Suite à notre article concernant les céréales, paru dans notre édition du 23 juillet dernier, nous avons reçu plusieurs appels faisant état d’intenses «transactions souvent douteuses de blé dans la région de M’sila et celle de Sidi Aïssa». Selon nos différentes sources, «la région de M’sila est considérée, aujourd’hui, comme une plaque tournante du trafic de blé, surtout celui d’importation».
Cette denrée alimentaire stratégique serait au centre d’une polémique en haut lieu, une enquête ayant été ouverte à ce sujet dans le souci d’éclairer les autorités du pays sur les véritables chiffres des volumes de blé local et d’importation.
Les instances ayant déclaré avoir enregistré une autosuffisance en matière de céréales grâce à une très bonne production locale devraient s’expliquer sur les volumes importés depuis quelques mois déjà ainsi que sur leur destination finale.
Car si ces quantités importantes importées ne sont pas incluses dans le volume global des chiffres annoncés pour la production locale, où sont-elles alors ? Plus grave encore, les régions de M’sila et Sidi Aïssa auraient été déclarées il y a quelques temps comme sinistrées en matière de production de céréaliculture, alors que ces mêmes régions figurent parmi celles ayant obtenu une bonne production !
Pis, dans ces régions, «des quantités considérables de blé, notamment d’importation, seraient stockées dans certaines infrastructures».
A ce titre, nos sources bien au fait des activités de la filière de la céréaliculture indiquent «qu’il y a des quantités énormes de blé dur d’importation destinées aux semouleries mais qui se retrouvent dans certaines coopératives». Et le plus étonnant, c’est que ces quantités seraient livrées par certains agriculteurs ou des personnes qui se font passer pour des agriculteurs au service d’autrui.
Une autre source proche des services agricoles a affirmé qu’«une coopérative des céréales située à l’est d’Alger a réceptionné «5 000 quintaux de blé d’importation expédiés à partir de la wilaya de Khenchela et qui auraient été livrés en tant que blé de production nationale».
A l’origine de ces transactions douteuses, le fait qu’elles seraient directement liées au gain que produit ce trafic, car le différentiel entre les prix du blé d’importation et celui produit localement et qui est soumis à un soutien de l’Etat est conséquent. Exemple : le blé dur est cédé par les pouvoirs publics aux semouleries à 2 285 dinars le quintal, puis racheté auprès des agriculteurs au prix de 4 500 dinars le quintal.
Ce qui alimente la spéculation à hauteur de 2 215 dinars de différentiel. Notre interlocuteur qui semble détenir des preuves palpables sur ce dossier et dont un rapport aurait été transmis à la commission de l’agriculture de l’APN a indiqué, par ailleurs, que «les mêmes transactions concernent aussi l’orge» et dont le trafic se déroule du côté de Sidi Aïssa, Bordj Bou Arréridj et Bouira, notamment.
A ce sujet, les spéculateurs se sont spécialisés dans la collecte des «orges d’importation» destinés aux éleveurs particulièrement durant la période de février et «livrés par la suite aux coopératives en tant que production locale».
Au passage, il faut expliquer que ce trafic d’orge est l’un des facteurs à l’origine de la flambée des prix de la viande. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions, dans le dossier «viande».
A.Timizar