Le gouvernement malien et la communauté internationale ont exprimé leurs vives condamnations et indignation à la suite de la destruction de sites religieux par des groupes armés à Tombouctou, ville du nord du Mali, inscrite fin juin par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial en péril.
A Bamako, les autorités ont condamné « la furie destructrice assimilable à des crimes de guerre », après la démolition de plusieurs mausolées à Tombouctou, par Ansar Dine, groupe armé qui contrôle le Nord malien depuis trois mois, aux côtés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et de plusieurs autres mouvements islamistes.
La médiation burkinabé dans la crise malienne, a elle aussi, dénoncé de « graves incidents » qui « ne vont pas dans le sens de l’apaisement », après la démolition de sept des seize mausolées de saints musulmans de Tombouctou ainsi que l’entrée d’une mosquée de cette ville, pendant ces trois derniers jours.
La destruction de ces monuments historiques « déchire le cœur des Maliens et de tous ceux qui ont connu ces lieux saints », a déploré le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, dont le pays conduit la médiation ouest-africaine dans la crise malienne. Il a appelé à « redoubler d’ardeur pour convaincre les parties (concernées) de s’engager dans la recherche des meilleures conditions de confiance et d’apaisement pour le dialogue constructif ».
De son côté, l’Union africaine a « vivement condamné » la destruction de mausolées à Tombouctou, selon un communiqué dans lequel le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a réitéré « la vive préoccupation de l’organisation face aux violations persistantes des droits de l’Homme et autres abus des groupes terroristes armés qui continuent d’occuper le nord du Mali ».
L’UA est également « préoccupée » face à l’aggravation de la situation humanitaire sur le terrain, a indiqué M. Ping après avoir réaffirmé « l’engagement de l’UA à collaborer avec le gouvernement malien, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les pays de la région, l’ONU et les autres partenaires internationaux pour contribuer à la mise en œuvre de mesures appropriées pour préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays », selon le texte.
L’Algérie a, elle aussi, condamné dimanche la destruction à Tombouctou de trois mausolées sacrés qui font partie du site du patrimoine mondiale.
« L’Algérie condamne la destruction de mausolées au nord du Mali, qui vise un héritage culturel et islamique appartenant à la mémoire et à la conscience collective des maliens, mais également un patrimoine commun que se partagent l’Algérie et le Mali, dont les populations ont toujours entretenu des relations séculaires faites d’échanges culturels et cultuels féconds et mutuellement enrichissants », a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans une déclaration à l’APS.
Les destructions de sites religieux à Tombouctou survenues moins d’une semaine après de violents combats (au moins 35 morts) le 27 juin à Gao (nord-est) avec la rébellion du MNLA, ont également été condamnées aux Etats-Unis.
Washington « condamne fermement la destruction par des militants islamistes de sites du patrimoine mondial de l’Unesco à Tombouctou », a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, appelant « toutes les parties à protéger le patrimoine du Mali ».
Pour la Russie la destruction « barbare » de ces sites historiques musulmans à Tombouctou « est une raison supplémentaire pour conforter les efforts à l’échelon international afin de restaurer l’intégrité territoriale du Mali et assurer la loi et l’ordre sur tout le territoire de ce pays », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La campagne de destruction intervenue après la décision de l’Unesco la semaine dernière d’inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en danger, a également soulevé l’indignation du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui a qualifié cet acte de « totalement injustifié » appelant à « sauvegarder l’héritage cultural » du pays, selon son porte-parole, Martin Nesirky.
L’Organisation de coopération islamique (OCI, 57 membres), a elle aussi déploré lundi la destruction de mausolées à Tombouctou plaidant pour la préservation d’un « patrimoine islamique », a indiqué un porte-parole qui a invité les autorités maliennes à « prendre les mesures nécessaires et appropriées pour la protection et la préservation des sites historiques » de cette ville.
Enfin, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a appelé lundi à l’arrêt « immédiat » des destructions de mausolées des saints musulmans de Tombouctou par « des éléments extrémistes qui occupent la ville ».
Le 30 mars, le Mali avait été « suspendu » des instances de la Francophonie, après le coup d’Etat militaire qui avait renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré.
Dans la foulée de ce putsch, l’immense région désertique du Nord du Mali est tombée aux mains du MNLA (rébellion touareg) et de plusieurs mouvements islamistes armés, dont Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)