Visas, restrictions à l’importation, protection des investissements… : A Alger, Erdogan veut aplanir les sujets qui fâchent

Visas, restrictions à l’importation, protection des investissements… : A Alger, Erdogan veut aplanir les sujets qui fâchent

Accompagné d’une importante délégation, composée d’hommes d’affaires, de plusieurs ministres, de parlementaires et de hauts fonctionnaires, le président turc Recep Tayyip Erdogan est, depuis hier, en visite officielle de deux jours en Algérie.

Dans une interview au quotidien national Echorouk, publiée hier, il a envoyé un message fort, gage d’une coopération pratique plus soutenue. Il devrait être interprété au sens large, à plus forte raison en ces moments difficiles où les effets de la crise économique sont visibles. Erdogan a déclaré : «Nous sommes conscients de tous les défis économiques qu’affronte l’Algérie en raison de la chute des prix de l’énergie. Nous sommes prêts à accorder tout le soutien qu’il faut pour dépasser ce problème.» Le gouvernement saura apprécier le geste amical d’Erdogan, bien que le résultat attendu des Turcs est plus important que le geste, fut-il aimable. Le président turc met sur la table des sujets, des chiffres et des propositions qui pourront faire évoluer cette coopération. Et il faut y voir un signe de confiance. Près de

1 000 entreprises turques travaillent en Algérie. Elles font partie des plus grands investisseurs étrangers en Algérie, avec un volume de 3,5 milliards de dollars, et assurent le plus grand nombre d’opportunités d’emploi. Erdogan s’attend à ce que les relations économiques, qui s’expriment déjà dans les secteurs du commerce, de l’investissement, de l’entrepreneuriat, du tourisme et du tourisme sanitaire, aillent en se développant davantage. Nous devons, dit-il, préparer tous les accords qu’il faut, évoquant la nécessité de signer l’accord sur la protection des investissements qui est toujours au stade des négociations, entamées depuis longtemps. Au registre des visas, il explique que le système de visas turc «est souple, et les Algériens peuvent avoir facilement le visa en un temps court en contactant les centres primaires», et que «les hommes d’affaires peuvent avoir les visas de longue durée sans avoir besoin de recevoir des invitations». Ajoutant que «mis à part une catégorie d’âge particulière (les moins 35 ans), il est possible d’avoir un visa électronique, un visa touristique et un visa de santé en prenant attache avec les agences concernées». «Notre système étant ainsi souple, que les autorités algériennes adoptent un système de visas aussi souple envers nos citoyens, à leur tête les hommes d’affaires».

Ces allègements, poursuit-il, «peuvent évidemment assurer des entrées plus nombreuses pour le touriste algérien». Après ces déclarations lénifiantes, le président turc souffle, cependant, le tiède, estimant qu’il est nécessaire d’éviter tous ce qui entrave le développement du commerce entre les deux pays. Il met le doigt sur le dispositif des quotas et des licences d’importation en Algérie qui influe, selon lui, négativement sur les relations commerciales. Et d’expliquer que ces mesures font que l’Algérie importe plus chers les produits dont elle a besoin de l’Union européenne au lieu de la Turquie (…) «Nous sommes prêts à fournir ces marchandises en meilleure qualité, à des prix plus bas. Aussi, la suppression rapide de ce dispositif (quotas d’importation) va contribuer grandement», note-t-il, «à augmenter le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays». Ankara avait émis le vœu, en 2005, de signer avec l’Algérie un accord de libre-échange. L’idée est restée sans suite. Mais cela n’aura pas empêché le volume des échanges de prendre de l’épaisseur, ce qui fait de l’Algérie le premier partenaire africain de la Turquie. En chiffres, les échanges entre les deux pays s’élèvent à 3,5 milliards de dollars. Alger et Ankara souhaitent aujourd’hui étendre leur coopération à de nouveaux domaines porteurs, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. Les deux pays ont exprimé leur engagement de donner une impulsion nouvelle aux relations bilatérales, notamment dans les domaines du tourisme, de l’agriculture et des énergies renouvelables. Ils ont convenu, dans cette optique, de saisir l’opportunité de la tenue de la prochaine session de la Commission mixte bilatérale pour concrétiser ces axes de coopération.