Depuis la destitution du président Morsi, mercredi dernier, la tension reste vive en Egypte. Le pays est dans le chaos. La pression était très perceptible hier entre opposants et partisans de Morsi et les affrontements ont fait trente morts et des milliers de blessés en l’espace de 24 heures.
La tension demeure vive en Egypte où les Frères musulmans ont appelé hier à de nouvelles manifestations pour réclamer le rétablissement du président Mohamed Morsi, écarté du pouvoir par l’armée à la faveur d’un mouvement de contestation d’une ampleur inédite. Dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, affirme qu’«il restera avec tous ses membres et ses sympathisants aux côtés des foules sur les places d’Egypte jusqu’à ce que le président soit rétabli dans ses fonctions».
Le PLJ a, en outre, salué «les millions d’Egyptiens qui se sont mobilisés depuis avant-hier dans toutes les provinces d’Egypte pour d’énormes manifestations pacifiques exprimant leur rejet du brutal coup d’Etat militaire et leur désir de voir le retour du président Morsi à ses fonctions constitutionnelles», selon le texte.
L’appel du PLJ intervient alors que la tension était encore perceptible hier aux abords de l’université du Caire, sur la rive occidentale du Nil, où les Frères musulmans ont établi des barricades et arboraient des portraits du président évincé devant les forces de sécurité, selon des médias. Les accès à la place Tahrir étaient quant à eux contrôlés par les opposants à Morsi, armés de bâtons. Le calme prévalait toutefois sur la place, où quelques centaines de personnes ont passé la nuit dans un village de tentes dressé sur le terre-plein central, d’après les mêmes sources.
37 morts et plus de mille blessés en 24 heures
Trente-sept personnes ont été tuées ces dernières 24 heures en Egypte, lors d’affrontements entre partisans et opposants du président destitué, Mohamed Morsi, et des attaques armées dans le nord du Sinaï, ont indiqué samedi le ministère de la Santé et des sources de sécurité. «Trente-six personnes ont péri et autres ont été blessées», a indiqué le ministère de la Santé. Un prêtre copte a par ailleurs été tué par des hommes non identifiés dans le Sinaï.
Ce bilan comprend 30 personnes tuées dans des heurts entre partisans et opposants de Morsi après que des affrontements eurent éclatés vendredi soir entre les deux camps, fortement mobilisés pour une journée de manifestations émaillées de violences. En outre, cinq policiers ont été tués par des hommes armés dans le Sinaï (nord-est), peu après la mort, plus tôt dans la journée, d’un soldat dans cette région instable, selon des sources au sein des services de sécurité. Dans la soirée, des partisans armés du président islamiste destitué ont attaqué le siège du gouvernorat du Nord du Sinaï à El-Arich, dans le nord-est de l’Egypte. Hier, toujours dans la péninsule en proie à une forte instabilité, un prêtre copte a été tué par des hommes armés non identifiés, selon des sources de sécurité.
Les assaillants ont sorti le prêtre de sa voiture avant de l’abattre d’une rafale d’arme automatique et de prendre la fuite, ont précisé ces sources. La région du Sinaï est en proie à une instabilité croissante depuis la chute, début 2011, du président Hosni Moubarak. Majoritairement peuplée de bédouins depuis longtemps en conflit avec le pouvoir central, elle abrite également des islamistes radicaux qui s’en servent comme base pour lancer des attaques.
Medelci rassure la communauté algérienne établie en Egypte
Des mesures de «prudence» ont été prises pour assurer la sécurité de la communauté algérienne établie en Egypte, a déclaré samedi à Alger le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. «Des mesures de prudence ont été prises. Nous sommes en contact avec les mem-bres de notre communauté d’une façon permanente, pour leur demander de rester hors des endroits où il y a des manifestations», a précisé le ministre dans une déclaration à la presse, en marge de la clôture de la session de printemps du Conseil de la nation (chambre haute du Parlement).
Le ministre a affirmé, dans le même cadre, que «la situation de la communauté algérienne établie en Egypte est bonne», ajoutant que «du point de vue de notre communauté, rien de particulier n’a été signalé». Medelci a indiqué que l’Algérie «suit avec attention la situation en Egypte», soulignant que «notre pays prendra des mesures, si c’est nécessaire, pour assurer la sécurité de notre communauté dans ce pays». Le ministre a souhaité, d’autre part, que le «calme et la stabilité» reviennent en Egypte, assurant que «l’Algérie souhaite, aussi, le bonheur au peuple de ce pays».
Par Ahcène Hadjam