La ville doit son nom à un nomade qui, en 1917, a creusé un puits qui deviendra par la suite le plus célèbre puits du pays.
C’est au milieu du désert de la ville de Hassi Messaoud entre les dunes, et plus loin le soleil brûlant, qu’est érigé le grand chantier Enafor 29, relevant de l’Entreprise nationale de forage (Enafor). Sous le nom de MDZ 663, le chantier s’impose au milieu des mirages sahariens avec son imposant puits d’une cinquantaine de mètres.
Sur le chantier, ingénieurs et ouvriers qui s’affairent à leurs tâches, arborent une mine dynamique et ce, en dépit des conditions «périlleuses» dans lesquelles ils évoluent. Ces gens ne cachent pas leur fierté de travailler sur ce chantier «important» et dans lequel ils comptent investir tout leur savoir-faire, compétence et énergie.
Le chantier Enafor 29 et son puits appartenant à la division forage de Sonatrach, est situé à 14 km de la ville de Hassi Messaoud, qui se trouve à 900 km au sud de la capitale (Alger). La ville compte moins de 60.000 habitants.
Sur place, une multitude d’appareils et d’équipements est installée, allant du high-tech au titanesque. Selon M.Rihane Rezki, directeur workover d’Enafor, l’entreprise dispose actuellement d’un parc de 38 appareils de forage de types moyen, lourd et léger, dont 12 appareils qui font le workover (opérations de reprise d’exploitation et d’entretien des puits producteurs d’hydrocarbures) aux clients de la division production et 26 autres appareils qui font le forage pour le compte de la division forage de Sonatrach.
A l’origine du pétrole de Hassi Messaoud
Sachant que l’Enafor est une entreprise qui opère sur l’ensemble du territoire national et plus généralement dans le sud du pays, M.Rezki a livré quelques informations sur l’appareil utilisé sur le chantier d’Enafor 29. Il a indiqué que «c’est un appareil qui réalise le forage d’un puits horizontal». Parmi les fonctions de cet appareil figure le pompage. C’est dire que cet appareil est doté de deux pompes à boue. Selon M.Rezki «le personnel de cet appareil est composé de 110 agents» qui «travaillent 12h/j, en deux équipes, soit 24h/24».
Le responsable soulignera que «l’appareil utilisé sur le chantier 29 a été acquis en 2008» et de préciser «on procède à la recertification de nos appareils tous les dix ans».
La ville de Hassi Messaoud ou «puits de Messaoud» doit son nom à un nomade et éleveur de bétail qui s’appelait Rouabah Messaoud. Cet homme avait pour habitude de creuser des puits pour garantir de l’eau à son bétail. Le légendaire Messaoud creusa un puits en 1917 et ce puits sera le plus célèbre du pays.
Juste après avoir reçu la présentation du chantier, une autre présentation primordiale a été faite. Il s’agit bien évidemment des mesures et consignes de sécurité.
En effet, sur un chantier de forage, il n’y a pas de place pour la faute ou la négligence, car même les petits détails peuvent avoir des répercussions néfastes. C’est dans cette optique que le responsable de sécurité a souligné que «la politique de l’entreprise se résume en: pas d’accident, pas d’incident et pas d’atteinte à l’environnement». Selon lui, la zone d’activité au niveau du site est délimitée par un périmètre de sécurité, avec deux points de rassemblement en cas de «pépin». Il a fait également état des codes d’alarmes utilisés en cas d’urgence.
Pour le chef de pôle forage, M.Boutmedjet Noureddine, les puits horizontaux sont utilisés pour améliorer la productivité des réservoirs, car selon lui «au fur et à mesure, il y a une déplétion et une diminution de la pression» d’où la nécessité de procéder au forage horizontal. Il a précisé: «Nous maîtrisons largement ce procédé, cela fait 20 ans qu’on fait ce genre de puits.»
Les sociétés étrangères à la rescousse
Par ailleurs, M.Kichou nous a indiqué que certains équipements tels que les moteurs de fond et les MWD sont nécessaires lors du forage et servent plus exactement à faire «la partie courbe du forage horizontal». Ces équipements appartiennent à des compagnies de services étrangères dont Baker Hugues, Halliburton, Schlumberger et Weather Fort. Ces compagnies sont les seules à avoir ces équipements, selon M.Kichou. Il nous signalera également que le chantier est doté d’un système de sécurité appelé le bloc d’obturation de puits (BOP). Ce système, selon les explications du responsable, est «un ensemble de vannes placées sur la tête d’un puits en forage et ce, en vue de fermer le puits en cas de danger».
La Bjsp est une société de droit algérien, c’est un mixte entre le groupe Ensp (Entreprise nationale de service aux puits) et BJ services, qui est une compagnie internationale de droit U.S fournisseur de service pétrolier. La Bjsp assure la cimentation des puits, la stimulation, le pompage et le coiled tubing.
Le P-DG de l’entreprise, M.Chorfi Hichem, a souligné qu’«actuellement, une équipe type de fracturation est composée de 98% de personnel local qualifié». Par la suite, une visite au laboratoire de Hassi Messaoud a eu lieu où les ingénieurs ont expliqué et démontré un produit gluant utilisé dans l’extraction du pétrole. Selon les responsables, c’est ce même produit qui va être utilisé dans l’extraction des ressources non conventionnelles. Se basant sur les explications des ingénieurs, ce produit n’est ni nocif ni toxique. Il est composée d’aliments, de cosmétiques et d’eau.
Les travailleurs qui sont le poumon de l’activité pétrolière dans le Sud, se sont retrouvés otages… du désert. Car il faut le dire, pendant que des firmes exploitent le pétrole, les sous-traitants, eux, exploitent leurs ouvriers.
La sous-traitance et ses lois
Pendant notre visite, nous avons croisé un agent de sécurité au sein d’une société sous-traitante, cet homme affirme toucher «18.000 DA/mois» soit le Snmg. Par ailleurs, un responsable de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), nous a confirmé le constat, en déplorant cette situation de désastreuse.
Selon lui, la mission d’audit relève des prérogatives du ministère du Travail et non pas de l’ARH.
Il nous fera également savoir que «la loi interdit à toute personne n’appartenant pas ou n’ayant jamais appartenu au domaine sécuritaire ou militaire de monter une société de gardiennage» seulement, selon lui «on recense beaucoup de sociétés qui appartiennent à des gens qui n’ont aucun lien avec le domaine de la sécurité».