Visite décalée de Sellal à Londres, Cafouillage, couacs et rumeurs

Visite décalée de Sellal à Londres, Cafouillage, couacs et rumeurs
visite-decalee-de-sellal-a-londres-cafouillage-couacs-et-rumeurs.jpg

Si ce n’est pas un prélude à des recompositions au niveau de l’Exécutif, l’atmosphère ayant prévalu autour de la visite de Sellal laisse entrevoir un malaise plus ou moins aigu au sommet de l’État.

Une rumeur autour de la fin de mission proche du gouvernement Sellal a germé dans le sillage des couacs qui ont entouré la toute récente visite du Premier ministre à Londres. Le scénario d’un éventuel renvoi de Sellal et du rappel d’Ahmed Ouyahia à la tête de l’Exécutif s’est invité, depuis deux jours, dans les chaumières. Les cercles intéressés l’y ont frappé même du sceau de l’imminence. Faut-il mettre cela sur le compte de déductions hâtives qui, au demeurant, sont loin d’être les premières du genre ou alors guetter quelques “feux” qu’annoncerait cette fumée ? Quoi qu’il en soit, si ce n’est pas un prélude à des recompositions au niveau de l’Exécutif, l’atmosphère ayant prévalu autour de la visite de Sellal laisse entrevoir un malaise plus ou moins aigu au sommet de l’État.

En effet, les conditions dans lesquelles s’est produit le tout récent déplacement du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la capitale britannique et les résultats, maigres, du Forum d’affaires algéro-britannique qui s’y est tenu continuent de fournir du jus aux supputations et autres commentaires. Jamais, en effet, un déplacement d’un chef de gouvernement à l’étranger n’a été marqué par autant d’approximations et de cafouillage. Jamais aussi un forum économique du genre s’est achevé sur la conclusion de deux seuls maigres contrats. Jamais enfin, le 20h de l’ENTV, dont le protocole d’ouverture est centré sur l’agenda gouvernemental, n’a consacré que la mince plage de 45 secondes à l’activité d’un chef de gouvernement.

D’aucuns sont d’avis que la visite d’Abdelmalek Sellal, programmée pourtant de longue date, est passée par plus d’une péripétie avant de se concrétiser… en décalage, cependant, par rapport à la conférence sur les opportunités d’investissements britanniques en Algérie, qui a eu lieu le 10 décembre en présence des ministres algériens de l’Industrie et du Commerce, Abdeslam Bouchouareb et Amara Benyounès. Cette conférence, notait une dépêche de l’APS datée du 16 novembre dernier et qui citait le représentant personnel du Premier ministre britannique pour la promotion du partenariat économique avec l’Algérie, Lord Risby, devait être présidée conjointement avec Abdelmalek Sellal et son homologue britannique, David Cameron. “Il a précisé (Lord Risby, ndlr) que les discussions avec M. Yousfi (ministre algérien de l’Énergie, ndlr) avaient porté sur l’organisation de cette conférence à laquelle prendront part le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue britannique, David Cameron”, rapportait l’APS. Pour n’avoir rallié Londres que jeudi 11 décembre, Sellal, qui s’est entrenu avec David Cameron, n’a pas assisté à la conférence. La charge de conduire la délégation algérienne a été dévolue, contre toute attente, aux deux ministres de l’Industrie et du Commerce qui, eux, se sont envolés pour Londres mardi.

LG Algérie

Un même gouvernement, une même mission, deux délégations

Contrairement à la mission parisienne, qui a eu lieu quelques jours auparavant, Abdelmalek Sellal n’a pas conduit la délégation algérienne pour le forum de Londres. La mission s’est scindée en deux. Or, rien ne justifie cela, à moins d’une contrainte majeure ayant obligé le Premier ministre à décaler son voyage et que l’on s’est retenu d’affirmer officiellement. En tout cas, la communication officielle est restée muette sur le sujet, laissant la supputation régner en maître dans les colonnes des journaux et la rumeur prendre de l’ampleur. Mardi, soit la veille du forum algéro-britannique, l’assertion médiatique s’est structurée autour d’une “injonction” du président Bouteflika qui aurait intimé à son Premier ministre de “rester à la maison” pour une vague histoire de protocole.

L’argument peut tenir, tant est qu’il est vrai que, lors de l’escale parisienne, Abdelmalek Sellal n’a pas eu droit à l’insigne honneur d’être accueilli par un officiel français de son rang. Mais cette histoire de protocole pourrait-elle, à elle seule, expliquer tout le cafouillage qui a entouré la visite de Sellal ? Pas forcément, sauf si Alger a lu dans l’“impair” protocolaire quelques positionnements de la France dans les schémas de succession à Bouteflika ? Mais comment expliquer alors que l’ENTV ne zoome pas comme d’ordinaire sur la visite londonienne du Premier ministre ? La séquence télévisuelle, vue au 20h de l’entv, donne de Sellal l’image d’un Premier ministre tombé en disgrâce. La maigre récolte en termes de contrats signés à l’occasion de la conférence de Londres ne plaide pas la cause de son Exécutif qui, parti pour rammasser pour

3 milliards d’euros de contrats, en est revenu avec deux contrats en pharmacie pour les modiques 70 millions d’euros.