Au moins 16 personnes ont été tuées hier dans un double attentat suicide visant un général à Quetta, dans le sud-ouest du Pakistan, où l’armée a capturé récemment un haut responsable d’Al-Qaïda, rapporte le quotidien Libération.
Le Pakistan est en proie à une vague extrêmement sanglante d’attentats perpétrés essentiellement par les talibans alliés à Al-Qaïda, qui a tué plus de 4.600 personnes ces quatre dernières années.
Un homme a d’abord fait exploser sa voiture piégée pour ouvrir une brèche dans le mur d’enceinte de la résidence du général, commandant-adjoint des Frontier Corps (FC), une unité paramilitaire rattachée à l’armée, a expliqué à l’AFP Hamid Shakil, un officier de la police de Quetta, la capitale de la province du Baloutchistan.
Puis un kamikaze à pied a lancé deux grenades avant de faire exploser sa bombe dans l’enceinte de la résidence du commandant-adjoint, endommageant considérablement la maison.
« Au moins 16 personnes ont péri, dont quatre soldats des FC et deux enfants, et 32 autres sont blessées, dont le commandant-adjoint », a-t-il poursuivi.
Deux hauts responsables de l’armée ont indiqué, sous couvert de l’anonymat, que l’épouse du général et un colonel des FC ont été tués.
Il y a une dizaine de jours, les Frontier Corps du Baloutchistan ont participé à l’arrestation de Younis al-Mauritani, le principal chef des « opérations extérieures » d’Al-Qaïda, menée par les services de renseignements de l’armée pakistanaise, l’ISI.
L’armée a rendu cette arrestation publique lundi et insisté sur le fait qu’elle a été réalisée avec « l’assistance technique des services de renseignements américains ».
Personne n’a encore revendiqué le double attentat de Quetta, mais le lien avec la capture d’Al-Mauritani est plus que probable.Ce dernier est « un cadre important et membre de l’état-major d’Al-Qaïda, lié aux menaces récemment mises au jour visant l’Europe », a indiqué à l’AFP un responsable des services de renseignement occidentaux, sous couvert de l’anonymat.
Al-Mauritani avait été chargé « personnellement » par Ben Laden « de cibler les intérêts économiques des Etats-Unis, dont des gazoducs et des oléoducs, des centrales électriques mais aussi des pétroliers, à l’aide de bateaux rapides bourrés d’explosifs dans les eaux internationales », précisait lundi l’armée.
Cette prise a constitué un nouveau revers pour Al-Qaïda, après la mort de Ben Laden, tué le 2 mai à Abbottabad, à moins de deux heures de route au nord d’Islamabad, par un commando de soldats américains héliporté clandestinement.
L’arrestation d’Al-Mauritani constitue aussi un net réchauffement des relations entre Islamabad et Washington. La Maison-Blanche avait d’ailleurs aussitôt chaudement félicité les forces de sécurité pakistanaises.
Depuis le raid d’Abbottabad, les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, leur allié-clé dans leur « guerre contre le terrorisme » depuis fin 2001, s’étaient sérieusement dégradées, en particulier entre l’ISI et la CIA, qui avaient quasiment cessé de collaborer.
De hauts responsables à Washington accusaient Islamabad – et notamment l’ISI et l’armée – de complicité pour expliquer que Ben Laden ait pu se terrer plusieurs années dans une ville-garnison non loin de la capitale. Et Islamabad reprochait à Washington de ne pas l’avoir averti de ce raid héliporté nocturne, que l’armée pakistanaise et l’ISI ont vécu comme une humiliation et une brimade.
Les zones tribales du Nord-Ouest, mais aussi certaines dans le sud-ouest, sont le bastion des talibans pakistanais et le principal sanctuaire dans le monde d’Al-Qaïda.
A l’unisson de Ben Laden en personne, les talibans avaient décrété le jihad à Islamabad pendant l’été 2007 pour son soutien à Washington, et lancé leur campagne d’attentats
Par : RI/ Libération