Le président soudanais Omar el-Béchir aurait détourné jusqu’à neuf milliards de dollars (6,79 milliards d’euros) de recettes pétrolières et placé cet argent dans des banques britanniques, selon une note diplomatique américaine révélée samedi par WikiLeaks.
Un responsable soudanais et le groupe bancaire britannique Lloyds Banking Group qui serait impliqué dans cette affaire selon le document diplomatique, ont démenti ces accusations.
Le télégramme, publié par le quotidien partenaire de WikiLeaks, The Guardian, cite le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, qui évalue à neuf milliards de dollars les sommes potentiellement détournées par M. Béchir.
« Ocampo a suggéré que s’il était révélé que Béchir ait caché de l’argent -il a estimé cette somme à possiblement neuf milliards USD-, cela pourrait retourner l’opinion publique soudanaise contre lui. Il passerait alors de croisé à voleur », souligne le câble diplomatique.
Le document assure que Lloyds Banking Group « pourrait détenir l’argent ou savoir où il se trouve ».
Mai une porte-parole de Lloyds a formellement démenti. « Nous ne disposons absolument d’aucun élément permettant de suggérer qu’il existe un lien quelconque entre Lloyds Banking Group et M. Béchir. Notre politique est de respecter les lois et réglementations de toutes les juridictions où nous opérons ».
A Khartoum, un haut responsable du Parti du congrès national de M. Béchir a aussi démenti ces allégations.
« C’est le type de mensonge d’Ocampo, c’est un menteur. Il n’a aucune preuve. Je peux vous assurer que le président n’a aucun compte bancaire à l’intérieur ou à l’étranger », a déclaré à l’AFP Rabie Abdel Atti.
« Si Ocampo trouve un compte (de M. Béchir) à l’étranger, qu’il garde alors l’argent pour lui », a-t-il ajouté.
Le câble a été rédigé le 24 mars 2009, peu après une rencontre entre de hauts responsables américains, et le procureur de la CPI, et 20 jours après l’émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre le président soudanais.
Omar el-Béchir est depuis le 4 mars 2009 sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile. La Cour a ajouté cette année des charges pour génocide.
M. Béchir avait lancé en 2009 une vaste campagne populaire contre la CPI, tiré à boulets rouges sur l’Occident et expulsé 13 ONG internationales oeuvrant au Darfour.
La guerre a fait depuis sept ans 300.000 morts selon les estimations de l’ONU, 10.000 seulement d’après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.