent aider l’administration Obama, dans l’espoir d’améliorer les relations franco-américaines.» Dans ce cadre, il est rapporté «qu’en mai 2009, la France accueille Lakhmar Boumediene», un détenu algérien qui a passé huit ans au centre de détention américain sur l’île de Cuba et qui a été innocenté par la suite par la justice américaine.

D’après la même source, «l’Elysée veut faire plus, mais évoque aussi des difficultés, demandant notamment que les renseignements américains livrent plus d’informations sur les détenus». Au sujet de l’ex-détenu algérien, Lakhmar Boumediene, un diplomate américain écrit que «Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président français Nicolas Sarkozy décrit en juin 2009, l’accueil de Lakhmar Boumediene comme le début d’un processus», ajoutant que «Paris veut évaluer également d’autres candidats». Il est souligné aussi que «les responsables français s’inquiètent de la réaction du public en France». A ce titre, un télégramme note que «M. Levitte parle d’un manque de marge de manœuvre des autorités françaises, dû au fait que l’opinion française se demande pourquoi la France devrait accueillir des détenus considérés trop dangereux pour être acceptés aux Etats-Unis». Il est noté aussi que «le Congrès américain s’opposera en effet à ce que des détenus soient transférés vers les Etats-Unis». Dans le même sens, un autre document américain souligne, le 9 juillet 2009, «cette préoccupation française d’image».

A ce propos «Eric Chevallier, conseiller spécial de l’ex-ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, annonce à Dan Fried, l’émissaire américain chargé du dossier Guantanamo, que la France est prête à étudier favorablement six nouveaux dossiers de détenus». Avant d’ajouter «qu’une décision positive du Congrès sur le transfèrement de détenus vers les Etats-Unis n’est pas loin d’être une pré-condition». Sur ce point, il est ajouté que M. Chevallier semble aussi vouloir rassurer son interlocuteur en indiquant que «la France n’interviendra pas négativement dans les discussions menées entre les Etats-Unis et d’autres pays, par exemple l’Espagne, l’Italie et le Portugal pour l’accueil de détenus».

Cependant, ce qui est accablant dans cette nouvelle révélation de Wikileaks c’est que dans toute cette histoire il y a une négociation d’argent ou bien des versements financiers en échange de l’accueil des détenus de Guantanamo. A ce titre, «le Monde.fr» souligne que «Paris semble ainsi s’intéresser à un accompagnement en argent».

Dans ce cadre, il est rapporté sur la base d’un document américain que «lors de la même réunion, un autre diplomate français s’enquiert auprès de M. Fried des versements financiers accordés par les Etats-Unis à certains pays, comme l’île de Palau ou l’archipel des Bermudes, après leur accueil de prisonniers ouïghours». Il est ajouté par le document américain que «Fried a clarifié que ces fonds ne visent qu’à couvrir des dépenses remboursables, et qu’ils sont minimaux». De son côté, le diplomate français «répond que les autorités françaises ont procédé à un suivi de l’opinion publique à propos de l’accueil de Boumediene, et que l’utilisation d’argent du contribuable pour le transfèrement de détenus constitue une des préoccupations majeures». Dans ce cadre, il est indiqué que «la France accueille un deuxième ex-détenu algérien de Guantanamo, Saber Lahmar en décembre 2009».

Toutefois, «le Monde .fr» rappelle : «En septembre 2010, l’Algérien Nabil Hadjarad, emprisonné à Guantanamo depuis huit ans, s’est vu opposer un refus des autorités françaises». Ainsi, on se demande combien les Etats-Unis ont payé tous ces transferts de détenus en France ? Il est à rappeler que l’Algérie avait entamé un processus de négociations avec les autorités américaines pour rapatrier les détenus algériens de «Guantanamo», un centre qui reste un point noir dans l’histoire des Etats-Unis. En tout cas, au cours de ces négociations, les responsables algériens avaient parlé de refus d’Alger de toute condition. Il faut dire que toutes ces révélations de «Wikileaks» sèment la panique au niveau des dirigeants et responsables dans le monde.

Par Nacera Chenafi