Violences, restriction des libertés,torture…au Sahara occidental, Mohammed VI dans le viseur américain

Violences, restriction des libertés,torture…au Sahara occidental, Mohammed VI dans le viseur américain

Mohammed VI dans le viseur américain

Le département d’Etat a une nouvelle fois dénoncé les violences exercées par le Maroc contre les populations sahraouies dans les territoires occupés.

En crise ouverte avec Paris suite à de nombreux dépôts de plaintes contre son patron du contre-espionnage accusé de «complicité de torture» (lire L’Expression du 25 février), le gouvernement marocain se met à dos Washington sur la très sensible question du respect des droits de l’homme. A deux mois du renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. La Minurso reste la seule opération onusienne de maintien de la paix à ne pas être dotée d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme.

Les Américains avaient reculé in extremis l’année dernière sur ce point non sans avoir insisté sur «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc lors du vote de la résolution 2099 adoptée en avril 2013. Le texte avait appelé à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettrait l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Où en sommes-nous aujourd’hui? Le réquisitoire des services du patron de la diplomatie américaine, John Kerry, est sans appel. Les forces d’occupation marocaines n’ont aucun respect pour la dignité humaine. Arrestations arbitraires, disparition forcées, interrogatoires musclés, pratique de la torture… font partie de la panoplie de la politique menée par Rabat dans les territoires occupés. Le pouvoir marocain ferme les yeux. Washington met les pieds dans le «tadjine».

«L’impunité généralisée (des forces de l’ordre marocaines) existe et des poursuites ne sont pas engagées contre ceux qui violent les droits de l’homme des Sahraouis», souligne le département d’Etat dans son rapport mondial sur la situation des droits de l’homme publié jeudi. Il met en exergue «la violence physique et verbale pratiquée contre les Sahraouis lors de leur arrestation et leur emprisonnement, les limitations aux libertés d’expression, de la presse, de réunion et d’association, ainsi que la détention arbitraire et prolongée pour étouffer la dissidence».

Le document US d’une douzaine de pages relève les embûches faites aux associations sahraouies (il cite nommément l’Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l’homme (Asvdh) et le Collectif des défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental (Codesa) dirigé par la pasionaria sahraouie, Aminatou Haïdar). Elles «ne peuvent donc pas ouvrir des locaux pour exercer leurs activités, recruter des membres, recueillir des dons ou rendre visite aux militants pro-indépendance qui sont détenus dans les prisons marocaines» constate-t-il. Des actions sont menées dans «l’impunité généralisée» et de «l’absence de poursuites judiciaires contre ceux qui violent les droits de l’homme des Sahraouis» soulignent les rédacteurs du rapport US. Les forces de répression marocaine pratiquant la torture ne sont visées ni par des enquêtes ni par des sanctions «restent en position d’autorité» ce qui contribue «à la perception largement répandue de l’impunité», font-ils remarquer. Une situation qui n’a pas évolué d’un iota depuis des années. Le rapporteur spécial de l’ONU contre la torture, l’Argentin Juan Mendez, avait déclaré qu’ «il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l’occasion d’événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations…» à la fin de la mission qu’il avait effectuée au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012.

Les manifestations en faveur de l’indépendance du Sahara occidental continuent d’entraîner des restrictions excessives et continues, «particulièrement sur le droit de réunion pacifique et la publication de tout plaidoyer pour l’indépendance ou pour un référendum qui inclurait l’indépendance comme option» signalait de son côté au mois de septembre 2013 un rapport du département d’Etat américain adressé au Congrès US.

L’heure des bilans a sonné. Rabat peut-il se permettre le luxe de «fâcher» encore une fois Washington? Attendons pour voir… si les traditionnels alliés du trône alaouite continueront à supporter encore longtemps ses caprices.