Sur les réformes politiques, les États-Unis estiment, par la voix de Mme Sherman, que “l’Algérie peut mieux faire”.
Même si le propos emprunte beaucoup au jargon diplomatique, il aura, cependant, le mérite de lever quelques équivoques et confortera sans doute les futurs candidats en lice à l’élection présidentielle, souvent à l’écoute de la position de Paris et de Washington. À l’issue d’une visite de deux jours en Algérie, après avoir “patrouillé” dans les pays touchés par le Printemps arabe, comme l’Égypte, la Tunisie et le Maroc, la sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques, Wendy Sherman, a assuré, hier à Alger, que son pays n’aura aucun rôle à jouer dans la future élection présidentielle algérienne. “Nous n’avons aucun rôle à jouer dans le choix du futur président qui, je le répète, revient au peuple algérien”, a indiqué Wendy Sherman, lors d’une conférence de presse animée au siège de l’ambassade américaine à Alger. Wendy Sherman, qui a repris à son compte les propos tenus une semaine plus tôt par l’ambassadeur Ensher, a précisé que son pays “soutiendra tout institution qui sera élue par le peuple algérien dans le cadre d’un processus démocratique”. En décodé : pour peu que les élections soient libres, transparentes et honnêtes, les États-Unis d’Amérique sont disposés à travailler même avec un gouvernement islamiste. À contre-courant d’une certaine opinion locale et probablement de certains pays occidentaux, la diplomate américaine n’a pas laissé transparaître des signes de préoccupation par le climat politique régnant en Algérie, lié particulièrement à la maladie du Président et son absence prolongée en France. “Je souhaite un prompt rétablissement au Président algérien qui est très connu aux États-Unis et je lui souhaite un retour immédiat. L’Algérie continue à avancer sur tous les fronts et il y a continuité”, a-t-elle dit.
Mme Sherman, qui a qualifié d’“excellentes” ses discussions avec les dirigeants algériens dont le Premier ministre Sellal et le chef de la diplomatie, Mourad Medelci, ainsi qu’avec les représentants de la société civile, les entrepreneurs et les hommes d’affaires, a indiqué avoir abordé dans ses discussions des sujets se rapportant au partenariat, au développement économique et social, à la bonne gouvernance et à la démocratie. Sur les réformes politiques, les États-Unis estiment, par la voix de Mme Sherman, que “l’Algérie peut mieux faire”.
Coopération tous azimuts
Mme Sherman distribue les bons points et se montre optimiste pour l’avenir de la coopération entre les deux pays, d’autant que, selon elle, l’Algérie travaille pour améliorer le climat des affaires et lever les obstacles. “L’Algérie connaît un présent brillant et voué à un avenir meilleur à la faveur du renforcement de ses institutions et de son processus démocratique”, a-t-elle affirmé. “L’Algérie est un marché extraordinaire et les Américains aspirent à devenir un acteur principal dans ce domaine”, a-t-elle dit. Interrogée sur la coopération sécuritaire, la diplomate américaine a indiqué que “les États-Unis coopèrent tous azimuts avec l’Algérie pour combattre le terrorisme et faire en sorte que toute la région soit sécurisée”. “Nous faisons usage de tout moyen approprié (pour ce faire) et continuerons à accroître et approfondir notre coopération.” Soulignant le rôle de “leadership” de l’Algérie dans la région, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, Mme Sherman a estimé que les deux pays (l’Algérie et les États-Unis) ont “les mêmes valeurs à partager, à savoir la paix et la sécurité dans le monde”.
“Nous devons aider les pays qui veulent la liberté”
À une question sur la situation en Libye ou la transition peine à se faire, Mme Sherman a estimé qu’il faut “soutenir le gouvernement libyen alors qu’il tente d’aller de l’avant”. “Nous devons lui apporter notre soutien et notre aide et l’Algérie, pour son rôle de leadership peut apporter beaucoup d’aide pour que les choses s’améliorent” dans ce pays voisin. “C’est une ère de grande transition dans le monde, où beaucoup de peuples veulent la liberté et la démocratie”, a-telle rappelé, citant la Tunisie, l’Égypte, ainsi que la Syrie. “Nous devons faire tout ce qui nous est possible pour les aider”, a-t-elle insisté. Enfin, sur la question sahraouie, elle a réitéré que les États-Unis encouragent les deux parties (le Front Polisario et le Maroc) à “travailler avec le secrétaire général des Nations unies et son envoyé spécial pour une solution acceptée par les deux parties, crédible et durable”.
K K