Le mouvement En Nahdha se dit outré par une décision – non encore confirmée par le ministère de l’Education – d’ouvrir les portes de l’école le vendredi matin dans certaines régions du pays.
L’instauration du week-end semi-universel n’en finit apparemment pas de produire des réactions aussi ridicules qu’infructueuses. Le parti En Nahdha estime, dans un communiqué publié hier, qu’une décision d’ouvrir les écoles le vendredi matin serait une « position dangereuse » qui aurait des « conséquences désastreuses ». La grande prière du vendredi n’ayant pas lieu le matin, la réaction du mouvement islamiste peut paraître disproportionnée. « Si la justification du changement de week-end était la protection de l’économie nationale, quel argument vont apporter les parties concernées pour le travail du vendredi dans les écoles », écrivent les membres d’En Nahda, feignant d’ignorer que les programmes scolaires doivent être achevés et qu’il s’agit là de l’avenir des générations futures. Le mouvement considère cette décision comme une « atteinte au caractère sacré » du vendredi.
En Nahda appelle ainsi le ministre de l’Education nationale à « s’en tenir » à ses précédentes déclarations. Il n’est pas dit, pourtant, que la journée du vendredi doit absolument être chômée. Les spécialistes de l’islam ont rappelé que le repos « total » du vendredi n’a aucune explication religieuse. « Le vendredi a un caractère sacral dans la mesure où c’est le jour de prière de la communauté. Mais dans le Coran, il est dit que suite à la prière, chacun doit vaquer à ses occupations. Il n’est pas dit que les gens doivent aller dormir toute la journée. Le repos total du vendredi n’a aucune explication religieuse », explique Ghaleb Bencheikh, auteur d’ouvrages sur l’Islam. Il estime que contrairement à la journée du Chabbat où les juifs doivent observer le repos total, il n’est pas interdit de travailler le vendredi. Les membres d’En Nahda n’en démordent pas : ils estiment que « les autorités doivent assumer la responsabilité d’une telle décision », et que cette « erreur » devrait être « réparée » avant qu’il ne soit trop tard.