Le deuxième procès par contumace de l’ex-président Ben Ali s’est ouvert lundi à Tunis, marqué par le retrait des avocats de la défense qui protestent contre le rejet de leur demande de report. Ben Ali est jugé par contumace aujourd’hui à Tunis dans une affaire de détention d’armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques, un procès formel dont le verdict devrait être connu dans la journée, à moins d’un nouveau report.
Le procès, initialement prévu le 30 juin mais qui avait été reporté pour cause de grève des magistrats, s’est ouvert à 8h30 devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. C’est cette même cour qui a déjà condamné par contumace, le 20 juin, l’ancien homme fort de la Tunisie et son épouse Leïla Trabelsi à 35 ans de prison et 45 millions d’euros d’amende pour détournement de fonds.
Nous ne voulons pas participer à ce procès et nous nous retirons, a déclaré Me Hosni Beji, l’un des deux avocats commis d’office, quelques minutes après le début de l’audience, alors que le tribunal venait de rejeter sa demande de report.
Des spectateurs se sont alors mis à huer le tribunal et à crier Dégage!. Le procès a repris après quelques minutes de suspension.
Devant une salle à moitié vidée, le procureur a commencé à lire l’acte d’accusation contre le président déchu. Deux kilos de résine de cannabis, des armes et des pièces archéologiques ont été découverts dans le palais présidentiel de Carthage (banlieue nord de Tunis), après la fuite du dictateur en Arabie Saoudite le 14 janvier, selon l’accusation.
« Un procès par contumace est un procès formel », souligne l’ancien juge Mokhtar Yahyaoui, précisant que « tout recommence à zéro » si l’inculpé se présente devant la justice.
La condamnation expresse lors du premier procès pour détournement de fonds le 20 juin avait suscité les critiques des avocats qui ont dénoncé « une justice expéditive ».
« On rate une occasion historique pour la justice », déplore Abdessatar Messaoudi, ancien avocat commis d’office pour Ben Ali, en réclamant « un procès équitable et le respect des droits de la défense ».
Mais « la seule possibilité pour la défense de débattre du dossier, c’est la présence de l’accusé », rappelle M. Yahyaoui, en jugeant « fantaisiste » l’hypothèse d’un retour volontaire de M. Ben Ali en Tunisie.
Lundi 20 juin, quelques heures après l’ouverture du procès, Ben Ali et de son épouse, toujours réfugiés en Arabie saoudite, ont été condamnés par contumace, lundi 20 juin, à des peines de 35 ans de prison pour détournement de fonds.
Ils ont aussi été condamnés à verser au Trésor public des amendes de 45 millions d’euros.
Ben Ali a pris la fuite le 14 janvier 2011 après 23 ans de régne.