Les Etats-Unis se préparent à un long siège des émeutes arabes. Le titre du New York Times traduit la perception, plutôt pessimiste de l’administration américaine, sur le temps d’apaisement de la crise actuelle avec le monde islamique.
L’administration Obama, en pleine campagne présidentielle, ne veut prendre aucun risque. Elle évacue les personnels diplomatiques «non essentiels» et leurs familles de Tunisie et du Soudan, théâtre d’attaques. Violentes contre les représentations diplomatiques. Les Etats-Unis ont également déconseillé à leurs citoyens de se rendre dans ces deux pays.
La promesse du ministre tunisien de l’Intérieur, dont la gestion de la crise est fortement décriée en Tunisie, de punir ceux qui étaient impliqués dans l’attaque contre l’ambassade n’a pas dissuadé les Américains de prendre les mesures de précaution.
«Etant donné la situation en termes de sécurité à Tunis et à Khartoum, le département d’Etat a ordonné le départ de toutes les familles et de tout le personnel non indispensable de ces deux postes, et a publié parallèlement des avertissements déconseillant aux citoyens américains de voyager» dans ces pays, a indiqué Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat.
Les citoyens américains sont d’une manière générale appelés à faire profil bas et «à éviter toutes les manifestations publiques et tous les rassemblements politiques, car même des manifestations qui semblent pacifiques peuvent devenir agressives et violentes sans avertissement».
UNE MENACE «CRITIQUE» AU SOUDAN
L’administration Obama qui sait que le candidat républicain, Mitt Romney, est à l’affût pour essayer de se relancer dans les sondages, tente de combiner entre le principe de précaution et la fermeté, avec l’envoi de Marines, pour sécuriser les ambassades dans plusieurs pays du monde arabo-islamique. Le principe de précaution vaut pour le Soudan, qui a refusé la venue de Marines, où selon l’avertissement du département d’Etat la menace terroriste est «critique».
Les citoyens américains qui restent au Soudan ont reçu un message non équivoque : «Vous devez garder un profil bas, varier vos horaires et vos itinéraires de trajet, conduire prudemment et vous assurer que votre passeport et votre visa soudanais sont toujours valides».
Pour la Tunisie, les citoyens américains qui y restent sont invités à une «extrême prudence» et à avertir l’ambassade de leur présence. En Tunisie, l’attaque contre l’ambassade américaine a fait 4 morts et 49 blessés.
Les Etats-Unis qui ont envoyé des Marines en Libye et au Yémen estiment ne pas avoir besoin de renforcer leur présence militaire au Proche-Orient à la suite de la crise née du film insultant pour le prophète. L’action semble se concentrer sur l’envoi de personnel militaire pour sécuriser les ambassades là où elles seraient menacées.
COUP D’ÉCLAT DES TALIBANS
Le secrétaire d’Etat à la défense, Leon Panetta, a indiqué que les Etats-Unis avaient déjà une «présence importante dans la région» et que des équipes antiterroristes ont été déjà déployées et «peuvent réagir rapidement si l’instruction leur en est donnée».
«Nous ne ferons rien pour le moment sauf si le département d’Etat nous le demande», a-t-il précisé. La situation reste délicate pour les Américains comme en témoigne l’attaque lancée par un policier afghan contre un poste de contrôle de l’Otan tuant quatre militaires américains. Les talibans sont même parvenus à détruire six avions de combat dans une attaque contre une base de l’Otan, dans la province du Helmand (sud).
Trois postes de ravitaillement ont été également été détruits et six hangars d’avions ayant été atteints, selon un communiqué. C’est la plus grosse perte en matériel enregistré par la coalition dans une seule opération en dix ans. Dans un contexte électoral où son adversaire cherche des arguments pour remonter dans les sondages, le président Obama doit montrer qu’il est capable d’assurer la sécurité des représentations diplomatiques américaines dans le monde arabe.
Il doit aussi, pour éviter de donner crédit à l’accusation de mollesse lancée par son adversaire, hausser le ton à l’égard des nouveaux pouvoirs arrivés dans le sillage du «printemps arabe». Il n’y a pas officiellement une révision du soutien aux processus de changement engagés dans certains pays arabes, mais l’administration américaine tente de se montrer plus ferme en exigeant des pouvoirs en place d’assumer leur «responsabilité ».
L’empressement de Mitt Romney à essayer de «profiter» de l’attaque meurtrière de Benghazi a aidé l’administration Obama à gérer le «choc». «Le gouverneur Romney semble avoir une tendance à tirer d’abord et viser ensuite», avait riposté Obama. Mais il est clair que la politique étrangère, qui passait au second plan, est entrée dans le débat électoral.
Salem Ferdi