Violences à gafsa (Tunisie), Des grèves paralysent trois régions

Violences à gafsa (Tunisie), Des grèves paralysent trois régions
violences-a-gafsa-tunisie-des-greves-paralysent-trois-regions.jpg

Les manifestants incendient le siège d’Ennahda du gouvernorat de Gafsa

Des centaines de manifestants s’en sont pris au siège du parti qui dirige le gouvernement tunisien après avoir tenté dans un premier temps de forcer l’entrée du siège du bureau du gouverneur.



Des manifestants en colère ont incendié hier le siège du parti islamiste Ennahda à Gafsa, au centre de la Tunisie, au moment où un mouvement social paralyse trois régions du pays, sur fond de grogne social et de crise politique. Des centaines de manifestants s’en sont pris au siège du parti qui dirige le gouvernement tunisien après avoir tenté dans un premier temps de forcer l’entrée du siège du bureau du gouverneur et d’être dispersés par la police. Les protestataires ont sorti des dossiers ainsi que des meubles et les ont brûlés dans la rue avant de mettre le feu aux locaux eux-mêmes. La police était pour sa part absente des lieux. La foule a par ailleurs empêché les pompiers d’accéder au site.

«Le peuple veut la chute du régime», «le peuple de Gafsa est un peuple libre», scandaient notamment les manifestants. Comme deux autres régions tunisiennes, Gafsa était paralysée hier par une grève générale pour dénoncer la pauvreté et les disparités régionales, des facteurs clés de la révolution de 2011 mais qui continuent de nourrir la colère en Tunisie dont l’économie anémique n’a pas permis ni de résorber le chômage ni d’investir dans le développement des régions les plus pauvres. Lors de précédents mouvements de contestation cette année, de nombreux sièges régionaux d’Ennahda ont été pris pour cible à travers le pays, notamment à Gafsa. Cette région est stratégique pour la Tunisie en raison de ses mines de phosphates mais reste parmi les plus pauvres du pays. Elle avait aussi été le théâtre en 2008 d’une insurrection nourrie par la pauvreté et réprimée dans le sang par le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali. Depuis la révolution, la production minière y est à 30% de ses capacités en raison des nombreux mouvements sociaux et malgré l’embauche de milliers de personnes depuis deux ans pour tenter de juguler la grogne. Mais le catalyseur de la grève d’hier a été la décision du gouvernement de ne pas les inclure dans la liste des gouvernorats où des facultés de médecine et centre hospitaliers universitaires (CHU) seront bâtis dans les années à venir. Dans la région de Gabès (est), l’écrasante majorité des administrations et des commerces étaient aussi fermés en raison d’une grève décrétée par le puissant syndicat Ugtt pour la même raison qu’à Gafsa. Une très importante manifestation y avait lieu en début d’après-midi mais aucun heurt n’y a été signalé. Pour l’Ugtt, les arbitrages en matière de CHU illustrent les disparités de traitement entre les différentes régions du pays. Par ailleurs, une troisième région, Siliana, était paralysée par un débrayage hier pour marquer le premier anniversaire de la violente répression d’un mouvement social qui avait fait 300 blessés, notamment par des tirs de chevrotine. Des manifestants, réunis devant le siège du gouverneur, ont jeté des pierres sur les policiers, mais ceux-ci n’ont pas répliqué, selon l’AFP. En début d’après-midi, plusieurs milliers d’habitants participaient encore à un défilé de protestation. «Les personnes blessées par la chevrotine ont été les victimes du gouvernement et celui-ci fait traîner les choses», a expliqué le secrétaire général adjoint de l’union régionale de l’Ugtt, Ahmed Chefaï. «Le gouvernement n’a pas tenu ses engagements contenus dans la convention de décembre 2012 et qui prévoit que l’Etat s’occupera des soins des blessés et de leurs besoins matériels et physiques», a-t-il souligné. Enfin, quelque 11.000 agents tunisiens de la recette des finances étaient aussi en grève hier à travers la Tunisie pour dénoncer la non-application selon leur syndicat d’un accord sur le versement d’une indemnité en complément des salaires.