Alger baigne dans un silence absolu. Comme chaque jour à pareil moment. Un instant sacré que chacun savoure à sa manière. Après la rupture du jeûne, des files et des grappes humaines se forment. Il y a ceux qui se dirigent vers la mosquée pour accomplir la prière de taraouih. D’autres préfèrent siroter un café.
Nous prenons place dans une voiture, direction Staoueli, distante d’à peine une vingtaine de kilomètres de la wilaya d’Alger. Une région réputée par ses restaurants chics et ses glaces délicieuses. Après plus d’une heure de route, nous arrivons au centre-ville. Déjà à l’entrée, les ruelles sont saturées de véhicules.
Staoueli : l’horloge affiche 21h
La ville accueille beaucoup de visiteurs. «La sécurité est assurée pour toutes les familles, surtout durant ce mois sacré», souligne un jeune rencontré sur les lieux. Ajoutant que «comme de coutume durant l’été, notre ville accueille plusieurs touristes venant de l’Ouest et de l’Est, ou de l’intérieur du pays, occasionnellement, pour profiter de son ambiance festive». Les principales rues sont illuminées. Les magasins et autres lieux de consommation, tels que les salons de glaces, sont ornés de panneaux lumineux. L’endroit où il y a une grande concentration de visiteurs, c’est à l’avenue Gasmi-Ali, plus connue sous le nom de «Boulevard», situé entre le siège de la Banque de développement local et la place des Dauphins. Juste après la prière de «taraouih», la ville grouille de monde. Les salons de glaces sont archicombles et baignent dans une ambiance surchauffée. «Pour les moments de plaisir qu’elle offre au visiteur et son activité incessante, nous lui avons donné le surnom de Petit Paris», souligne Ahmed, un serveur dans un salon de glaces.
« A Staoueli, il y a un peu de tout», a-t-il ajouté. Il y a certaines familles qui se rendent dans cette merveilleuse localité pour dîner à la terrasse des restaurants, d’autres, plus aisées, préfèrent déguster des glaces. Le Salon, dont l’enceinte éblouissante surplombe la rue, est sans conteste un lieu favorable pour les amateurs de glaces. Mais la ville de Staoueli souffre du problème de stationnement. Les commerçants ne cessent de réclamer la construction d’un parking pour résoudre ce problème. Abdelkader, un patron de restaurant, nous a confié que « le nombre de familles qui rendent visite à notre ville pourrait être bien plus important si ce problème ne se posait pas».
Tous les commerçants rencontrés sur les lieux sont unanimes à dire que l’activité commerciale et touristique dans certte région pourrait être meilleure si les autorités locales avaient pris en considération la question du stationnement. Selon eux, ce handicap a réduit le nombre de visiteurs. A même les trottoirs, des jeunes vendeurs proposent différents jouets pour les enfants. Un gamin supplie son père de lui en acheter un. Il a utilisé tous les moyens pour convaincre son père. «Il m’est impossible de refuser quoi que ce soit à mes enfants, et ce, en dépit de la cherté des produits», s’est expliqué le père. Selon lui, «les prix des jouets sont pour les uns abordables et inabordables pour les familles au revenu faible».
Sidi Fredj : une grande foule en quête de fraîcheur
L’heur affiche 23h00. Destination Sidi Fredj, distante de cinq kilomètres du centre-ville de Staoueli. Cette région offre un plaisir particulier pour les visiteurs. Comme de coutume, le port de Sidi Fredj attire la grande foule en quête de repos et de fraîcheur. Après une vingtaine de minutes, nous arriverons au port. L’embouteillage est affreux, signe de l’envahissement par les visiteurs de cette magnifique région historique. Il y a des familles qui préfèrent rester sur la plage, tandis que d’autred ont choisi le port. La brise de mer nous invite à respirer à pleins poumons.
Un endroit très prisé par les visiteurs pour se rafraîchir l’esprit. Des restaurants, des salons de glaces attirent des clients par leurs belles terrasses. On peut se permettre de déguster des glaces pratiquement les pieds dans l’eau. On préfère passer des soirées à Sidi Fredj parce que ça déstresse. Nous avons remarqué à l’intérieur une décoration en bois et des murs couverts de photos d’époque. Ces photos nous ramènent à une époque lointaine. Des vieux, hommes, femmes, enfants baignent dans une ambiance conviviale. Nous voulons accéder au Casif pour assister à une soirée artistique. Sidi Fredj n’a pas échappé au problème de la circulation devenue carrément infernale. Il est déjà minuit. Le moment de quitter l’endroit arrive. Nous laissons derrière nous cette magnifique région.
Retour sur Alger
Il est une heure du matin. La capitale est encore en pleine animation. Passant par le littoral, Aïn Benian, Raïs Hamidou (anciennement Pointe-Pescade), Deux-Moulins, Bologhine et Bab El Oued, l’animation est la même partout : les magasins, les cafés, les restaurants sont ouverts. Preuve que la capitale a retrouvé sa forme en ces soirées du mois sacré. A Bab El Oued, l’ambiance a atteint sa vitesse de croisière. La température est clémente, la fraîcheur et la brise marine gagnent progressivement la ville.
Des grappes humaines se dirigent vers la mer en quête de tranquillité et de fraîcheur, alors que d’autres préférent les cafés. Da Mouhand, sexagénaire, nous a indiqué que «pour fuir les températures suffocantes, on finit par succomber à l’appel de la mer». Ajoutant que «depuis la première soirée de ce mois sacré, la plage d’El Kettani à Bab El Oued est prise d’assaut par des jeunes et des moins jeunes en ces longues soirées». «Les familles se rendent au bord de la mer avec leurs enfants à la recherche d’un peu d’air frais», a-t-il précisé. Un vieil homme se joint à notre discussion. Il se rappelle les souvenirs de sa jeunesse : «Il y avait des nuits qu’on passait en haute mer et d’autres en soirées musicales dans les cafés. Notre programme était bien organisé.» Notre interlocuteur déplore cependant : «Aujourd’hui, le Ramadhan a perdu son charme.»
Passion du jeu de dominos
A quelques mètres, un groupe de vieux est absorbé par une partie de dominos. «Notre seule passion, c’est le jeu des dominos», nous a indiqué Da Saïd.» Nous reprenons la route vers Alger-centre où la l’ambiance n’est pas différente. Des magasins et restaurants sont encore ouverts. A la Grande Poste, nous pénétrons à l’intérieur d’un café ; l’animation est différente. Des jeunes et des vieux sont regroupés autour des tables. Karim, jeune étudiant de Béjaïa, a préféré passer son Ramadhan à Alger. «Dans la capitale durant la soirée du Ramadhan, on se croirait au milieu de la journée», a-t-il souligné. Selon lui, cette ambiance fait le bonheur des familles, notamment les jeunes. A Meissonnier, les jeunes vendeurs ont mis à profit ces soirées pour vendre toutes sortes de denrées et de vêtements.
M. A.-Z