Au stade des spéculations ou des déductions trop rapides, Wikileaks suscite depuis moins de soixante-douze heures encore plus de controverses comparativement à l’émoi jeté au sein de l’opinion publique internationale et/ou l’effroi jeté parmi ceux qui en sont le support essentiel, en l’occurrence les dirigeants de l’ensemble des pays du monde côté cour, loin de l’apparat et des ronds de jambe habituels, crument exposés par une nation réputée régulatrice du pendule rythmant la vie de la planète et surtout amie et ou alliée de tous : les Etats-Unis.
Avec les informations divulguées par le site, rarement diabolisation de l’Oncle Sam n’a été évidente pour la simple raison qu’elles semblent s’appuyer, voire s’appuient, en l’absence de démenti officiel et surtout justifié, sur des documents classés «secret confidentiel», si ce n’est «top secret». De tous les conflits armés assourdissant le globe, des tentatives d’installation ou de renversement de régime qui n’entrent pas dans leur mode de fonctionnement et que d’une manière directe ou indirecte il (l’Oncle Sam) actionne ses relais, c’est-à-dire d’autres pays alliés.Quoique au-delà de ce machiavélisme, il y ait lieu de retenir plus encore l’hypocrisie générale des responsables américains à l’endroit de l’ensemble des dirigeants de la planète et plus particulièrement de ceux qui leur sont les plus proches et de notoriété publique leur servent sans pudeur de marchepied, exécutent les desseins et légitiment l’hégémonisme de la puissante Amérique. D’où ce fameux statut de gendarme du monde.Or, il semble bien pataud et frêle, pour ne pas dire ridicule, ce puissant Etat et tout autant gendarme du monde qui vacille, non pas devant une coalition de forces armées dotée d’un armement hypersophistiqué, qui disposerait des technologies les plus modernes et donc d’armes de dissuasion massive. Non, c’est plutôt devant un site informatique géré par un groupe de personnes dont la capacité de mettre à genoux ledit maître de la planète s’est avérée plus incisive que tous les arsenaux.
Au 301ème télégramme, l’establishment américain est déjà envahi par une crainte générale, non pas pour le ou les scandales qui seraient révélés et auxquels l’ensemble des dirigeants du monde, une fois passé la panique, semblent déjà s’être cuirassés en évacuant, non sans gêne, du revers de la main tout ce qui pourrait leur être prêté ou prêté à la Maison-Blanche et ses spin-doctors à leur endroit.
Aussi désobligeantes seraient les considérations qu’auraient l’administration américaine et ses cohortes de conseillers à leur endroit.Non, l’Amérique craint surtout qu’après la guerre laborieusement menée contre Saddam Hussein, l’enlisement en Irak, le bourbier afghan, l’autre risque de bourbier que pourrait être l’Iran, la crise financière internationale partie de son territoire, l’aveu d’impuissance pour normaliser la situation ou sinon la preuve selon laquelle le temps est passé où le mythe de sa puissance était plus entretenu par la virtuelle et confortable menace de guerre froide, une situation stationnaire que la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc de l’Est ont rompu plaçant les différentes équipes qui se sont succédé à la Maison-Blanche face à des réalités auxquelles ils n’avaient pas de réponse précise et surtout salvatrice. Les conflits qui perdurent parce que l’administration américaine est partie prenante en sont les témoignages.
Mais la plus grande faiblesse des Etats-Unis, celle qui entame leur crédit à travers le monde et fait prendre des distances par le reste des pays de la planète est à l’évidence la situation en Palestine essentiellement et l’arrogance et la politique du fait accompli des Israéliens dont les dirigeants n’ont plus le moindre souci de s’inquiéter des réactions de leur allié naturel que sont les Etats-Unis, à telle enseigne qu’Obama lui-même s’est récemment aligné sur la décision du gouvernement de Netanyahou de ne pas geler l’implantation des colonies au mépris de la réprobation internationale et des résolutions de l’ONU.
Alors, y a-t-il vraiment lieu de s’étonner de voir l’élan de sympathie générale accueillant les publications des télégrammes de Wikileaks ou encore de la solidarité d’illustres personnages comme Naom Chomsky ou encore Ken Loach à Julian Assange. Jouant sur le moralisme ambiant de ses populations, grossièrement, l’administration américaine veut traîner l’un des animateurs du site sur le terrain de l’éthique. Or, question d’immoralité, les Etats-Unis en connaissent un bon bout. On en serait presque à croire revivre les aventures de Robin Hood contre le puissant Jean sans terre.