Voilà pourquoi on l’appelle Général

Voilà pourquoi on l’appelle Général

Abdelhak Benchikha, le sélectionneur national, est surnommé le Général depuis son passage au Club Africain qu’il a hissé sut le toit de la Tunisie. On l’a vu à l’œuvre durant son séjour au Soudan pour le CHAN 2011. On sait maintenant pourquoi on le surnomme ainsi.

La discipline instaurée par Benchikha est basée en grande partie sur le respect strict des joueurs et de tous les staffs, technique, dirigeant, médical ou responsable de la logistique. Le sélectionneur national s’appuie aussi sur un règlement intérieur qu’il a communiqué aux joueurs le premier jour de sa prise de fonction. Ce sont là les grandes lignes qui permettent au Général de mener ses troupes et les guider dans leurs conquêtes, Compétition l’a vérifié au Soudan.

Il surveille tout, même Aouadj le magasinier

J-2 de la ½ finale face à la Tunisie. L’heure affichait 19h précises. Les camarades de Lemouchia rejoignaient l’hôtel pour prendre leurs douches rapidement pour être tous à table à 20h, l’heure fixée pour manger, mais aussi à Farid, le cuisinier, de tout mettre en place. Benchikha debout dans le hall de l’hôtel réglait les derniers détails concernant la journée d’après avec Salah Boutadjine. Aouadj, magasinier de l’équipe, qui voulait profiter de cette petite heure pour aller faire un tour, acheter des trucs ou tout simplement faire la prière du Maghreb dans la mosquée située à 20 m du Coral-hôtel, se dirigeait à petits pas vers la porte de sortie avant de se faire attraper. Benchikha qui surveillait tout ce qui se passait dans le hall l’a aperçu. Il l’a appelé par son prénom avant de lui lancer : tu va où comme ça ? On mange dans quelques minutes… Aouadj, intimidé et en manque d’arguments, a répondu avec une voix très basse : «Nulle part, on est là, où veux-tu qu’on aille dans cette chaleur…» La discipline n’est pas seulement destinée aux joueurs. C’est toute la délégation, Benchikha en premier, qui est appelée à respecter le règlement.

Un mois ensemble et aucun incident…

Les joueurs de l’équipe nationale A’ savent très bien que seuls ceux qui adhéreront à la méthode de Benchikha resteront dans le groupe. Au moindre dérapage, désobéissance ou écart disciplinaire, l’auteur sera systématiquement renvoyé et d’une manière définitive. Ni la valeur du joueur, ni encore moins sa médiatisation n’auront d’effet sur ses choix et décisions.

Les joueurs l’avaient bien compris. Entre supporter le régime «militaire» imposé par le Général et l’exclusion du groupe, ils ont choisi de porter l’uniforme et exécuter les ordres. C’est cette discipline omniprésente qui a conduit le groupe à cette ½ finale du CHAN. C’est grâce à cette organisation méticuleuse qui a fait que durant les 25 jours que ses joueurs ont passé ensemble, on n’a enregistré aucun écart disciplinaire. Le joueurs prennent toujours le petit déjeuner ensemble, ils déjeunent ensemble, ils dînent ensemble.

Jamais on n’a vu un joueur arriver en retard ou quitter la table avant les autres. Jamais on a vu un joueur portant une autre couleur que les autres, jamais on n’a vu, contrairement aux Tunisiens qui étaient dans le même établissement hôtelier, un joueur dans la cafétéria de l’hôtel. Durant les 20 jours passés avec l’équipe nationale, on a rarement vu un joueur tout seul. Ils étaient tout le temps en groupe, dignes dans la victoire comme dans la défaite.

16 mois avec les A’, une semaine avec les A, une différence…

Avec les A, Abdelhak n’a pas eu vraiment le temps de mettre en place sa stratégie de travail. Deux jours avant la Centrafrique et deux autres avant le Luxemburg sont insuffisants pour faire quoi que ce soit. Avant le match du Maroc, l’entraîneur national aura une semaine, du 20 au 27, pour apporter les derniers réglages. Jamais Benchikha n’a eu les joueurs A pendant une si longue période. Lors du dernier entretien qu’il nous avait accordé, le Général nous disait : «Les joueurs de l’équipe A me manquent.

Ça fait 4 mois que je ne les ai pas vus…», disait-il pour se plaindre du manque de temps qu’il a eu pour travailler et mettre sa touche avec l’équipe première. Ça ne sera pas le cas face au Maroc. Il aura relativement le temps de mieux connaître les joueurs, leur parler, préparer le match du 27 sur tous les plans, psychologique, technique et tactique. Il ne lui faudrait pas 16 mois pour en arriver à la discipline des A’, du moment que tous les joueurs de l’équipe première évoluent dans de grands clubs européens.

Ils sont donc habitués à ce genre de régime. Il leur suffirait juste de savoir et d’en être convaincus qu’ils devraient se comporter de la même façon quand ils sont avec l’équipe nationale, si ce n’est avec plus de rigueur et de discipline. Les joueurs doivent oublier leurs anciennes habitudes en sélection et cela dès ce stage avant le match du Maroc.