La visite officielle qu’effectuera le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, mardi en Allemagne, sera l’occasion pour les deux pays d’identifier les potentialités économiques de coopération susceptibles d’être renforcés entre Alger et Berlin, indique-t-on lundi de source diplomatique.
Cette visite illustre la volonté partagée d’explorer et de mieux mettre à profit les éléments de complémentarité qu’offrent les potentialités de l’Algérie et l’Allemagne afin de « consolider les acquis d’une relation qui se développe au fil des années », notamment depuis la première visite du chef de l’Etat à Berlin en 2001, estime-t-on de même source. Les responsables des deux pays auront ainsi l’occasion « de passer en revue l’état des relations bilatérales et d’étudier les voies et les moyens de les insuffler pour leur imprimer une dynamique à la mesure des potentialités que recèlent les deux économies », a précisé un communiqué de la présidence de la République.
Elle sera également « l’occasion d’examiner les questions d’intérêt commun ainsi que les questions internationales de l’heure de même que les moyens pour chacune des parties d’apporter sa contribution à la paix et à la sécurité dans le monde et dans l’ensemble euro-méditerranéen », a ajouté la même source. Par ailleurs, la source diplomatique souligne que cette deuxième visite intervient à un moment où les relations entre les deux pays connaissent une »évolution appréciable », d’autant qu’elles ont enregistré, au cours de ces dernières années, un développement « notable en qualité et en densité ».
Cette évolution se traduit, notamment par un échange régulier de visites de haut niveau entre les deux pays, dont celles effectuées en Algérie par l’ancien président fédéral, M. Horst Kohler, en novembre 2007 et par la chancelière Mme Angela Merkel, en juillet 2008. La volonté politique « partagée » par les deux capitales et leurs intérêts économiques et géostratégiques respectifs, « restent, malgré la crise économique et financière mondiale, favorables au renforcement des échanges économiques et de la coopération bilatérale dans plusieurs secteurs porteurs », souligne-t-on. Dans ce contexte, on relève que « l’absence de contentieux ou de différends » entre les deux pays, ainsi que « l’aisance financière » dont dispose l’Algérie, permettront la mise à profit de tous les éléments de complémentarité qui caractérisent les économies algérienne et allemande.
Les opérateurs allemands ont montré, rappelle-t-on, un « vif intérêt » pour le développement des relations avec leurs partenaires algériens dans les domaines des énergies renouvelables, des technologies de l’environnement, de la construction et de la réparation maritime, des transports, des infrastructures, et de l’industrie chimique. De nombreuses PME allemandes ont ainsi exprimé leur souhait de prendre part aux projets de réalisation de logements et d’infrastructures routières, inscrits dans le programme quinquennal 2010-2014. Quatre délégations d’hommes d’affaires, représentant les Landers (Etats fédéraux), ont déjà effectué des visites en Algérie au cours de cette année. Au chapitre commercial, la même source indique que le volume des échanges a atteint, au cours des années 2007 et 2008, un niveau « appréciable » avec respectivement 1,32 milliard de dollars et 2,76 milliards de dollars.
Pour l’année 2009, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Allemagne ont atteint 2,96 milliards de dollars, soit une augmentation de 7%, relève-t-on. Durant la même année, une baisse « substantielle » des exportations algériennes vers l’Allemagne a été enregistrée (-109 millions de dollars), note-t-on. Pour le premier semestre 2010, l’Allemagne a occupé le 4e rang parmi les fournisseurs de l’Algérie avec 1,276 milliard de dollars, soit -12,9% par rapport à 2009. On souligne aussi que l’Allemagne ne figure pas dans le classement des 15 premiers clients de l’Algérie du premier semestre 2010, ce qui signifie que les exportations algériennes vers ce pays est inférieur à 203 millions de dollars.
L’Algérie importe essentiellement de ce pays des équipements mécaniques, électriques, sidérurgiques, des véhicules et des produits chimiques et des graisses. Les exportations algériennes sont, à l’inverse, constituées essentiellement des hydrocarbures (pétrole et gaz) et dérivés. Le niveau de coopération algéro-allemande est, en outre, soutenu par la Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie, créée en 2006. Cette structure compte actuellement 620 d’adhérents dont pas moins de 200 entreprises présentes en Algérie.
Mais, on relève que le volet le « plus important » des relations algéro-allemandes est la formation pour la petite et moyenne entreprises (PME).
« Positif, créateur d’emplois et de richesse et répondant au principe, gagnant-gagnant, l’investissement allemand en Algérie n’est pas important, mais peut se développer », soutient cependant la même source. Dans le domaine scientifique, l’Allemand Solar-Institut de Julich (SIJ) mène un projet de réalisation d’une tour solaire thermoélectronique à Tipasa, en collaboration avec le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER).
L’accord relatif à ce projet a été signé et les travaux de réalisation, financés en grande partie par l’Allemagne, débuteront au courant du premier trimestre 2011.
Un autre projet, « Desertec », évalué à 400 milliards de dollars, destiné à exploiter le potentiel solaire de l’Algérie pour produire de l’énergie alternative,représente également un grand intérêt pour l’Allemagne, leader mondial dans le domaine des énergies nouvelles. On rappelle, à cette occasion, que l’Allemagne a été le principal partenaire à avoir accompagner le processus de l’industrialisation de l’Algérie durant les années 1970.
En tant qu’ »acteur majeur » sur la scène internationale depuis la réunification en 1990, mais aussi avec son rôle « moteur » au sein de l’Union européenne, l’Allemagne « peut apporter beaucoup à l’Algérie dans sa politique actuelle de développement », estime-t-on.
On souligne de même source que l’Allemagne, qui est candidate pour un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, est une puissance économique majeure qui « peut s’affirmer sur le plan politique » et un partenariat solide avec ce pays qui « résiste assez bien » à la crise économique et financière mondiale, « permettrait un transfert de sa technologie et son savoir-faire à l’Algérie ». Enfin, il convient de relever que le nombre des ressortissants algériens établis en Allemagne, inscrits au niveau des représentation diplomatique (ambassade à Berlin et consulat à Bonn) est estimé à 28 900.