«La réforme a effectué des pas gigantesques»
«Il n’y a aucun doute que la réforme a effectué des pas gigantesques, même si la vision veut des pas continus et perpétuels.»
La visite, jeudi à Tlemcen, restera longtemps gravée dans les mémoires de tous ceux qui aspirent à une justice debout. Accueilli en grande pompe par une foule dont des magistrats et des avocats venus de tout le pays, (les procureurs généraux et les présidents de cours de l’Ouest), Tayeb Louh, l’enfant terrible de cette contrée de l’Ouest, était plutôt ému que ravi.
Une manifestation des plus grandioses avec sa fantasia, son orchestre local, les musiques universelles et les youyous, a permis au ministre d’effectuer un saut sur les années 1990 et revivre les moments mémorables tel ce séminaire qui avait regroupé, malgré les «niet» du Syndicat national des magistrats et des autorités, les magistrats militants pour l’indépendance de la justice, les journalistes pour la liberté de la presse et les avocats pour une défense au droit plutôt consacré que sacré. Il le dira plus tard dans son intervention en vidéo-conférence reliant les cours de Béchar – Tébessa – Sétif – Aïn Témouchent – Alger – Sidi Bel Abbès et Tlemcen. Il a dit sa fierté d’avoir été l’un des premiers de ce combat.
Le programme, lui, s’était limité à la visite de la somptueuse cour de Tlemcen aménagée, il faut le souligner, sous l’ère de Nouri, alors wali, du tribunal administratif et un regard sur les projets en voie de finition des tribunaux de Sebdou et Maghnia, ainsi que les «prisons» programmées dans la région. Comme il en a pris l’habitude, le ministre qui a l’avantage de parler en magistrat dominant le sujet, a donné les meilleures orientations pour ce qui est de l’accueil des justiciables d’abord et des magistrats ensuite.
Sur le plan de l’esthétique, Louh n’a pas mâché ses syllabes: «Il faut tout mettre en oeuvre pour avoir des salles aérées, bien illuminées, soignées, propres, agréables au moment où les juges du siège rendent justice», a-t-il dit sans grimacer avant d’ajouter, un large sourire en coin: «Je vous invite à effectuer un saut dans les bureaux de la Cnas. Vous constaterez vite ce que rapporte le travail soigné, rigoureux et autre sérieux dans l’action quotidienne.» Après le mémorable accueil dans la cour de Tlemcen où se trouvaient tous les bâtonniers du pays en séminaire et ce à l’occasion de la Journée de l’avocat et du 23 mars 2014 avec comme «étoile» le martyr Ali Boumendjel assassiné par les paras de Bigeard.
Louh prit la parole pour reprendre le contenu de la réforme de la justice initiée par Bouteflika en 1999 avec la mise sur pied de la fameuse Commission nationale de la réforme de la justice que le regretté Maître Mohand Issaâd avait piloté avec un tel succès que le chef de l’Etat avait fait alors de ce programme la priorité des priorité dans son programme lors de sa première candidature en 1999.
«Il n’y a aucun doute que la réforme a effectué des pas gigantesques, même si la vision veut des pas continus et perpétuels.» C’est ainsi que la magistrature restera orpheline sans que la défense, partenaire privilégié de la justice, ne joue pleinement son rôle. Nous avons toujours insisté sur le fait que sur les plans législatif et organique et donc vos propositions restent les bien-venues pour ce qu’il y a lieu d’entreprendre d’«osé», de «téméraire» en direction des libertés individuelles et collectives», avait martelé Louh qui s’adressait via la vidéo-conférence à exactement sept cours de justice d’est en ouest, avant de passer à d’autres axes importants de la réforme, tels ces cas urgents des pourvois, des amendements des Codes pénaux, de commerce, de procédure civile et administrative et surtout l’approche faite en direction de la sauvegarde de la présomption d’innocence ou encore plus urgent à réaliser, la détention préventive que la défense ne cesse de réclamer et à juste raison.
«Il faut absolument éviter que le justiciable perde confiance en sa justice!» a-t-il encore ajouté et d’enchaîner sur toutes les facilités faites en direction des citoyens venus se procurer un document précieux pour la confection d’un dossier. «Quittons rapidement les vieux réflexes «anesthésiants» et donc améliorons nos textes, car je le souligne très bien, je ressens la douleur des magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. C’est pourquoi, l’aide de tous est, encore une fois la bienvenue» a affirmé l’orateur qui n’a pas oublié que c’est au sein de la cour de Tlemcen dont le siège est aujourd’hui celui du tribunal administratif où il a noté avec regret l’absence de livres de travaux des magistrats dans la salle de délibération, son combat contre les tenants du syndicat unique, oisif et barrant la route à tout rêve d’indépendance de la justice.
Passant à un autre axe de la réforme, en l’occurrence la modernisation, Louh n’a pas laissé échapper l’idée de ces minuscules juridictions avec une seule salle d’audience alors qu’il en faut bien plus. «Il faut songer à en finir. Il faut au minimum deux salles d’audience propres, bien entretenues qui donnent envie aux magistrats d’y évoluer et aux justiciables d’attendre leur tour sans se sentir agressés, humiliés ou «oubliés!»
Effleurant le laxisme, la routine et les autres «petits» défauts de certains, Louh semblait plutôt s’intéresser aux détails urgents à améliorer qu’à passer à l’action en direction de ceux qui font honte au secteur.
Le Sud! Un des passages les plus attrayants aura été les postes à occuper au Grand Sud. «Mesdames et messieurs, il est temps d’offrir les meilleures commodités aux magistrats qui seront alors tentés de demander eux-mêmes des postes à Illizi, Adrar, Béchar, Tindouf ou encore Tam», a suggéré Louh, ravi du tonnerre d’applaudissements soulevés par cette sortie dont lui seul a le secret.
«Le manque de magistrats au Sud ne nous donne aucune raison de passer outre. Il est temps de passer à l’action et enjamber cet obstacle. Dans la salle des conférences – plus tard – de l’université, Louh a eu l’occasion de partager la joie des avocats de tout le pays et présidé la cérémonie honorifique d’avocats avec, en entrée, la nouvelle bâtonnière de Bouira, Maître Sidhoum, toute fièrt d’être la première femme algérienne à diriger un conseil de l’Ordre et quel conseil, SVP!