La violence contre les femmes si elle existe de par le monde, dans toutes les sociétés et dans toutes les cultures, n’en prend pas moins une forme particulière dans notre pays. S’étant aperçu de l’acuité du fléau, l’Assemblée générale des Nations unies a institué depuis 1999 la journée du 5 novembre comme la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard de la femme.
Selon des données publiées par la presse algérienne citant des sources sécuritaires, il y a eu entre 2004 et 2006, 15.000 cas de violence conjugale dont 400 sévices sexuels et 16 femmes décédées, ayant succombé à leurs blessures. Ces chiffres, bien sûr ne sauraient refléter l’étendue de la réalité vu que ce ne sont pas tous les conflits qui sont portés à la connaissance de la Police. Beaucoup de crimes et de châtiments se déroulent entre les quatre murs froids des maisons, très loin des regards.
Les victimes bien sûr ont peur de dénoncer leurs conjoints. Franchir ce pas, c’est s’exposer au risque de perdre son foyer et devoir prendre en charge des enfants auxquels on ne peut offrir comme gîte que la rue. Pour revenir à la spécificité algérienne, la violence contre les femmes ne relève pas comme le prétendent certains des mauvaises conditions sociales qu’endureraient les familles algériennes mais du poids de l’idéologie patriarcale qui souvent se cache derrière l’argument religieux.
En fait c’est le système patriarcal qui donne tous les droits au patriarche, qui continue d’habiter les mentalités. Ce système est désormais consacré juridiquement en Algérie par le Code de la famille. Le poids des représentations culturelles dans l’assignation d’une place à la femme dans la société, continue d’exercer une force tyrannique dans les esprits. Mais la pauvreté et l’analphabétisme touchant l’élément féminin constituent l’autre handicap qui se dresse devant l’émancipation de la femme.
« Dans nombre de sociétés, les victimes de viol, les femmes soupçonnées de relations sexuelles préconjugales et les femmes accusées d’adultère sont tuées par des membres de leur famille car toute atteinte à la chasteté d’une femme entache, selon eux, l’honneur de la famille » note un rapport publié par l’Onu. El le même rapport de noter « les lois de nombreux pays comportent des échappatoires qui permettent aux auteurs de violence d’agir avec impunité. Dans nombre de pays, un violeur peut échapper aux sanctions prévues au code pénal en épousant la victime ».
Dans la réalité des faits, les femmes ayant subi le viol, sont souvent chassées de leur domicile, et vont écumer la rue sans ressources. La loi algérienne, à en croire un rapport de la Ligue des droits de l’homme en Algérie, ne reconnaît pas le statut de victime de viol. Conséquence : impossibilité de prise en charge psychothérapeutique et absence de structures d’accueil pour ces personnes abandonnées à leur sort.
Du reste un amendement a touché le Code de la famille, mais ce texte reste insuffisant. Les femmes restent sous-représentées sur le plan politique pour ne pas dire qu’elles sont le plus souvent carrément exclues de la gestion de la vie politique du pays.
Et sur ce point le gouvernement ne donne pas l’exemple même si au plan politique, les autorités ont essayé de contourner le Code de la famille, en imposant un quota des femmes variant entre 20 % et 45 % sur les listes électorales des partis politiques.
Cela étant quand la femme a la chance de trouver un travail, elle s’expose aux harcèlements moral et sexuel. Dans le monde « entre 500.000 et 2 millions de personnes, en majorité des femmes et des enfants, font l’objet de traite tous les ans à des fins de prostitution, de travail forcé, d’esclavage ou de servitude » note encore un rapport de l’Onu.
Larbi Graïne