Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a entamé lundi sa première visite à Moscou, au cours de laquelle il s’appliquera beaucoup plus à persuader les Russes de la nécessité d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran et de s’abstenir de livrer à ce dernier ainsi qu’à la Syrie des missiles de défense antiaérienne S-300, que de chercher à relancer le processus de paix israélo-palestinien.
Selon des experts cités par des médias russes, Netanyahu qui s’était précipité à Moscou en septembre 2009 pour stopper la livraison des missiles sol-air sophistiqués que Moscou s’apprêtait à fournir à l’Iran, est revenu à la charge pour tenter cette-fois-ci de persuader les dirigeants russes d’annuler définitivement le contrat passé avec Téhéran.
Au cours de sa visite en automne qui s’était déroulée sous le sceau du secret mais qui avait été éventée par la presse, y compris israélienne, Netanyahu avait paré au plus urgent: empêcher la livraison de missiles S-300 à l’Iran qui pourraient constituer un sérieux obstacle au cas où Les Etats-Unis et Israël décidaient de frappes contre les installations nucléaires et militaires iraniennes, selon ces experts.
Les missiles n’ont jusqu’à présent pas été livrés à l’Iran dont l’ambassadeur à Moscou, M. Sayed Mahmoud Reza Sajadi, avait affirmé récemment que cela était lié à des « problèmes techniques », soulignant que les Russes « ont assuré qu’ils respecteraient leurs engagements » et que ces « problèmes techniques devraient être réglés prochainement ».
L’objectif de Netanyahu serait donc d’amener la Russie à enterrer définitivement le contrat conclu en décembre 2005 entre Moscou et Téhéran, selon ces experts qui rappellent que le porte-parole du Département d’Etat américain, Ian Kelly, avait indiqué en octobre 2009 que Washington considérait « inopportun de livrer des systèmes de défense sophistiqués à l’Iran ».
Netanyahu devrait également persuader les Russes de ne pas livrer non plus ce type d’armements à la Syrie, affirment les mêmes sources, citant une radio relevant de l’armée israélienne alors que la tension est montée d’un cran entre la Syrie et Israel à la suite des récentes provocations israéliennes.
« Israël est capable d’occuper Damas (…).Les Syriens ne pourraient pas résister à Israël, en dépit de leur missiles », s’est targué début février le général, Avi Mizrahi, commandant de la région Centre de l’armée israélienne, cité par le quotidien « Maariv », alors que le ministre de la Défense, Ehud Barack, avait menacé qu’ »en l’absence de règlement avec la Syrie, on arriverait à une confrontation violente qui pourrait dégénérer en guerre totale ».
La coopération entre la Russie et Israël dans le domaine des industries militaires devrait également être au centre des entretiens entre Netanyahu et les responsables russes, selon les observateurs.
Le journal russe, Vremia Novosteï, a indiqué à ce propos que la Russie a acheté à Israël un lot de drones en avril 2009 alors que d’autres informations relayées par la presse ont affirmé en décembre dernier que Moscou cherchait à acquérir un autre lot de ces avions sans pilote.
Des médias israéliens ont même assuré que la Russie et Israël entreprenaient actuellement de développer conjointement un avion de combat.
L’autre important sujet devant être abordé par Netanyahu lors de sa visite, concerne le programme nucléaire iranien, selon les observateurs qui, citant le quotidien israélien, Haaretz, soulignent que Israël voudrait amener la Russie à voter en faveur d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’Onu durcissant les sanctions contre Téhéran.
Selon le journal, la Russie qui a dernièrement haussé le ton à l’égard de l’Iran qu’elle avait jusque la ménagé, devrait donner son accord pour des sanctions contre des institutions iraniennes impliquée dans le programme nucléaire mais se prononcerait contre des sanctions « paralysantes » auxquelles Israël appelle.
Les entretiens russo-israéliens sur le dossier nucléaire iranien interviennent au moment où le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique Ali Akbar Salehi, a annoncé lundi qu’après la production par l’Iran d’une première quantité d’uranium enrichi à 20%, les Etats-Unis, la Russie et la France ont fait une nouvelle proposition portant sur l’échange d’uranium. Selon lui, Téhéran serait entrain d’examiner cette nouvelle offre alors qu’un porte-parole de la diplomatie française a assuré qu’aucune nouvelle proposition n’a été faite à l’Iran.
Par ailleurs, la relance du processus de paix israélo-palestinien devrait également figurer à l’ordre du jour de la visite de Netanyahu.
Les observateurs relèvent dans ce contexte les divergences entre la position d’Israël qui refuse de mettre un terme à ses démarches unilatérales, notamment la poursuite des activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés et celle de la Russie qui presse Tel Aviv de mettre un terme à ces activités afin de permettre une reprise des négociations de paix palestino-israéliennes.
Agences