Cela fait bien des années que madame Louisa Hanoune alertait, martelait, mettait en garde contre l’intrusion de l’argent sale dans le jeu politique.
Ses alertes répétées et souvent appuyées sur des cas concrets de fraudes avérées, notamment lors des deux dernières législatives, n’ont pas été (hélas !) prises pour ce qu’elles sont : un vrai danger pour le pays, qui pervertit le principe sacré du suffrage universel. Ni les pouvoirs publics n’ont été en mesure de mettre en place des mécanismes pour endiguer le phénomène, en temps utile. Ni, d’ailleurs, les partis politiques, du pouvoir et de l’opposition, ne semblent avoir pris toute la mesure du danger que représente l’entrée massive des “fonds pourris” dans les élections.
Résultat des courses, puisqu’il s’agit bien d’une course à l’échalote d’un genre bien singulier, le phénomène est en passe de devenir une règle. L’argent sale moteur de la politique. Si bien que les partis politiques se retrouvent aujourd’hui pris au piège. Si dans le Parlement en exercice (APN et Conseil de la nation), il y a déjà une proportion d’élus qui ont acheté cash leurs sièges, alors qu’ils n’ont ni parcours militant, ni culture politique, ni culture tout court, pour prétendre à un mandat populaire (un des vice-présidents de l’APN actuelle en est l’illustration parfaite), les prochaines consultations risquent tout simplement d’accoucher de quelque chose de purement surréaliste.
Quand on observe, en effet, les vils marchandages qui se déroulent actuellement à ciel ouvert, à l’occasion des futures sénatoriales, il y a fort à parier que les futures assemblées seront incolores et inodores, composées en majorité de porteurs de la “chekara”. Il est vrai que le poids de l’argent, dans une société “bazarisée” comme la nôtre est très prégnant, au point que le citoyen, du moins en partie, vote non plus en conscience, mais en fonction de l’offre. De nos jours, les gros bras du narcotrafic et du commerce informel font la loi et se sentent suffisamment puissants, dans une Algérie en dérive, pour prétendre accaparer des leviers du pouvoir politique. Dans le même temps, les militants politiques authentiques, les titulaires de diplômes universitaires, qui sont en droit de briguer des mandats électifs sont disqualifiés. Cela porte bien un nom : ça s’appelle : la voyoucratie.