Violences policières / Des journalistes dénoncent, la DGSN ouvre une enquête

Violences policières / Des journalistes dénoncent, la DGSN ouvre une enquête

Fayçal Djoudi

Menaces, insultes, tentatives de destruction de matériel, coups de matraque, gazages volontaires… Une dizaine de journalistes qui couvrent les marches et autres actions du mouvement populaire ont été victimes de violences policières. Cela a été constaté notamment lors des deux dernières marches des étudiants. De nombreux journalistes ont subi des violences physiques et verbales et ont été délestés de leurs téléphones et autres outils de travail.

L’agression du journaliste du groupe Ennahar, Abdeldjebar Benyahia, a suscité une vaste indignation dans la corporation. De nombreux confrères ont appelé à sanctionner les auteurs de cet acte et rappelé la nécessité de dénoncer ces comportements qui visent à empêcher les journalistes de couvrir convenablement les manifestations populaires. Abdeljebar Benyahia a été agressé dimanche, lors de la marche des étudiants à Alger, ce qui lui a occasionné une fracture au niveau de la jambe. On lui a également retiré son téléphone portable qu’il n’a toujours pas récupéré.

Hier, un groupe de journalistes a organisé un sit-in à la place de la Liberté de la presse, située à la rue Hassiba-Ben Bouali, pour dénoncer ces agressions et exiger de mettre un terme aux dépassements dont sont victimes les journalistes qui couvrent le Hirak. «Nous assistons à une volonté délibérée de nous empêcher de travailler, de témoigner de ce qui se passe pendant les manifestations. Nous sommes de nombreux journalistes à nous en plaindre», ont-ils dit lors de ce sit-in. Le directeur de la cellule de communication au sein de la DGSN, Abdelhakim Boulouar, a annoncé que «la direction a entrepris plusieurs démarches judiciaires et administratives pour déterminer la véracité des informations diffusées par la presse. Des informations qui prétendent que les éléments de la Sûreté nationale auraient eu recours à la violence physique et verbale lors du sit-in des journalistes». Ainsi, Abdelhakim Boulouar a affirmé «avoir entrepris des démarches judiciaires et disciplinaires administratives. Des enquêtes sont en cours pour déterminer les conditions de ces agissements et tenter de savoir ce qui s’est produit exactement durant les manifestations des étudiants et le sit-in des journalistes».

Par ailleurs, le Syndicat national des journalistes (SNJ) avait réagi au déroulement du 11e sit-in des journalistes, en affirmant que «des confrères, journalistes, reporters, photographes, cameramen et techniciens de plusieurs médias nationaux ont souvent fait l’objet, ces derniers jours, d’agressions physiques et verbales par des policiers, et parfois même par des individus zélés, à l’occasion de leur couverture sur le terrain, des marches populaires, notamment à Alger». Par ailleurs, d’autres reporters avaient témoigné que «lors des manifestations des étudiants et des rassemblements de vendredi, les journalistes ont été empêchés de couvrir ces événements. Les éléments de la Sûreté nationale les avaient bousculés, violentés et ont utilisé des bombes lacrymogènes contre eux».