Vox Africa relève à partir de Bruxelles l’etouffement du négociationisme par l’armée algérienne,Tiguentourine met fin aux rançons du malheur

Vox Africa relève à partir de Bruxelles l’etouffement du négociationisme par l’armée algérienne,Tiguentourine met fin aux rançons du malheur
vox-africa-releve-a-partir-de-bruxelles-letouffement-du-negociationisme-par-larmee-algeriennetiguentourine-met-fin-aux-rancons-du-malheur.jpg

Ribeiro, de «Vox Africa», chaîne câblée émettant à partir de Bruxelles, remue ciel et terre pour me mettre la main dessus. Motif : l’émission de tout à l’heure sera consacrée, en grande partie, à l’intervention de l’armée algérienne à In Aménas. «L’Algérie donne le bon exemple, on ne négocie pas avec les terroristes, on ne paie pas de rançons, on les combat, c’est tout», c’est l’avis de l’autre animateur du plateau. Il est vrai que les Occidentaux ont surenchéri le marché aux otages et que Sarkozy a fait du paiement des rançons une fâcheuse habitude.

Tous mes collègues de Bruxelles, deuxième patrie de la presse après New York, en sont persuadés, mon séjour algérien de janvier me place en position privilégiée pour l’analyse, le commentaire, la prospective de l’après-In Aménas, de l’après-intervention militaire française au Mali.

Pas du tout surpris par l’attaque terroriste contre Tiguentourine, dégât collatéral de l’expédition punitive de Hollande, les experts, parmi les journalistes qui suivent le dossier, savent, en ce qui les concerne et le clament mordicus, l’Algérie sera le tombeau de l’islamisme armé au Mali ou les choses tourneront au vinaigre. Demain, beaucoup plus proche qu’on ne le croit, remettra sur la table les mêmes questions, les mêmes appréhensions et les mêmes réflexions d’avant-guerre. Qui pour diriger le Mali ? Quel Mali ? Comment donner des réponses satisfaisantes aux questions Azawad, Tamachakt, au chômage endémique, à la misère, au dénuement, à la pauvreté, au pouvoir d’achat presque nul ? Un Mali fédéral ? Confédéral ? Une composition intelligente, composite, mariant les principes démocratiques avec les données ethniques, raciales et sociales du pays, de ce qu’il en reste, serait une première réponse idoine, adéquate. En tout état de cause, croire que Paris, la Cédéao ou d’autres entités extra-maliennes régleront les problèmes du pays à la place des Maliens serait une illusion. Une illusion mortelle. Une illusion criminelle.

Avant de passer tout à l’heure sur «Vox Africa TV», plateau composé d’eurodéputés, de diplomates africains en poste à Bruxelles, de journalistes spécialisés dans le Sahel, Ribeiro, l’un des animateurs de l’émission, me dit sur un ton qui ne laisse planer aucune hésitation sur le principe : «Heureusement que l’Armée algérienne n’a pas laissé le doute s’installer à In Aménas.» Du Cap-Vert, Ribeiro, qui a couvert plusieurs conflits armés en Afrique et suivi de près la situation au Nord-Mali, sait d’expérience et d’expertise que négocier avec les preneurs d’otages est dangereux, contre-productif et sème le trouble. «Négocier, tactiquement sans médiatiser afin de préparer l’assaut final libérateur est une chose, médiatiser les pourparlers, en faire une politique banale en est une autre.» «C’est ce que faisait régulièrement Sarkozy et c’est ce qui donna une seconde vie au terrorisme au Mali», ajoutera un autre collègue africain juste avant l’entrée dans le vif du sujet télévisé consacré, évidemment, à la situation au Mali. C’est vrai que Sarkozy, les Autrichiens, les Allemands et d’autres encore en Europe ont joué avec le feu en payant de fortes rançons pour libérer leurs otages. L’Algérie a toujours protesté contre ces pratiques qui, en plus d’être illégales, contraires au droit international, sont porteuses de danger et alimentent le crime et le crime organisé. La France de François Hollande semble, les semaines à venir confirmeront ou infirmeront ce propos, avoir rompu avec ces pratiques odieuses. Paris est intervenu au Mali alors même que plusieurs de ses otages sont détenus là-bas par un groupe terroriste. Est-ce un risque des temps, espérons-le… Abdelkader Messahel, ministre chargé des relations avec le Maghreb et l’Afrique, avait, l’an dernier, lors d’une visite à Bruxelles, alerté sur ce danger. Lors d’un point de presse tenu à l’attention des journalistes algériens au sein de l’ambassade d’Algérie dans la capitale européenne, Messahel avait beaucoup insisté sur ce point, sur le paiement des rançons par les Occidentaux, ce qui encourage, dira-t-il, «les terroristes». En étouffant toute velléité «négociationiste» à Tiguentourine, l’armée algérienne donne à la lutte antiterroriste au Sahel et ailleurs, un vrai contenu. Le message est clair et Vox Africa de mon ami Ribeiro le relève volontiers.

A. M.