Visas pour la France : le parcours du combattant

Visas pour la France : le parcours du combattant

La Cimade vient de publier une étude sur les pratiques des consulats français en matière de délivrancedes visas. « Constat accablant », pour l’association.

« Le visa pour la France, c’est comme acheter un ticket de loto. C’est payant, mais on ne gagne pas à tous les coups. » Parole de demandeur de visa algérien. La Cimade vient de livrer le résultat de ses recherches sur les pratiques des consulats, notamment en Algérie, Sénégal, Mali, Turquie, Ukraine et Maroc.

Cette association de soutien aux migrants recueille depuis des années des témoignages d’étrangers égarés dans l’univers kafkaïen de la délivrance du visa. Le précieux sésame, délivré par un consulat, permet d’entrer en France pour un court ou long séjour, pour faire du tourisme, des études ou rejoindre de la famille… « Il s’agit d’un droit fondamental, celui de la libre circulation, rappelle Mickaël Garreau, de la Cimade, qui a séjourné dix jours en Ukraine. Il y a des personnes qui ne peuvent pas venir assister à un enterrement ou rejoindre un conjoint. »

Consulat bunker

Car le visa est devenu un élément-clef de la politique d’immigration. « On soupçonne chaque demandeur de vouloir s’installer en France », analyse l’association. En 2008, 2,3 millions de visas ont été délivrés. Environ 10 % des demandes sont refusées, sans que cela soit forcément motivé. Un chiffre qui cache de grandes disparités en fonction des pays.

« Le constat est accablant », affirme Mickaël Garreau. Pour solliciter un visa, il faut déjà accéder au consulat. Un lieu transformé en « bunker ». Dans certains pays, il faut acheter une carte spéciale pour joindre un centre d’appel qui fixe les rendez-vous dans des délais parfois longs. Des consulats sous-traitent aussi une partie du travail. « Où est la confidentialité quand ce sont des ressortissants du pays qui enregistrent les demandes ? », interroge la Cimade.

L’association pointe aussi « l’argent qu’il faut verser et qui n’est pas remboursé, même si la demande est refusée, et le flou complet des documents à produire dont la liste ne cesse de changer » : justificatifs de ressources, photo avec l’ami qui vous accueille en France, facture prouvant des communications fréquentes vers Paris… En fonction de la nationalité du demandeur et de son statut, certains obtiennent un visa en 48 h, d’autres attendent une réponse durant des mois.

Riwanon Quéré, militante à la Cimade, a été frappée à Kiev par « l’image singulièrement dégradée de la France. Des hommes d’affaires préfèrent aller vers d’autres consulats, comme celui de l’Allemagne ».