La justice algérienne a transféré devant la Cour criminelle d’Annaba un dossier accablant mettant en cause un réseau structuré spécialisé dans la falsification de sceaux officiels et de documents administratifs.
Une trentaine de suspects sont impliqués dans cette affaire révélée après une enquête lancée en octobre 2024.
L’affaire a éclaté à l’automne 2024, lorsque des informations ont alerté la procureure générale d’Annaba sur l’existence d’un groupe organisé fabriquant de faux documents administratifs.
Saisie du dossier, la gendarmerie nationale a ouvert une enquête qui a rapidement mis au jour un système frauduleux opérant depuis plusieurs années.
Selon les premiers éléments, le réseau comptait près de trente individus : employés de l’état civil, agents publics, personnes sans emploi, ainsi qu’un chauffeur de taxi chargé de transporter les documents falsifiés.
Le principal suspect, installé dans le quartier du 8 Mars à Annaba, travaillait en collaboration avec un complice surnommé « Farchita », qui résiderait désormais en France après avoir quitté l’Algérie de manière illégale.
Les enquêteurs ont découvert que les membres du réseau falsifiaient des documents destinés notamment aux demandes de visa européens. Les fichiers étaient préparés numériquement puis transmis aux clients sur des supports magnétiques avant d’être finalisés avec des sceaux contrefaits.
Une “administration parallèle” découverte lors des perquisitions
Les perquisitions menées au domicile du suspect principal ont révélé l’existence d’un véritable atelier clandestin, décrit par les enquêteurs comme une « administration mobile ».
Pas moins de 33 sceaux falsifiés ont été saisis : sceaux de walis, d’assemblées populaires communales, de tribunaux, de centres des impôts, ainsi que des sceaux appartenant à des avocats, notaires et traducteurs.
Les saisies ont également porté sur des documents en cours de falsification, parmi lesquels des demandes de visas, des certificats de résidence, des dossiers professionnels, des actes d’état civil et divers documents non légalisés.
Certains sceaux portaient même l’intitulé de la consulat d’Algérie à Marseille, preuve de la sophistication du réseau.
L’accusé principal a reconnu avoir acquis les sceaux auprès de « Farchita » en 2022 pour environ 20 000 dinars, indiquant que leur collaboration remontait à 2016.
Un dossier sensible désormais entre les mains de la justice
L’enquête a permis d’identifier plusieurs complices à travers différentes communes de la wilaya d’Annaba, tandis qu’un suspect demeure en fuite, recherché pour des affaires similaires de falsification et d’escroquerie.
Considérée comme l’une des affaires de fraude administrative les plus importantes recensées dans la région, cette affaire a été officiellement transmise au tribunal criminel d’Annaba, qui devra déterminer les responsabilités et statuer sur les charges retenues contre les personnes impliquées.
