WikiLeaks : armes en Irak, les estimations erronées d’Israël

WikiLeaks : armes en Irak, les estimations erronées d’Israël
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Lorsque le sujet est abordé, lors d’une rencontre entre le sénateur américain Carl Levin, et un responsable des renseignements militaires israéliens, en mars 2009, il y a bien longtemps que les limiers américains ne cherchent plus en Irak les armes de destruction massive dont la présence supposée avait justifié, six ans plus tôt, l’invasion du pays. Un rapport américain vient d’être publié qui dresse un constat accablant pour le renseignement américain.

« Et vous ? » demande le sénateur au colonel Itai Brun. « Nous étions très proches » des estimations américaines, confesse le militaire israélien, selon un télégramme diplomatique secret obtenu par WikiLeaks et consulté par Le Monde.

A l’époque, poursuit-il, précisant que l’estimation israélienne était tirée des informations de la communauté du renseignement toute entière, nous pensions que le régime irakien disposait de lanceurs « résiduels » et de missiles sol-sol capables de porter des bombes chimiques et biologiques.

Il n’y avait pas de preuve directe, c’était une « conclusion stratégique » basée sur le comportement de Saddam Hussein dans les années 1990, selon laquelle il ne cèderait jamais ces armes. La seule conséquence de cette estimation, ajoute alors le militaire, fut la distribution de masques à gaz, mais il s’agissait d’une décision politique, non liée à la fiabilité supposée de notre conclusion.

Interrogé sur les liens supposés à l’époque entre Al-Qaida et le régime irakien, un autre militaire, le lieutenant-colonel Avi Zaroni, indique que les autorités israéliennes disposaient d’informations sur des contacts avec des deuxièmes et troisièmes couteaux d’Al-Qaida mais qu’elles « savaient » que le régime baasiste ne soutiendrait pas un « djihad ». Le colonel Brun, questionné sur un éventuel approvisionnement clandestin en uranium de l’Irak à l’époque, conclut que les autorités israéliennes ne s’étaient même pas penchées sur le sujet car elles étaient convaincues de l’inexistence d’un programme nucléaire significatif.

Gilles Paris