Au cours de notre présence à Mendoza pour couvrir la Copa América, nous avons demandé à interviewer Walter Gargano, le joueur uruguayen qui connaît le mieux l’Algérie pour avoir affronté les Verts en août 2009 et pour être un grand ami de deux internationaux algériens : Abdelkader Ghezzal et Hassen Yebda.
Gargano qui a accepté volontiers de s’adresser à nous, s’est dit surpris par les mauvais résultats de l’équipe algérienne, mais convaincu que l’Algérie retrouvera vite le niveau de 2009 qui lui a permis de se qualifier en Coupe du monde. Avant d’entamer l’entretien, nous avons sollicité Matias, l’attaché de presse pour nous faire les photos non sans lui faire quelques reproches : «Nous allons vous faire travailler parce que vous nous avez fait attendre avant de nous organiser cette rencontre avec Walter.»
Avec un large sourire, Gargano est intervenu pour remettre les choses en place : «C’est de ma faute car à chaque fois que je voulais descendre pour vous rencontrer, il y a avait un problème, c’est moi qui vous ai fait attendre et je m’en excuse», nous a-t-il dit.
Depuis le début de la Copa América, vous n’avez pas beaucoup joué. Comment vivez-vous cette nouvelle situation en sélection ?

C’est une situation nouvelle et surtout embarrassante. D’une part je me retrouve sur le banc après avoir été titulaire depuis longtemps et d’autre part l’équipe est en train de réaliser de bons résultats sans moi. Pour l’intérêt du pays, je préfère me taire et attendre que le coach me donne une nouvelle chance pour lui prouver que je peux être utile à l’équipe.
Tout à l’heure, l’attaché de presse de la fédération uruguayenne nous a dit que vous étiez au courant que Yebda n’allait pas rester à Naples. C’est lui qui vous l’a dit ?
En fait, il m’a dit qu’un journaliste algérien voulait me rencontrer pour parler de Yebda, mon coéquipier à Naples. Je lui ai précisé que désormais, on n’était plus coéquipiers parce que je venais d’apprendre sur Internet que Naples n’allait pas l’engager. C’est une décision du club qu’il fallait respecter, mais c’est toujours triste de voir partir un ami.
Ça devrait pourtant être une bonne nouvelle pour vous puisque le départ de Yebda veut dire le départ d’un concurrent direct pour le poste de titulaire, non ?
Et bien détrompez-vous ! Yebda était certes mon concurrent, mais avec lui j’étais au moins certain de jouer deux matchs sur trois comme titulaire. Si vous avez bien suivi les matchs de Naples, vous aurez remarqué que le coach faisait une espèce de turn-over entre Yebda, Pazienza et moi. A chaque match, il faisait joueur deux d’entre nous et reposer le troisième. Je ne sais pas si avec les nouvelles recrues j’aurais cette chance là. Non, ça se passait très bien entre nous que ce soit sur le terrain ou en dehors.
Il parait que Yebda s’entendait bien avec les Uruguayens de Naples, Cavani et vous ?
Pas seulement les Uruguayens, mais tous les Sud-Américains. Depuis que j’ai connu Hassen (Ndlr. Il l’appelle toujours par son prénom), j’ai découvert que la mentalité algérienne n’est pas très différente de celle des Sud-Américains. C’est cela qui faisait que Hassen s’est vite lié avec nous lorsqu’il était venu à Naples.
N’êtes-vous pas surpris que Naples ne veuille pas le conserver ?
Oui et non. Oui parce qu’au vu de ses prestations avec Naples, il devait logiquement rester avec nous. Non, parce qu’en football il y a des paramètres que nous les joueurs ignorons. Ça coince parfois entre dirigeants pour des questions d’argent ou autre. Mais, je suis convaincu que Yebda jouera dans un bon club en Europe. Il a les qualités pour.
Pensez-vous qu’il finisse par signer au Qatar comme vont le faire plusieurs de ses coéquipiers en équipe d’Algérie ?
Chacun a ses raisons et ses objectifs, mais à son âge, Hassen a beaucoup de belles choses à montrer en Europe. Non, sincèrement, je ne le vois pas jouer dans les pays du Golfe, du moins pas pour le moment.
En plus de Yebda, il y a plusieurs joueurs algériens en Série A. Les connaissez-vous?
Plus ou moins. Je sais qu’il y en a quelques uns, mais il y a un que j’apprécie particulièrement. D’ailleurs, j’ai échangé mon maillot avec lui lors du match amical Algérie – Uruguay d’Alger.
C’est qui ?
Ghezzal. Pour vous dire la vérité, je n’aime pas l’avoir comme adversaire. Il court dans tous les sens, il met une pression terrible sur le porteur du ballon et en plus il est bon devant les buts. Autant on n’aime pas l’avoir comme adversaire, autant on aimerait l’avoir comme partenaire. C’est aussi un bon ami que je croise avec plaisir lors des matchs de Série A.
Vous ne nous avez pas parlé de Mesbah…
Je vous l’ai dit, un joueur qui s’impose comme titulaire dans un championnat comme la Série A doit avoir beaucoup de qualités et c’est le cas de Mesbah. Après une bonne saison à Lecce, le plus dur pour lui c’est de confirmer.
En parlant du match Algérie – Uruguay, quel souvenir en gardez-vous ?
Que de bons souvenirs à part le résultat. Je me souviens qu’avant ce match, on n’avait plus perdu en amical depuis presque deux ans et les Algériens avaient mis fin à cette série. C’était un match intense entre deux équipes qui jouaient bien au foot et dans une ambiance extraordinaire qui m’a rappelé les stades d’Amérique du Sud.
A la fin du match, certains joueurs, comme Luis Suarez, s’étaient plaint de l’agressivité des joueurs algériens. Vous vous en rappelez ?
C’est normal qu’après une défaite comme ça on soit un peu déçus, mais un Uruguayen ne se plaint jamais de l’agressivité d’un joueur adverse. Ici en Amérique du Sud, nous sommes connus pour être impitoyables et très rudes sur le terrain, mais après le match on se serre la main sans aucun problème. Non, les joueurs algériens ont été très corrects même s’ils voulaient coûte que coûte nous battre.
Si on vous dit que cette même équipe qui vous a battu en 2009 n’est même pas arrivée à se qualifier à la Coupe d’Afrique des nations ?
Je ne connais pas la réalité du football algérien pour vous dire pourquoi le niveau de votre sélection a baissé, mais je peux vous dire que des passages à vide toutes les équipes du monde en connaissent. Si la même ossature qui nous a battus et qui s’est qualifiée en Coupe du monde est toujours là, je ne vois pas de raisons pour que l’équipe d’Algérie ne retrouve pas son niveau de 2009. Nous, les Uruguayens, sommes bien placés pour le savoir car après un long passage à vide, nous revenons en force vers le haut niveau.
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Gargano s’adresse à Yebda à travers le site du Buteur
A la fin de l’entretien qu’il nous a accordé, Walter Gargano a accepté de s’adresser à Yebda et Ghezzal à travers le site du Buteur (www.lebuteur.com) en leur adressant un message sympathique et en leur souhaitant une grande suite de carrière. Les deux joueurs apprécieront. Voici la teneur du message : «Depuis l’Argentine où je joue la Copa América avec l’Uruguay, je passe un grand bonjour à mes amis Hassan et Ghezzal et à tous les Algériens aussi. »