Convaincu de l’importance de la vie dans la cité, donc de la nécessité de son organisation, un groupe d’experts et juristes algériens agissant sous l’égide du Conseil national économique et social (Cnes), a proposé un projet de création de comités de quartier.
Une correspondance expliquant les modalités de la mise en place de ces structures, leur fonctionnement et leurs missions a été a été adressée au Premier ministre. Il est également recherché, à travers cette initiative, « l’instauration d’une éducation à la culture de la paix », explique le document. « Les jeunes d’aujourd’hui s’identifient à leur « houma » (quartier).
C’est sur ce territoire qu’ils adoptent un langage commun et un comportement bien défini. Ils n’hésitent pas à protéger un certain nombre d’éléments qu’ils jugent importants et ne sont pas indifférents en cas de menace. C’est pour cela qu’il est important de concevoir une nouvelle organisation de la ville et de la citoyenneté à partir de son élément de base, à savoir le quartier, la houma.
Nous pensons que la mise en place de comités de quartier pourra révolutionner la gestion locale et aura un impact certain sur l’implication du citoyen dans les différents projets initiés par les pouvoirs publics », nous explique Dris Allouache, juriste, un des initiateurs de ce projet. Les initiateurs estiment que ce projet peut « être utilisé comme moyen pour inculquer l’éducation à la culture de la paix ».
« Ce projet d’envergure aspire à développer les capacités nationales pour la prévention de conflit, le parachèvement du processus de réconciliation et la consolidation de la paix sociale à travers l’éducation et la formation des jeunes », explique M. Allouache. Cela peut aussi « faire de l’Algérie un pays pilote en matière d’éducation à la culture de la paix au niveau africain », en se basant sur l’idéologie dominante, à savoir les droits de l’Homme, le droit humanitaire international et, surtout, l’expérience algérienne en matière de réconciliation nationale.
« L’expérience algérienne n’est pas négligeable, vu que nous sommes un pays qui a connu différentes formes de violence depuis le colonialisme, jusqu’à la décennie noire. Il y a eu donc production de violence à travers l’Histoire, et la société traverse ces étapes et en sort avec toutes les séquelles que cela peut engendrer. Il est donc temps de réapprendre la culture de la paix, notamment aux jeunes générations n’ayant pas de notions profondes sur le sujet.
Nos jeunes veulent vivre et aspirent à un avenir meilleur, mais ils se manifestent encore par la violence, vu qu’ils ne sont pas imprégnés des vraies valeurs de la paix », précise-t-il, avant d’affirmer qu’« il ne peut pas y avoir une bonne gouvernance et une sécurité régionale sans culture de la paix ». Les comités de quartier sont « le premier palier de la dynamisation de la société civile.
C’est une instance d’intégration et un espace privilégié de renouveau démocratique ainsi qu’un acteur dans les zones urbaines touchées par l’exclusion et la violence », de l’avis du groupe d’experts. Composé d’habitants, d’associations, d’acteurs socio-économiques et des services publics, il est ainsi « une instance consultative ayant pour rôle la récolte des avis, des propositions et des initiatives sur les aspects qui intéressent la vie des quartiers et l’intérêt de la ville. Il est associé à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des actions intéressant le quartier ».
Les juristes proposent que le comité soit régi par une charte de fonctionnement et ses représentants élus par commune, par wilaya et, enfin, au niveau national. Le conseil général des comités de quartier est l’instance suprême qui se charge de la coordination des actions pour une plus grande efficacité. Le projet en question fait suite à la participation de la délégation algérienne, sous l’égide du Cnes, au forum mondial économique et social, qui s’est tenu à Tunis, et où elle a réussi le pari de réussir à élaborer la charte du réseau mondial de la culture de paix, adopté par tous les pays ayant pris part à ce rendez-vous.
Nouria Bourihane