Alors que le président français, François Hollande, en tournée en Afrique, n’a pas cédé aux menaces du Mujao, son nouveau et puissant ministre de l’intérieur français, Manuel Valls, a mené la pression sur Alger en déclarant que l’heure n’est plus au jérémiades du passé colonial mais à celui de la fermeté dans la lutte antiterroriste, invitant Alger à sortir de la langue de bois sur la crise malienne…
Le ministre français de l’Intérieur invite Bouteflika à sortir de la langue de bois…
Alors que le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) a menacé hier de tuer ses quatre ressortissants détenus en otages au Sahel pour sa politique de soutien d’ une intervention armée au Nord-Mali, le ministre de l’intérieur français, Manuel Valls, à Alger, a réitéré la fermeté de la France martelée par François Hollande à Daker, vendredi dernier : pas question de changer de « ligne ». C’est un Manuel Valls qui, sitôt ayant quitté Alger, hier, s’est rendu sur le front antiterroriste à Marseille, dans les quartiers nord où a éclaté l’affaire des policiers « ripoux ». Il mène parallèlement desopérations de grande envergure dans le démantèlement de cellules antiterroristes, tel le réseau démantelé ces derniers jours composé de douze terroristes à Torcy, en Seine et Marne.
C’est dans ce contexte de guerre totale menée contre un « terrorisme de l’intérieur » en France depuis l’affaire Merah que Manuel Valls a rencontré hier samedi le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika ; audience à l’issue de laquelle, le ministre de l’intérieur français a déclaré « Ma rencontre avec le président Abdelaziz Bouteflika était tout à fait précieuse, elle prépare celle du président Hollande qui est impatient de venir en Algérie pour concrétiser une nouvelle étape dans la relation qui existe entre nos deux pays », Il a souligné que cette nouvelle étape « nous la voulons sans tabous et sans langue de bois, pour pouvoir poursuivre cette relation et lui donner un peu plus de force et d’élan ».
Manuel Valls estime que la France a besoin de « l’expérience du président Bouteflika » et de « la parole de l’Algérie » au sujet des grandes questions diplomatiques, plus particulièrement la situation dans le Sahel : « Sur les grands sujets diplomatiques, ceux qui ont été abordés, la convergence de vues est d’autant plus importante que la France a besoin de l’expérience du président Bouteflika et de la parole de l’Algérie, sa connaissance du terrain et de cette région (le Sahel) ». Une déclaration qui prête à plusieurs lectures suite aux nouvelles menaces du Mujao contre la France, à la décision du conseil de sécurité d’accorder son mandat à l’intervention armée au Nord-Mali attendue par Bamako et la Cédéao et à l’accord de Wachington de soutenir cette intervention au côté de l’hexagone « sous conditions ». Cette déclaration met en évidence la primauté et l’urgence de la lutte antiterroriste dans les relations algéro-françaises sur les questions passionnelles liées au passé de la colonisation. Manuel Valls a insisté sur la nécessité de sortir de ce « contentieux » du passé pour, « sans langue de bois », affronter les problèmes de l’heure, notamment le terrorisme islamiste. Pour le ministre de l’intérieur français, cette « expérience » d’Abdelaziz Bouteflika ne réfère pas à la politique de la concorde civile à laquelle il n’a point fait référence, mais à celle des forces de sécurité algériennes qui resserrent l’étau ces derniers mois sur les groupes d’Al Qaïda au Maghreb islamique dans le nord et aux frontières sud du pays.
D’autre part, cette déclaration se veut une exhortation implicite signifiée au chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, sinon à sortir de sa politique de dialogue avec les groupes terroristes d’Al Qaïda au Nord Mali, du moins à plus de clarté sur cette politique de négociation qui reste floue et fait de l’Algérie plus un « problème » qu’une « solution » dans la crise malienne. En Effet, malgré les menaces du Mujao de tuer les otages français et visant la personne même de François Hollande, la France reste ferme dans sa « ligne » de soutien à une intervention armée contre Al Qaïda au Nord-Mali. Face à ce challenge de la France, l’Algérie s’est empêtrée dans un imbroglio : elle a sacrifié un de ses fonctionnaires consulaires, Tahar Touati, assassiné par le Mujao qui détient toujours les trois autres otages alors qu’elle tente un jeu malsain et dangereux en faisant de sa politique de dialogue une promotion du groupe terroriste d’Ansar Eddine toujours affilié à Al Qaïda et l’un des principaux acteurs dans la terreur de l’application de la chari’a à Tombouctou dès son occupation le mois d’avril dernier.
Le ton de la fermeté de Paris tranche nettement avec les faux-fuyants d’Alger sur l’intervention au Nord-Mali et sur la question des otages français et algériens. Ainsi, pour Manuels Valls, l’heure n’est plus aux tergiversations. C’est ce qu’a souligné le président français, François Hollande, dans son discours de Dakar, vendredi dernier. Et sa visite d’Etat, ce début septembre en Algérie, confirmée par son ministre de l’Intérieur, ne sera plus celle d’un chef d’Etat d’une ancienne puissance coloniale dont Bouteflika attend la « repentance », mais celle d’une puissance antiterroriste qui soutient l’Afrique pour se débarrasser d’Al Qaïda au Maghreb islamique.
R.N