Christophe Guillot-Noël dénonce le manque de réactivité des autorités dans l’affaire de l’AF447, samedi 1er août.
Le porte-parole de l’association des familles des victimes françaises du vol AF447 s’exprimait dans un entretien au JDD, alors qu’Airbus vient de recommander aux compagnies aériennes de remplacer des sondes Pitot de marque Thales par des sondes de Goodrich, la firme américaine, pour les Airbus A330 et A340.
Une très bonne chose, mais trop tard
Christophe Guillot-Noël affirme que « c’est une très bonne chose que les autorités européennes prennent enfin en compte les problèmes des sondes », mais souligne que « cette décision arrive trop tard ».
« Je trouve hallucinant qu’il ait fallu attendre le crash de l’AF447 et les demandes répétées de plusieurs syndicats de pilotes pour appliquer le principe de précaution, alors que le problème de givrage des sondes était connu depuis des années, avec plusieurs incidents répertoriés dont le dernier est survenu le 13 juillet sur un A320 d’Air France » entre Rome et Paris, affirme-t-il.
Critique de Thales et Airbus
Le porte-parole de l’association estime qu’il « va devenir compliqué pour Thales et Airbus de dire qu’ils n’ont aucune responsabilité concernant les sondes ».
« De même, Air France va devoir expliquer pourquoi ils n’ont pas suivi plus tôt la recommandation d’Airbus de changer les Pitot », affirme-t-il.
Il rajoute qu’en faisant « une communication politique qui consiste à ne surtout pas tirer de conclusions », le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) de l’Aviation civile adopte une attitude qui « n’est plus tenable ».
« On sait maintenant que les sondes Pitot sont bien à l’origine de l’accident », affirme-t-il, en expliquant que « le BEA doit se remettre en cause et se pencher sur les possibles dysfonctionnements des systèmes de l’avion ».
D’après Christophe Guillot-Noël, les centrales électroniques ADIRU (Air Data Inertial Reference Unit), qui envoient au système de navigation des informations sur la vitesse et l’altitude de l’appareil, « sont susceptibles d’être mis en cause dans l’accident ».
Il espère « qu’on n’attende pas dix ans pour appliquer le principe de précaution ».
La 1er juin, le vol AF447 qui reliait Rio de Janeiro à Paris, s’était abîmé au large du Brésil, faisant 228 morts.