Visas Schengen: Bruxelles contredit Air Algérie

Visas Schengen: Bruxelles contredit Air Algérie

des-centaines-de-passagers-bloques-le-12-juillet-2011-a-orly-en-raison-d-une-greve-a-air-algerie_744607.jpgAir Algérie est-elle allée plus vite que la musique en annonçant son intention de refuser tout embarquement à des voyageurs en partance vers une destination première autre que le pays émetteur du visa d’entrée dans l’espace Schengen ? En tous les cas, l’Union européenne vient de la contredire. Et superbement. Une véritable confusion doublée d’une polémique sur le rôle de la compagnie nationale aérienne a suivi les déclarations du P-DG du pavillon algérien, Mohamed Abdou Bouderbala, qui rappelait la disposition du règlement européen n°0810/2009, établissant un code communautaire des visas qui fait obligation pour les passagers détenteurs de visas Schengen, délivrés par un Etat membre compétent de l’Union européenne, d’effectuer leur première entrée dans cet Etat même. Un article déjà existant et non pas une nouvelle mesure maladroitement exposée par la communication d’Air Algérie qui évoque alors sa stricte application. Face au tollé soulevé par les détenteurs de visas Schengen, Bruxelles a tenu à réagir par le biais de son service diplomatique (European External Action Service) qui a répercuté la précision via les ambassades européennes à Alger. En clair et contrairement aux certitudes de Bouderbala, le détenteur d’un visa Schengen n’est pas forcément obligé de débuter son voyage par le pays qui le lui a délivré. Dans son avis publié ce dimanche, la délégation de l’UE souligne ainsi que « le code communautaire des visas n’exige pas qu’un voyageur commence son voyage dans l’espace Schengen en arrivant sur le territoire de l’État membre qui lui a délivré le visa ».

Mardi dernier, le patron d’Air Algérie affirmait que « les voyageurs désireux se rendre dans l’espace européen doivent désormais effectuer leur premier voyage dans le pays qui a délivré le visa Schengen ». Un décalage qui soulève bien des interrogations sur la pertinence de telles déclarations qui vont à l’encontre même de la libre circulation des Algériens. Pire, puisque dans cette affaire, la compagnie a donné l’impression de jouer au chien de garde de l’Europe la soumettant « à l’obligation de vérifier les visas Schengen avant l’embarquement des voyageurs ». Cette mesure prise sur injonction de l’Aviation civile algérienne est justifiée par le risque d’amende allant jusqu’à 5.000 euros par voyageur qu’Air Algérie devra payer en cas de manquement aux dispositions du règlement européen n°0810/2009. Les textes ont-ils été mal interprétés ou Alger a-t-elle fait dans l’excès de zèle au détriment de ses propres citoyens ? La question mérite d’être posée puisque et dans les deux cas de figure, c’est l’intérêt du citoyen qui est bafoué.

En effet, cette affaire est suffisamment grave pour qu’aucune explication ne soit donnée comme c’est de coutume dans les communications officielles et il est plus que temps que nos responsables donnent des explications plausibles aux Algériens et assument leurs responsabilités. Comment en est-on arrivé jusqu’à imposer aux Algériens des conditions que l’Europe elle-même n’a pas exigées expressément. Peut-être que l’exemple allemand est toujours vivace ? On se rappelle qu’en 2012, on avait assisté à une vague de refoulement d’Algériens détenteurs de visas Schengen de l’aéroport de Francfort. Les Allemands avaient avancé, à l’époque, que les Algériens auxquels l’entrée en territoire allemand a été refusée détenaient bien des visas Schengen, mais qui n’avaient pas été délivrés par Berlin. Par contre, la possibilité d’entrer dans le pays de son choix de l’espace Schengen « ne dispense pas le voyageur d’être en mesure de présenter, à chaque franchissement de frontière et tout au long de son séjour dans l’espace Schengen, les justificatifs (objet du séjour, moyens de subsistance et d’hébergement, assurance, titres de transport entre le pays d’arrivée et le pays de destination) qui doivent permettre à la fois de justifier du séjour dans le pays de première arrivée et d’identifier la destination principale du voyage », précise le document de l’UE.