Visite de François Hollande en Algérie,L’aube d’un nouveau départ

Visite de François Hollande en Algérie,L’aube d’un nouveau départ
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Dépasser cet écueil de la mémoire qui bloque les relations entre les deux pays

La capitale s’est offert un lifting pour accueillir François Hollande, un président aimé des Algériens.

Au crépuscule de 2012, l’année du Cinquantenaire de l’Indépendance, la visite très attendue demain, du président François Hollande en Algérie sera le prélude d’un nouveau départ pour les relations entre deux pays. Deux moments forts marqueront cette visite officielle qui suscite un immense espoir sur la scène politique et parmi les populations. Le premier sera le discours que prononcera le président Hollande devant les deux chambres réunies du Parlement au Club des Pins. Il est attendu que le président français fasse des déclarations très importantes notamment sur la question de la mémoire.

Si les autorités algériennes ont décidé de ne pas gêner leur hôte sur cette épineuse question, puisque l’Algérie a décidé de ne pas demander à la France de se repentir, l’entourage de M.Hollande insiste, en revanche, sur le fait que «le président abordera sans complexe toutes les questions». Aussi, est-il attendu que dans son discours face aux parlementaires, et donc au peuple algérien, M.Hollande trouve les mots qu’il faut pour évoquer la période coloniale et dépasser cet écueil de la mémoire qui bloque les relations entre les deux pays.

LG Algérie

Il a déjà fait un premier pas en reconnaissant la «tragédie» du massacre des Algériens lors de la manifestation du 17 Octobre 1961. Le reste, tout le reste, sera laissé au peuple français qui saura avancer sur ce chemin de la mémoire ainsi déblayé. C’est le génie d’un peuple qui a construit Versailles et la tour Eiffel, le sens du discernement de ce même peuple résultat de 20 siècles d’une culture souriante, «sécrétera» sa propre manière de demander pardon.

Le second moment fort de cette visite sera ce qu’il convient d’appeler la déclaration d’Alger entre les deux présidents. C’est une déclaration sur l’amitié qui passera en revue tous les aspects de la coopération bilatérale entre les deux pays. Une sorte d’accord stratégique, politique et militaire qui n’est nullement comparable à ce qui existe dans les autres pays africains et arabes. Il s’agit d’un partenariat sur le modèle allemand mais de moindre importance.

Cette déclaration comprendra même des consultations sur les affaires internationales, des dossiers sur lesquels Alger et Paris ont souvent divergé.

L’Algérie garde toujours en mémoire l’épisode de sa non-consultation lors de l’attaque contre la Libye drivée par la France. Cette déclaration constitue donc une véritable seconde chance après l’échec du traité d’amitié voulu par Jacques Chirac et Bouteflika en 2003. Dix ans plus tard, la partie française veut promouvoir un «partenariat stratégique» et le président Bouteflika plaide pour «un partenariat d’exception». Mais qu’importe les qualificatifs face à la consistance du projet et à l’optimisme débordant affiché par les deux pays pour repartir du bon pied.

Pour autant, l’aspect politique ne déteint pas sur la visite de François Hollande qui se veut aussi économique tant les enjeux sont grands. Pour la France, l’Algérie est un fabuleux marché de 38 millions de consommateurs. L’Algérie, elle, voit en cette disponibilité de la France une aubaine pour transformer sa richesse, former ses PME et ressusciter son tissu industriel moribond. Dans la délégation qui accompagne le président Hollande, figurent plus de 20 hommes d’affaires et Jean-Pierre Raffarin, le «Monsieur Algérie». Cela, même si Carlos Ghosn, le président-directeur général de Renault, ne viendra pas à Alger, l’accord pour l’implantation d’une usine Renault près d’Oran sera signé. D’autres gros dossiers comme le déblocage opérationnel des cimenteries Lafarge, la circulation des personnes seront abordés.

Pendant sa visite, François Hollande rendra hommage à Maurice Audin, sur la place éponyme en plein centre d’Alger. Il visitera également le cimetière juif et chrétien algérois de Bologhine (ex-Saint-Eugène) et déposera une gerbe au monument aux martyrs à Riadh El Feth sur les hauteurs de la capitale. Alger et Tlemcen se sont offert chacune un lifting pour accueillir François Hollande, un président aimé des Algériens.