Viols guerre d’Algérie : les témoignages cinglants des victimes

Viols guerre d’Algérie : les témoignages cinglants des victimes

Alors que le débat sur les crimes commis par la France durant la guerre de libération nationale semble avoir de beaux jours devant lui, la question des viols commis par l’armée coloniale, durant cette période, reste toujours sujet tabou.

Cette question, pourtant considérée des plus graves, n’a jamais été évoquée ni par les auteurs des viols encore moins par les victimes. De côté des recherches historique, le sujet n’a enregistré aucun avancement. Et cela risque d’être jeté aux oubliettes d’autant que les victimes pouvant en témoigner sont de plus en plus âgées et risquent de quitter ce monde en emportant ces secrets avec elles.

En effet, hormis le courage de certaines d’entre elles, qui ont décidé de se livrer ouvertement sur les sévices qu’elles avaient subis, des centaines, voire des milliers d’autres victimes ont préféré garder ce fardeau jusqu’à leurs tombes. Par honte et par peur du jugement, les témoignages sur toute une partie des crimes coloniaux n’arrêtent pas de disparaitre de jour en jour.

Fort heureusement pour l’histoire algérienne en particulier et humaine en général, certaines victimes de viols durant la guerre de libération nationale ont pu surmonter la peur en livrant, ne serait-ce qu’une infime tranche de cette tragédie de l’histoire de l’Algérie. Parmi ces victimes, la révolutionnaire algérienne Louisette Ighilahriz.

Le témoignage de Louisette Ighilahriz

Dans une enquête publiée au cours de cette semaine, le journal Le Monde a republié des témoignages de Louisette Ighilahriz qui remontent au mois de septembre 1957 alors qu’elle n’avait que 20 ans.

« J’étais allongée nue, toujours nue (…) Dès que j’entendais le bruit de leurs bottes, je me mettais à trembler (…) Le plus dur, c’est de tenir les premiers jours, de s’habituer à la douleur. Après on se détache mentalement. C’est un peu comme si le corps se mettait à flotter… » avait-elle témoigné.

Un témoignage certes plus qu’utile pour l’histoire, mais à quel prix ? Selon le même journal, « son fils ne lui pardonne toujours pas d’avoir parlé, tandis que sa fille ne parvient pas à sortir d’une dépression interminable qui a démarré en 2000 ». Ceci dit, Louisette semble n’avoir rien regretté.

D’ailleurs, elle affirmait : « Il fallait que je partage un fardeau trop lourd pour moi. En mettant les mots sur mes maux, je pensais trouver un apaisement ». Il faut dire que les historiens commencent à s’intéresse à cette question, longtemps restée tabou, à partir du ce témoignage.

Baya Laribi : l’autre révolutionnaire qui a choisi de parler

Une autre révolutionnaire a suivi la démarche d’Ighilahriz. Il s’agit de Baya Laribi, surnommée. Arrêtée en 1957, elle a subi à son tour les atrocités de l’armée française au palais Klein, dans la basse Casbah. Elle subit un viol collectif !

Selon son témoignage rapporté par Le Monde, l’un de ses tortionnaires se trouve être le fils d’un richissime colon connu de tous. En la violant, il crie à ses copains : « Elle est bien foutue, la Noire, hein ! Elle est bien foutue ! ».

Ensuite, elle avait été violée par le capitaine Graziani, celui-là même qui a violé Louisette Ighilahriz et d’autres femmes. C’est en 2004 que Baya Laribi a témoigné, affirmant avoir été frappée par une psychose maniacodépressive la frappe au milieu des années 1990. « Tant que j’ai mis des enfants au monde, il me semblait que j’allais bien. En prenant ma retraite, j’ai brusquement replongé et les années de terrorisme, au même moment, ont encore aggravé les choses » avait-elle alors témoigné.

À n’en citer que cela, l’atrocité des sévices qu’ont subis les Algériennes à l’époque coloniale parait encore plus grave que cela. Pour la chercheuse Mauss-Copeaux les tortures sexuelles commises en Algérie sont loin d’être de simples bavures, mais ils répondent à une volonté politique des gouvernements français de l’époque.