Visiblement, le dossier des visas restera et pour longtemps encore l’un des principaux abcès de fixation dans les relations algéro-françaises au-delà du conflit sur l’histoire.
Hier, le secrétaire d’état chargé de la Communauté algérienne établie à l’étranger, M. Halim Benatallah, a considéré que les recommandations du ministre français de l’Intérieur et de l’Immigration pour la réduction des visas de court séjour pour les Algériens avaient “le mérite de la clarté”.
“Indéniablement, le message du ministre français pour la réduction des visas de court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi a le mérite de la clarté”, a souligné M. Benatallah à la chaîne III.
“Il est annoncé que les Maghrébins, dont les Algériens, vont rencontrer encore plus de difficultés pour obtenir des visas de séjour de courte durée”, a-t-il ajouté. Pour M. Benatallah, les Algériens et les Maghrébins “ont des raisons légitimes de se déplacer en Europe”, affirmant que “la question des visas de court séjour est cruciale pour les millions d’Algériens et de Maghrébins de bonne foi”. Le problème, a-t-il conclu, sera “à l’ordre du jour pour les prochaines négociations consulaires bilatérales”.
La réaction d’Alger intervient suite aux mesures annoncées par le ministre français de l’Intérieur, Brice Hortefeux sur la réduction des quotas de visa et le durcissement de la délivrance de ce précieux document spécialement pour les voyageurs en partance de la rive sud de la Méditerranée et partiellement les pays du Maghreb.
Défenseur de “l’immigration choisie” contre “l’immigration subie”, comme le président Sarkozy, le ministre a indiqué lundi soir au cours d’une réunion au siège de son département à Paris que “la part de l’immigration professionnelle a presque doublé depuis 2007, passant de 12% à 23%” sur l’ensemble des flux. Hortefeux a annoncé pour février une réunion avec les consuls de France pour demander plus de vigilance dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas être des “passeports pour la clandestinité”.
La France a enregistré environ 2 300 000 demandes de visas de court séjour en 2009. Les Russes ont été la première nationalité pour le document délivré (253 112), suivis des Chinois (170 188), des Marocains (151 509) et des Algériens (130 013). “En matière d’immigration, la France a le droit de choisir”, a-t-il dit.
Le ministre de l’Intérieur a également appelé les préfets à la fermeté, leur demandant d’“amplifier” les expulsions de clandestins d’ici la fin de l’année et d’être “plus offensifs” dans la lutte contre la délinquance. Rappelant que sur un objectif de 28 000 reconduites à la frontière en 2010, 25 511 clandestins avaient été expulsés sur les onze premiers mois, Brice Hortefeux a demandé aux représentants de l’état de mettre “à profit les dernières semaines qui viennent pour accentuer l’effort”, tout en arguant qu’il s’agit “d’une approche” appliquée par tous les pays européens dans le cadre du pacte européen sur l’immigration et l’asile qu’il avait fait adopter en 2008 alors qu’il était ministre de l’Immigration.
Au moment où l’on croyait que les choses allaient rentrer dans l’ordre à la faveur des dernières déclarations du nouveau consul général de France en Algérie, M. Michel Dejaegher, qui avait insisté sur les nouvelles facilitations dans l’octroi des titres de séjour pour les demandeurs algériens, voilà que la situation connaît une nouvelle tension. “Sur 100 demandes de visa, 72 reçoivent un avis favorable”, avait-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse en septembre dernier. Il avait également indiqué que “les délais seront ramenés à une norme beaucoup plus satisfaisante d’autant qu’un travail est déjà en cours dans ce sens à travers une série de mesures introduites”.
Paris semble remettre en cause cette “petite ouverture” consentie pour les Algériens. Contexte électoral oblige, le gouvernement de Sarkozy entend beaucoup plus faire du pied à l’extrême droite que de tenir ses propres engagements.